Pierma a écrit :
C'est pourtant un des rares domaines où il a hérité d'une situation saine. Les parlementaires avaient passé les borne sous Louis XV, qui avait fini par les mettre au pas avec la réforme de Maupéou.
Mais je pense qu'il s'est fait "bourrer le mou" à Versailles, avec l'idée qu'on lui martelait : Cela ferait plaisir à son peuple, alors que les parlementaires ne défendaient pas le peuple. C'était l'image qu'ils avaient réussi à donner en se heurtant au pouvoir royal.
Je pense que c'est effectivement dans l'appréciation des rapports de force au sein de la société que réside sa perte.
En effet, rappelons-le, le caractère absolu de la monarchie vise avant tout la noblesse. Il s'agit d'affirmer que les pouvoirs du roi s'exercent sur l'ensemble du territoire, par-delà les anciennes féodalités. Contre cela, les nobles, démunis de leurs armées propres, pouvaient toujours exercer la menace de soulever le peuple via leurs réseaux de clientèle, comme cela s'était passé durant la Fronde.
Et c'est bien ce qui se passe en 1788, quand la royauté s'oppose à nouveau aux parlements. Ce qui n'est pas prévu, c'est que le tiers-Etat a suffisamment muri pour s'apercevoir qu'il n'a plus besoin des nobles : ils n'ont plus de rôle militaire, et les parlements ne servent qu'à rendre des jugements favorables à la volonté des nobles d'échapper à l'impôt.
De plus, n'oublions pas qu'avec la Réaction Nobiliaire, les nobles ont pris des mesures pour limiter les possibilités de promotion sociale des roturiers.
En tout, j'ai l'impression que jusqu'en 1789, Louis XVI reste bloqué sur la vieille opposition avec la noblesse - qui est tout de même la justification de Versailles. Mais avait-il les moyens de faire autrement ?
Pédro a écrit :
La monarchie absolue a vécu en terme de modèle idéologique du pouvoir, à ce moment là c'est au mieux anachronique.
En revanche, je trouve ce genre d'idée un peu téléologique et franco-centrée
Dans les autres pays, la monarchie absolue a de beaux jours devant elles, et va même profiter de la modernisation pour se consolider, en suivant l'idéologie que seule la concentration des pouvoirs au sommet peut faire bouger les anciens cadres.