Mécène a écrit :
Dans le tableau de Charles Thévenin ci-dessus, nous pouvons voir le général Augereau lors de la bataille d'Arcole suivi d'un jeune garçon portant un tambour. Il semblerait qu'il s'appelle Estienne ou Etienne.
On trouve en effet souvent le nom d’Estienne associé au jeune tambour peint par Thévenin.
Pourtant, l’identité de cet enfant me parait bien loin d’être démontrée.
Quand, la Décade philosophique, littéraire et politique commenta le tableau de Thévenin quand ce dernier fut présenté au salon de 1798, le tambour resta anonyme :
« Salut aux civiques pinceaux! Lieu sacré, pont d'Arcole, compagnon de Bonaparte, Héros, Armée d'Italie, que vos souvenirs sont éloquents !
Augereau appelé brave par les braves eux-mêmes, s'avance à pied à la tête d'une colonne, il a défié le feu croisé de trois batteries : un guerrier tombe à ses côtés. Un drapeau dans les mains, le Général s'élance le premier sur le pont, et trace aux Grenadiers français le chemin de la victoire. C'est bien lui : c'est sa brillante audace ; il ressemble au Roland de l'Arioste, au Diomède d'Homère, à l'Argant du Tasse.
Un épisode sentimental se mêle à cette scène terrible. Un jeune tambour, un enfant, tremble pour les jours du Général ; il s'efforce de le retenir, et s'attacha aux pans de son habit. »
L’âge, comme déjà dit, ne correspond pas (quoiqu’il aurait pu s’agir d’une liberté prise par l’artiste), mais surtout, Estienne ne fut pas honoré pour sa participation à la tentative héroïque d’Augereau au pont d’Arcole, le 15 novembre, mais pour avoir accompagné la poignée de braves ayant franchi l’Alpone, non le 15 mais 16 novembre, non sur le pont mais à la nage, non à Arcole mais à un peu plus au sud, à proximité de la confluence avec l’Adige.
On peut à ce sujet se référer à l’état nominatif relatif aux récompenses accordées aux soldats s’étant distingués lors de la campagne d’Italie, établi en novembre 1796 :
« Etienne (André), tambour, âgé de quinze ans (sic) : Pour avoir passé un des premiers le canal, à la bataille d’Arcole, et avoir battu la charge de l’autre côté. »
Aux baguettes d’honneurs décernées le 8 septembre 1802 :
« Bonaparte, premier Consul de la République, d'après le compte qui lui a été fait de la conduite distinguée et de la bravoure éclatante du citoyen Etienne, tambour des chasseurs à pied de la garde des Consuls à l’affaire d'Arcole où il passa le canal à la nage sous le feu de l’ennemi, battit la charge et donna à ses camarades l’exemple de l’intrépidité, lui décerne à titre de récompense nationale, des baguettes d'honneur. »
Aux états de service d’Estienne établis le 6 octobre 1816 :
« A obtenu des baguettes d’honneur pour l’intrépidité qu’il montra à l’affaire d’Arcole où il passa le canal à la nage sous le feu de l’ennemi, en battant la charge. »