CNE_EMB a écrit :
Ce qui est sûr, c'est qu'il ne fait aucun doute pour aucun des contemporains qu'il s'agit d'un cavalier d'exception et d'un sabreur de tout premier ordre, doté d'un grand courage physique.
Sa capacité à commander autre chose qu'une charge de cavalerie (c'est-à-dire un escadron...) et à gouverner un Etat me semble effectivement bien plus sujette à caution...
Je suis certain que Cyril va nous régaler de quelques citations particulièrement éclairantes sur ce compagnon de l'Empereur !
CNE EMB
A votre service.
Quelques réflexions et coups de griffes impériaux à l'heure de l'exil hélènien :
1-Trahison, ruine et ingratitude :
O’Meara (ici, c’est vrai, bien plus nuancé) : « Murat m’a deux fois trahi et ruiné. […]
Murat m’a fait plus de mal qu’aucun autre homme au monde. […]
Comme un fou, il attaqua les autrichiens avec sa canaille, et me ruina. […]
Il n’a jamais songé que sa défection de la première heure me serait si funeste ; sinon il ne se serait pas joint aux alliés.
On ne le plaindra pas : c’était un traître.
Il ne sera plaint par personne, quoique pourtant il fût loin d’être coupable de la double trahison qu’on lui impute. »
-Gourgaud : « Je puis bien assurer que c’est lui qui est la cause que nous sommes ici ! […]
Il avait intrigué avec Fouché avant mon second mariage. Je suis sûr qu’à Leipzig il me trahissait déjà. »
-Las Cases : « Il était dans la destinée de Murat de nous faire du mal. Il nous avait perdus en nous abandonnant, et il nous perdit en prenant trop chaudement notre parti. […]
J’ai été trahi par Murat, que de soldat j’avais fait roi, qui était l’époux de ma sœur. […]
Il est une des grandes causes que nous sommes ici. […]
[En 1815], il se perdit et contribua à nous perdre une seconde fois. »
-Bertrand : « Sans Murat, je ne serais pas ici. […]
La conduite de Murat à mon égard a été infâme. Il ne sait pas lui-même jusqu’à quel point il m’a fait du tort.
Dans la campagne de Russie, voyant [Cataneo, écuyer de Murat] démonté, je dis à Caulaincourt de lui donner un cheval. Il n’osa pas me remercier. Par là, je pouvais juger des sentiments personnels de Murat : sa haine et sa jalousie folle contre moi. […]
C’est, je crois, un mauvais homme : il s’est conduit de manière à le prouver, lorsque je réfléchis avec quelle bassesse il me flattait et m’a ensuite trahi. […]
Ce qui m’a porté le dernier coup, c’est d’avoir fait Murat roi de Naples. »
-Montholon : « [A propos du séquestre des dotations de Mme Walewska], c’était être ingrat envers moi pour bien peu de choses. […]
2-Murat à Waterloo :
O’Meara : « Il s’en est fallu de bien peu, je vous assure, que je ne gagnasse la bataille. Enfoncer deux ou trois bataillons, et, selon toutes les probabilités, Murat y serait parvenu. »
-Las Cases : « Il nous eût valu peut-être la victoire, car que nous fallait-il dans certains moments de la journée ? enfoncer trois ou quatre carrés anglais ; or Murat était admirable pour une telle besogne ; il était précisément l’homme de la chose. »
-Bertrand : « Ce dernier trait de lâcheté [non remise de pension à Mme Walewska] m’indigna tellement qu’il combla la mesure dans mon esprit et m’empêcha probablement d’appeler Murat à Waterloo, où il eût commandé la cavalerie. Qui sait, s’il l’eût commandée, ce qui serait arrivé et l’influence que cela pouvait avoir sur mes affaires ! […]
Si Murat eût été là, peut-être la cavalerie, conduite autrement, eût-elle décidé de la victoire. »
-Montholon : « Si j’avais eu Murat, j’aurais gagné la bataille. »
3-Cavalier d’exception et bravoure au combat :
O’Meara : « Murat était le meilleur officier de cavalerie du monde. […] Il n’y avait pas, je crois, deux officiers au monde tels que Murat pour la cavalerie, et Drouot pour l’artillerie. […]
Il n’était brave que devant l’ennemi ; là il était probablement l’homme le plus brave du monde. […]
Les Cosaques mêmes l’admiraient à cause de sa bravoure extraordinaire. […]
C’était un paladin, un vrai don Quichotte sur le champ de bataille. […]
Murat et Ney étaient les hommes les plus braves que j’aie jamais vus. »
-Gourgaud : « Murat [était] incomparable sur un champ de bataille. […]
Murat, lui aussi, était bien brave. »
-Las Cases : « Il était impossible à Murat et à Ney de n’être pas braves. […]
Jamais à la tête de l’armée d’une cavalerie on ne vit quelqu’un de plus déterminé, de plus brave, d’aussi brillant. […]
Murat avait un très grand courage. […] Il était difficile, impossible même, d’être plus brave que Murat et Lannes. […]
Le roi de Naples était vraiment sublime au feu, le meilleur officier de cavalerie au monde. Au combat c’était un “césar” »
-Bertrand : « Murat, Lannes et Ney étaient les trois plus braves de l’armée. »
4-Incapacités :
O’Meara : « Je l’élevai là où il était. […] Sans moi il n’était rien. […]
Laissé à lui-même, c’était un imbécile sans jugement. Je ne peux concevoir comment un homme si brave put être si lâche. […]
Au cabinet c’était un homme sans jugement ni décision. […]
Il était comme un homme qui regarde avec étonnement les décors changeants de l’opéra, sans jamais penser aux machines par derrière, qui actionne tout. […]
Cet imbécile de Murat me perdit environ douze ou treize cents hommes par le sot débarquement qu’il fit en Sicile. […]
[Caroline était] douée de beaucoup plus de fermeté et de talent que son mari pour le cabinet. »
-Gourgaud : « [Murat] n’a commis que des bêtises. […] »
Murat s’entendait mieux que Ney à conduire une campagne, et encore, c’était un bien pauvre général. Il faisait toujours la guerre sans carte. […]
Combien de fautes Murat n’a-t-il pas commises pour pouvoir établir son quartier général dans un château où il eût des femmes ! »
-Las Cases : « On n’avait pas moins de tête que [Ney et Murat], [Murat] surtout. […]
Oudinot, Murat, Ney n’avaient que de la bravoure personnelle. […]
Murat, mon ouvrage, le mari de ma sœur, celui qui me doit tout, qui n’eût été rien, qui n’existe, qui n’est connu que par moi. […]
Murat avait fort peu d’esprit. […] Murat n’était demeuré que brave. […]
Au combat c’était un “césar”, mais, hors de là, presqu’une femme »
-Bertrand : « Murat était sans esprit, quoiqu’il eût quelque instruction. […]
Murat étant grand amiral voulait influer sur la marine. Il ne comprenait pas que je ne voulais pas faire de cela qu’un titre. »
5-« Folie » :
O’Meara : « Il avait attaqué les troupes de l’Empereur [d’Autriche, en 1815] comme un imbécile, sans raison ; et comme un fou, il s’était engagé sans jugement dans une expédition sans plan et si mal combinée qu’il ne put jamais rassembler même sa propre garde. […]
Murat a entrepris une expédition da coglione al fondo, en voulant envahir Naples avec deux cents Corses alors que ce royaume était occupé par vingt mille Autrichiens ; et il a fini sa vie comme un fou. »
-Gourgaud : « [A propos du débarquement de 1815], Sa Majesté […] me dit qu’il faut que Murat ait été fou. […] On ne peut concevoir cette bêtise de Joachim de descendre en Calabre avec trente Corses ! […] Il a fait la plus grande folie que l’on puisse commettre. […]
La tête lui a tourné. Il était très ambitieux. […]
C’est une pauvre tête, qui se forge des chimères et se croit un grand homme ! »
-Las Cases : [Le succès de son débarquement de 1815] était purement chimérique au moment où et de la manière dont il l’a entrepris. »
-Marchand : « Descendre en Calabre avec cinquante hommes était l’action d’un fou »