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Message Publié : 25 Mars 2022 16:12 
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Salluste
Salluste

Inscription : 07 Jan 2014 19:14
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Que sont devenues les unités de la garde personnelle du cardinal après sa mort? Ont-elles été licenciées ou sont-elles devenues les gardes d'un autre grand personnages, voire de Mazarin, ou intégrées à la maison militaire du roi? Reversées dans l'armée ordinaire? La question n'est jamais abordée et dans les ouvrages sur Richelieu, tout semble se passer comme si ces unités (et il y en avait) s'évaporaient comme des mirages dès sa mort.


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Message Publié : 27 Mars 2022 16:20 
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Polybe
Polybe

Inscription : 01 Mars 2013 11:49
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Bonjour,

Sans doute pas un évènement très important politiquement, même si les gardes du cardinal ont été rendues célèbres par Alexandre Dumas ce ne semble pas avoir été un enjeu politique majeur.
Les compagnies mousquetaires qu'elles soient du Roi ou du Cardinal sont issues de la noblesse de cour, les mousquetaires meurent plus souvent en montant à la tranchée que dans des duels. (cf. le journal historique des deux compagnies des Mousquetaires du Roi par Simon Lamoral Le Pipre de Neuville.)

Quand Mazarin à succédé à Richelieu par exemple le régiment d’infanterie Des Vaisseaux entretenu par Richelieu est devenu Vaisseaux Mazarin. Puis à la mort de ce dernier il est devenu régiment royal sous le nom de Des Vaisseaux Provence et enfin Royal des Vaisseaux un peu plus tard.

A propos des compagnies des mousquetaires de la Garde:

Louis XIII institua sur la fin de 1622 la première compagnie, au nombre de 150 Mousquetaires, pour le suivre par-tout, même à la chasse. Ils s’appelaient alors les Grands - Mousquetaires, et étaient choisis entre la jeune Noblesse. M. de Montalet en fut le premier Capitaine en chef, en 1622. En 1634 le Roi s'en déclara Capitaine, et donna pour capitaine - lieutenant à cette compagnie , M. le Comte de Troisville, qui en était lieutenant,et nomma un sous-lieutenant et un cornette.
M. de Troisville, ayant refusé de se démettre de sa charge en faveur de Philippe Mazarin-Mancini, Duc de Nevers, neveu du Cardinal Mazarin, la compagnie fut licenciée en 1646, et ne fut rétablie que le 10 Janvier 1657.

[ Cela peut sembler étrange pour une Garde du roi, mais à cette époque ce sont encore des compagnies propriétés des gentilshommes comme un bien, un domaine. Ainsi à cette époque les charges que possèdent les Gendarmes de la Garde sont cessibles alors qu'elles ne le sont pas pour les Chevaux légers de la Garde qui leurs sont attachées].

En 1660, ce Cardinal donna au Roi la Compagnie qu'il avait pour la garde ordinaire, et le Roi en fit une seconde compagnie de Mousquetaires [appelée les Petits Mousquetaires] , qui était pour lors à pied. Ce Prince la mit à cheval en 1663 , s'en fit Capitaine en 1665, et l'égala en tout à la première; avec cette seule différence que la première a la préséance sur la seconde , et que les officiers de la première commandent les Officiers de la seconde à grade égal. Il fut aussi ordonné alors que la première compagnie aurait des chevaux blancs ou gris, et la seconde des chevaux noirs.

JL


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Message Publié : 27 Mars 2022 18:19 
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Salluste
Salluste

Inscription : 07 Jan 2014 19:14
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Je vous remercie. Donc, si je vous comprends bien, ces unités se sont survécu en passant au service de Mazarin puis du roi, en l'occurrence Louis XIV?


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Message Publié : 27 Mars 2022 21:11 
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Polybe
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Inscription : 01 Mars 2013 11:49
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Bonsoir,
C'est tout a fait celà. A part les régiments des princes ayant participé à la Fronde (où leurs régiments cassés ont définitivement perdu leur ancienneté même après leur réintégration, ce qui pour l'époque n'était pas un des moindres privilèges de préséance des régiments entre eux) ou certaines insubordinations, comme celle de Monsieur de Troisville (Tréville). Il y a toujours eu une certaine continuité, non sans contestations, dans la hiérarchie des corps de troupes. Donc on ne se débarrasse pas d'un corps ayant appartenu a Richelieu ou un autre gentilhomme comme cela. Si on le faisait on briserait un lien, le respect de la hiérarchie si chèrement acquise par tous les officiers de ce corps.

Le rang et l’ordre de préséance des régiments de l’armée française de l’Ancien Régime sont déterminés par leur ancienneté de création. La chose ainsi énoncée paraît simple, mais dans la réalité l’ancienneté était une question complexe à résoudre. Au cours des règnes de Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, de très nombreux corps d’infanterie, de cavalerie ... avaient été sans cesse : levés, réformés ou licenciés, puis rétablis ou encore réduits à une compagnie, rendant très difficile de déterminer l’ancienneté exacte des corps.
Les colonels propriétaires ou colonels-lieutenants étaient très sourcilleux sur ce point. Il ne s’agissait pas d’une simple querelle de Cour, les contentieux prenaient corps sur les champs de bataille ou durant les sièges, créant de véritables insubordinations (pour un regard moderne). Et les exemples sont très nombreux, où l’on doit séparer des régiments qui refusent de se céder la préséance d’une montée à la tranchée ou d’une position dans la ligne d’infanterie. Ce qui oblige par exemple sous Louis XIV à ne pas assembler dans un même corps d’armée La Marine avec celui de Rambures ou ceux de Picardie et de Piémont.
Afin de régler ces querelles, en décembre 1653, Louis XIV demande que lui soient adressées toutes les pièces justificatives étayant les prétentions de chacun des régiments. Puis il fait paraître le 1er avril 1654, une ordonnance qui règle le définitivement le rang et le roulement des régiments entre eux. Certaines prétentions n’en seront pas pour autant éteintes. En1684, débute la brève guerre des Réunions, Louis XIV qui a besoin de troupes réunis les compagnies de garnison et transforme 26 d’entre elles en de nouveaux régiments. Mais, afin de ne plus avoir de querelle d’ancienneté, il échelonne la signature de leurs ordonnances de création chaque jour du mois de septembre, du 1er au 26 septembre 1684. Ainsi c’est le régiment de Flandre qui est officiellement créé le 1er septembre jusqu’au régiment de Luxembourg le 26 du même mois.
Mais tout n'est pas réglé pour autant, ainsi Champagne roule avec les régiments de Navarre et Piémont, c’est-à-dire que ces trois régiments ayant été créés à partir des anciennes bandes armées à la même date, ils ont alternativement la préséance. Les contestations hiérarchiques entre ces trois régiments basées sur l’ancienneté commencent dès cette période. Ces régiments ont des historiques qui remontent bien avant 1558, mais c’est à cette date que leur constitution fut stable. Louis XIV en 1620, par une ordonnance règle un tour de préséance semestriel entre les régiments, mais un semestre s’avère trop bref, en particulier lors d’une campagne, aussi devient-il annuel par une autre ordonnance de 1666. Ce conflit sur la préséance va perdurer jusqu’en 1777. Les trois autres régiments qui suivent  : Auvergne, La Tour du Pin et Bourbonnais sont dans le même cas, ils sont à la suite des trois précédents mais roulent ensemble. Las des querelles engendrées par ce problème, Louis XVI rassemble le 19 février 1777 les colonels de ces six régiments. « Sa Majesté fait tirer elle même dans son chapeau, les colonels, chacun suivant l’ancienneté de son rang de colonel, à commencer par les trois premiers régiments. Le nom qui est sorti le premier est celui du régiment de Piémont ; le second s’est trouvé être celui de Navarre ; et le troisième est celui de Champagne. Des trois autres régiments, celui de Bourbonnais est le premier, celui de Béarn est le second ; et le régiment d’Auvergne le troisième. » Le nouvel ordre, tiré du chapeau du roi finit de clore plus de 100 ans de contestations.
Et les anecdotes sont encore nombreuses.
JL


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Message Publié : 28 Mars 2022 19:58 
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Polybe
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Inscription : 16 Mars 2020 14:53
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Excusez ma question de pur novice, mais que signifie exactement "monter à la tranchée" pour des combattants de cette époque ?

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"Le critère de la scientificité d’une théorie réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester." Karl Popper


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Message Publié : 28 Mars 2022 22:39 
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Pierre de L'Estoile
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Bequelune a écrit :
Excusez ma question de pur novice, mais que signifie exactement "monter à la tranchée" pour des combattants de cette époque ?
En toute logique, c'est un terme de guerre de siège, la fonction première des mousquetaires qui sont à l'origine une infanterie d'élite.
La tactique de Vauban est d'attaquer les villes fortifiées par le creusement de tranchées parallèles reliées par des voies de communication en zig-zag et protégées par des redoutes.
Image
"Montée à la tranchée" consiste donc à rejoindre une tranchée, dans le cadre d'un roulement des unités, pour y repousser les assauts ennemis, défendre les pièces d'artillerie installées dans des ouvrages appelés "cavaliers", mener des attaques contre des bastions avancés, et en cas d'apparition d'une brèche dans les remparts, être le premier à pénétrer dans la ville.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 29 Mars 2022 9:49 
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Polybe
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Inscription : 01 Mars 2013 11:49
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Bonjour,

C'est tout à fait cela, les guerres de Louis XIV sont pour une très grande part une guerre de siège. Il faut considérer à la fois les travaux de préparation de l'attaque et l'attaque elle même, c'est la poliorcétique.
Une grande partie de la main-d’œuvre mobilisée pour les travaux souvent colossaux des sièges est fournie par les soldats des compagnies de fusiliers, aidés des populations locales réquisitionnées. Pour ce service particulier, on forme des unités provisoires appelées : le piquet de tranchée et les compagnies de tranchée.
Et plus l'on s'approche des fortifications et défenses ennemies plus cela devient particulièrement meurtrier pour les assaillants.

Voici ce qu’écrit le duc de Luynes dans ses mémoires en mai 1747 : « Le siège de Hulst paroit tirer en longueur ; la place est forte et la garnison nombreuse ; nous y avons déjà perdu assez considérablement pour la durée du siège. Il y a quatre jours que quatre piquets d’infanterie périrent presque entièrement par l’effet de quelques-uns de nos barils de poudre qui sautèrent dans la tranchée ; il y eut deux de ces piquets dont il n’est pas revenu un seul homme. » Et Vauban écrivait "..la précipitation dans les sièges ne hâte point la prise des places, la recule souvent et ensanglante la scène."


Le piquet de tranchée est un piquet particulier qui doit assurer la sécurité de la tranchée durant un siège, les compagnies de tranchée en constituant la main-d’œuvre. Avant de partir pour la tranchée, on fait mettre le régiment en bataille à la tête du camp, les grenadiers à droite et la compagnie de piquet à la gauche, le reste du bataillon se met en bataille par piquets de tranchée. C’est-à-dire qu’au lieu de laisser tous les soldats d’une même compagnie ensemble, on les mélange à raison de trois hommes par compagnie et l’on divise le bataillon en compagnies de 48 hommes chacune environ. Ce sont elles qui à tour de rôle montent travailler au terrassement de la tranchée, à l’installation des gabions, des plateformes de batterie pour l’artillerie… Au fur et à mesure des relèves, les détachements se trouvent tout fait, sans perdre de temps à les tirer de chaque compagnie. Lorsqu’il y a des sorties de l’ennemi ou des tirs sur ceux qui travaillent à la tranchée, les pertes ne touchent pas une seule compagnie, mais sont réparties sur tout le bataillon. Pour ce travail très exposé, les soldats sont indemnisés en plus de leur maigre solde.

Une fois une brèche faite par les tirs de l'artillerie de siège et surtout l'explosion de mines sous les fondations d'un bastion ou d'une courtine qu'a permis le creusement de toute ces lignes de tranchées en zig-zag jusqu'au plus près des fortifications, c'est la montée à la tranchée par des vagues d'assauts où les mousquetaires revendiquent d'être en tête d’où le lourd tribut humain qu'ils payent.
JL


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Message Publié : 03 Avr 2022 19:12 
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Polybe
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Inscription : 16 Mars 2020 14:53
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Localisation : 17, France
Merci beaucoup pour vos réponses, c'est très intéressant !

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