Nebuchadnezar a écrit :
L'indifférence à l'opinion publique peut être vue comme la prémisse de la liberté de la presse.
Je ne vois pas cette indifférence comme un prémisse de la liberté de la presse. C'est plutôt le fruit d'une éducation. Choix fait du silence continuera sous Louis XVI. Comment faire autrement ?
Sévir ? Aussitôt l'opinion publique aurait décelé la caution d'une vérité quant à ce qui était écrit. Il semblait plus judicieux de ne pas donner suite (le fameux «
never explain, never complain » encore efficace de nos jours).
Se serait ajouté une sorte d'interrogation à Versailles : depuis quand le roi s'inquiète-t-il des libelles parisiennes ? A ce jeu, la noblesse versaillaise se devait d'être la seule à initier les médisances/calomnies, à en faire bénéficier certains libellistes parisiens, à en peupler les conversations de salons, partis, clans etc.
Le roi n'a aucun réseau de communication. Ceci plus un devoir de réserve le condamne à subir. Avec Louis XV, on était dans les mots de la Pompadour : "...
après nous le déluge..." ; sous Louis XVI, le déluge est présent et le souverain aurait-il été Noé que personne n'aurait souhaité entrer dans l'Arche semble-t-il.
Lorsqu'il souhaitera mettre à plat « l'affaire du collier », la conclusion est parlante ; le roi, ignorant des des accointances de la Maison Rohan -ou ayant une trop grande confiance en la justice donc autant ignorant de qui la faisait- sera balayé par la conclusion. Conclusion que l'
opinion publique optimisera.
Louis XVI n'en tirera aucune conclusion sur les collusions possibles de "
sa noblesse" et une défection à prévoir en cas de coup dur. Il garde un sentiment très
paternel vis à vis de tout son petit monde et la vision qui accompagne.
C'est aussi avec ce
poids de l'opinion que je ne crois pas à une possible
monarchie constitutionnelle. La maison Bourbon ne plaisait plus. Cette évidence apparaît après Varennes mais n'eût été Varennes, ç'aurait été autre chose ; ce fut un soudain désamour et l'homme devenait
problématique, la constitution mal pensée en amont lui laissait des pouvoirs qui ne pouvaient qu'exciter politiquement les oppositions.
Louis XVI ne pouvait envisager cette option, ne serait-ce que politiquement: ceci aurait eu des répercussions sur tous les royaumes Bourbon (Espagne, Deux-Siciles). Les futures relations avec ces royaumes auraient été problématiques et humiliants pour la France et son représentant.
Les Orléans auraient sans doute accepté la place mais que faire des quatre précédents (Louis XVI, son fils Charles -de grandes chances que le père ait enterré le fils mais tout de même restent deux frères : Artois et Provence) ? Exilés, on ne peut l'envisager : autant de problèmes à venir. C'était aller à un chaos autre mais pas forcément plus constructif.
La «
monarchie constitutionnelle » anglaise est autre. Les représentants sont issus du continent et simplement ducs (Brunswick-Lunebourg). Le titre d'Electeur arrivera après -il me semble- que le choix de George Ier comme successeur d'Anne Ière Stuart ait été fait.
En France, un roi, souverain absolu, devrait se retrouver amputé de certains pouvoirs et contenu par une charte.
Outre-Manche, la volonté de limiter un peu Charles Ier a eu la fin que l'on connait.
Je songe à un intervenant qui évoque -chez Louis XVI- une sorte d'étrange soulagement (c'est ainsi que je l'ai compris) quant au dénouement des événements. Je vais assez dans ce sens. Vézère l'a bien noté, l'aventure de Varennes avait tout pour ne pas aboutir. Se pose la question : dans cette aventure quelle était la part de réel choix ou volonté du roi ? Quelle fut la part d'
abandon à des tiers pour la logistique pourtant essentielle ? Comment expliquer certains comportements (déjà ne pas diviser les membres de la famille royale) ?
J'ai lu -mais où et c'est très ancien- qu'au Temple, Louis XVI semblait presque serein, apaisé. Je n'en suis pas très étonnée, le fardeau de la royauté enlevé, l'homme se trouvait dans une position qui correspondait peut-être plus à sa réelle inclination.
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