Jean Calas était un protestant de Toulouse dont le fils s'était suicidé. Comme à l'époque, les suicidés étaient passibles de condamnation après leur mort (notamment de voir traîner leur cadavre à travers toute la ville), Jean Calas essaya de maquiller le suicide de son fils en accident pour éviter cette infamie. Mal lui en pris, car il fut accusé d'avoir maquillé l'assassinat de son fils. La justice trouva également un mobile au crime : le fils aurait voulu se convertir au catholicisme et Jean Calas l'aurait assassiné pour l'en empêcher. Jean Calas fut condamné à mort par le Parlement et roué. Sa famille, avec l'aide de Voltaire notamment, parvint à le faire réhabiliter.
Le chevalier de la Barre fut accusé de sacrilège et condamné à être brûlé vif. En appel devant le Parlement de Paris, il obtint d'avoir la tête tranchée avant d'être brûlé
On l'accusait d'avoir mutilé un crucifix. L'indice principal pour établir sa culpabilité était qu'il ne s'était pas découvert au passage d'une procession. Voltaire essaya en vain d'obtenir sa réhabilitation.
Roy-Henry a écrit :
C'est vrai, mais n'était-ce pas normal ?
Pas sûr. Le Parlement de Paris est en grande partie à l'origine de l'arrêt de la chasse aux sorcières en France dans la seconde moitié du 17e siècle (voir la thèse de Robert Mandrou,
Magistrats et sorciers...). Dans la même logique, il aurait donc pu porter un jugement plus clairvoyant dans l'affaire du chevalier de la Barre.
Roy-Henry a écrit :
L'Ancien Régime n'était-il pas le règne de l'obscurantisme, de l'ignorance, de la superstition et de l'arbitraire ?
C'est une vision historiographique d'un autre âge. Plus aucun historien qui étudie l'Ancien Régime ne raisonne avec de tels clichés.
Roy-Henry a écrit :
D'où la nécessité des Lumières...
Les historiens des Lumières ne raisonnent plus non plus en ces termes.
Roy-Henry a écrit :
La République ne devait-elle pas incarner -au contraire- la clarté, le savoir, la raison et l'égalité dans la même légalité pour tous ?
C'était notamment la croyance de Condorcet, le dernier grand philosophe des Lumières encore vivant au début de la Révolution. Pas pour très longtemps cependant puisqu'il mourut en prison en 1794.
Roy-Henry a écrit :
Il semble que ça n'ait pas été le cas...
Diverses études ont abordé la question de la persistance de l'Ancien Régime au delà de la Révolution. C'est un vaste sujet qui est sûrement loin d'être épuisé.
Roy-Henry a écrit :
Et comme je suis un mauvais sujet, j'ajouterai qu'il sembme que ce ne soit toujours pas le cas!
Je serai plus affirmatif : ce n'est toujours pas le cas et des événements récents ont plutôt provoqué une sérieuse régression dans ce domaine dans différents pays.
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"La censure ne pourra jamais être rétablie." (Article 7 de la charte constitutionnelle du 14 août 1830)