Liber censualis a écrit :
A lire les auteurs que je cite depuis le début,"l'option" Louis XVIII semble vraiment n'avoir jamais été un projet pour les alliés. Juste une solution "faute de mieux" sortie du chapeau de Talleyrand.
C'est parce que vous partez du postulat de 1812-1814. La première coalition avait pour projet de rétablir en France un membre de la famille de Louis XVI ou Louis XVI lui-même en monarque absolu et non plus constitutionnel - j'ai cité plus haut la justification de ces points de documents écrits et signés par les austro-prussiens.
Encore une fois, c'est simplement parce que ces guerres se sont retournées contre eux, qu'ils sont dû faire avec l'expansionnisme napoléonien et l'Europe de Napoléon construite entre 1805 et 1812, minorant leur puissance, qu'ils ont quelque peu oublié ce point.
Quant à la citation de Lentz, encore une fois, je n'y ai rien à redire, je l'écrivais déjà plus haut.
Liber censualis a écrit :
le retour à la légitimité est un argument neuf développé par Talleyrand
Non, il est développé par les émigrés depuis 1791 - parfois 1789 - et par les coalisés dans la
Déclaration de Pillnitz et le
Manifeste de Brunswick.
Même si le contexte a radicalement changé en 1813-1814, ils n'ont pas oublié que la légitimité passait par un capétien sur le trône de France et certainement pas par un usurpateur ou le régime honni de la République. Talleyrand n'a pas inventé cela.
Sauf qu'ils ont hésité - sauf les Anglais -, c'est vrai souhaitant que les Français le leur proposent. C'est ce que le fin diplomate qu'était le prince de Bénévent avait parfaitement compris.
Liber censualis a écrit :
les royalistes ultras ont essayé, mais le roi s'y est opposé dans une certaine mesure. Mais les alliés ?Quel rôle ont-ils eu dans "l’étouffement supposé des idées révolutionnaires" ? Le tsar, autocrate chez lui était libéral pour les autres ! La Sainte Alliance, sous l'égide de Metternich a tenté de verrouiller la restauration monarchique en Europe, de même qu'elle a combattu toute velléité d'aspiration libérale ou nationale. En Europe ! mais pas en France ...
C'est là que vous vous trompez, le régime de la Restauration, même avec un Louis XVIII à sa tête, n'est pas un régime libéral, ni même démocratique. La censure règne dans la presse, les députés sont élus par les plus riches et puissants (même pas 10% du corps électoral précédent), le clergé contrôle à nouveau l'éducation et une grande partie de la société, certains émigrés sont "dédommagés" et, surtout, le principe de souveraineté est passé du peuple au monarque restauré, qui contrôle les trois pouvoirs : c'est une négation pleine et entière des fondements de la
Déclaration des Droit de l'Homme et du Citoyen.
Quant aux Ultras, on voit bien ce qui est arrivé à Decazes en 1820, totalement balayé par ces derniers et puis même avant, car ce serait oublier que la Chambre des députés de ce régime si "modéré" légalisa sans sourciller la "Terreur blanche".
Quant à la Sainte-Alliance, la France l'intègre en 1818 et va faire "régner l'ordre" monarchique en Espagne en 1823.
Alors, oui, deux fois oui, les idées révolutionnaires sont étouffées et en France et en Europe, c'est bien le triomphe de la réaction et d'une contre-révolution - même modérée.
Liber censualis a écrit :
La c'est l'opinion de quelqu'un qui connaît la fin !
Non, il était impossible que les Français se satisfassent longtemps d'un régime - même s'il a été libéral un moment - aux antipodes des principes de la Révolution. Tout observateur éclairé le savait - un Talleyrand ne s'y est pas trompé non plus.
Liber censualis a écrit :
Vous sous-entendez que le personnel politique ayant du composer aurait préféré garder l'empereur mais a été contraint par les alliés d'accepter son eviction ? Je n'en suis pas convaincu
C'est même une évidence. De quelle obédience politique étaient ces sénateurs, qui soutenaient encore Napoléon sans faille à l'hiver 1813-1814 ? Certainement pas des partisans de la restauration des Bourbons. Ils l'ont "lâché" parce qu'ils n'avaient pas le choix...
Liber censualis a écrit :
Et une monarchie républicaine en 1958...
Elle ne nie pas la souveraineté populaire.
Encore une fois, on ne peut comparer les volontés d'un De Gaulle et d'un Louis XVIII.