En tout cas, le discours du 8 thermidor ne concerne pas vraiment notre question, puisque Robespierre s'y justifie essentiellement face aux accusations de "tyrannie" proférées contre lui depuis plusieurs semaines et souhaite démasquer ses ennemis, les "ennemis de la République", voire les "factieux" et les "fripons".
Ainsi il ne semble pas remettre en cause le bien fondé de la guerre menée contre les coalisés :
Robespierre a écrit :
Ils m’appellent tyran… Si je l’étais, ils ramperaient à mes pieds, je les gorgerais d’or, je leur assurerais le droit de commettre tous les crimes, et ils seraient reconnaissants. Si je l’étais, les rois que nous avons vaincus, loin de me dénoncer (quel tendre intérêt ils prennent à notre liberté !) me prêteraient leur coupable appui ; je transigerais avec eux. Dans leur détresse, qu’attendent-ils, si ce n’est le secours d’une faction protégée par eux, qui leur vende la gloire et la liberté de notre pays ?
Il accuse plutôt ces "factieux" d'être en intelligence avec les monarchies coalisées et leur arrivée au pouvoir signifierait une fin de guerre au profit des coalisés, ce que Robespierre ne semble pas vouloir
Quant au passage allégrement coupé par l'auteur cité, je l'ai retrouvé :
Robespierre a écrit :
On vous parle beaucoup de vos victoires avec une légèreté académique qui ferait croire qu’elles n’ont coûté à nos héros ni sang ni travaux : racontées avec moins de pompe, elles paraîtraient plus grandes. Ce n’est ni par des phrases de rhéteur, ni même par des exploits guerriers, que nous subjuguerons l’Europe, mais par la sagesse de nos lois, par la majesté de nos délibérations, et par la grandeur de nos caractères. Qu’a-t-on fait pour tourner nos succès militaires au profit de nos principes, pour prévenir les dangers de la victoire, ou pour nous en assurer les fruits ? Surveillez la victoire ; surveillez la Belgique. Je vous avertis que votre décret contre les Anglais a été éternellement violé ; que l’Angleterre, tant maltraitée par nos discours, est ménagée par nos armes. Je vous avertis que les comédies philanthropiques jouées par Dumouriez dans la Belgique sont répétées aujourd’hui ; que l’on s’amuse à planter des arbres stériles de la liberté dans un sol ennemi, au lieu de cueillir les fruits de la victoire, et que les esclaves vaincus sont favorisés aux dépens de la République victorieuse. Nos ennemis se retirent, et nous laissent à nos divisions intestines. Songez à la fin de la campagne ; craignez les factions intérieures ; craignez les intrigues favorisées par l’éloignement dans une terre étrangère. On a semé la division parmi les généraux ; l’aristocratie militaire est protégée ; les généraux fidèles sont persécutés ; l’administration militaire s’enveloppe d’une autorité suspecte ; on a violé vos décrets pour secouer le joug d’une surveillance nécessaire. Ces vérités valent bien des épigrammes.
Il critique plutôt le manque d'ambition de la République dans ces territoires qui se retrouvent occupés, suite aux récentes victoires (dont Fleurus), et le risque, encore une fois, de voir apparaitre des "factions" hostiles à la République dans ces régions occupées, conséquence directe de victoires non pensées d'un point de vue politique. Ceci dit, il ne précise pas davantage "qui ?, où ? et comment ?". Le pourquoi seul est présent.
Plus loin :
Robespierre a écrit :
Les relations extérieures sont absolument négligées ; presque tous les agents employés chez les puissances étrangères, décriés par leur incivisme, ont trahi ouvertement la République avec une audace impunie jusqu’à ce jour.
En dehors d'observer des "traitres" qui vont aller composer avec les monarchies coalisées, il n'y a nulle place pour un appel à la paix avec celles-ci.
Après, il est certain que de se fonder uniquement sur un discours - prononcé dans des circonstances d'une crise majeure au sein de l'exécutif du gouvernement républicain - ne saurait suffire pour traiter cette question.
A creuser donc...