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 Sujet du message : 1794, Robespierre et la paix
Message Publié : 30 Jan 2022 11:30 
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Philippe de Commines
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Duc de Raguse a écrit :
Liber censualis a écrit :
Absolument, les alliés espéraient de lui qu'il engage des pourparlers de paix.

Ah oui ? Qu'est-ce qui lui permettait de penser cela, cela m'intéresse ?
Car malgré la victoire de Fleurus il ne semblait pas enclin à prendre ce chemin...par contre - comme d'autres qui d'ailleurs ne l'ont pas fait - il se montrait hostile à la moindre annexion en cas de victoire.


Je déplace le sujet ici (j'espère qu'il n'a pas déjà été évoqué, je n'ai pas cherché) pour ne pas encombrer le quiz ...
Ma réponse procède encore de l'Histoire diplomatique de Droz; p.200, "après les victoires de l'an II, le Comité de Salut Public était dans l'ensemble favorable à la paix". Droz ajoute que les alliés comptaient sur lui pour traiter (p.201), et qu'un émigré nommé Montgaillard aurait reçu de Robespierre mission de sonder les alliés en ce sens.
Je vais chercher ailleurs mais je n'ai pas beaucoup de ressources bibliographiques sur le sujet...

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Message Publié : 30 Jan 2022 19:42 
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Que Robespierre ait été un opposant à une "guerre de conquêtes", soit.
Mais au moment de Fleurus (26 juin 1794), rien ne laissait présager que la victoire contre les coalisés fut confirmée dans les mois à venir et il ne me semble pas que le CSP se soit engagé dans la direction de la paix. D'autant plus que la loi de prairial (10 juin), ou "grande Terreur", venait juste d'entrer en vigueur afin de vaincre "les ennemis de l'intérieur" pour mieux vaincre ceux de l'"extérieur".
Après, cela n'empêche pas que des ouvertures se soient tout de même produites, mais cela me semble douteux que le CSP et Robespierre était favorables à une paix rapide à cette date - qui plus est Robespierre s'était éloigné du CSP et de la Convention pendant près d'un mois.
Certains "robespierristes" avancent toutefois l'argument que son opposition à la guerre "de conquêtes" ait été une des causes de sa chute - en raison de son opposition sur cette question avec la majorité du CSP et d'une partie de la Convention. Mais les preuves manquent...

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Message Publié : 01 Fév 2022 15:33 
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Philippe de Commines
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Duc de Raguse a écrit :
Que Robespierre ait été un opposant à une "guerre de conquêtes", soit.
Mais au moment de Fleurus (26 juin 1794), rien ne laissait présager que la victoire contre les coalisés fut confirmée dans les mois à venir et il ne me semble pas que le CSP se soit engagé dans la direction de la paix. D'autant plus que la loi de prairial (10 juin), ou "grande Terreur", venait juste d'entrer en vigueur afin de vaincre "les ennemis de l'intérieur" pour mieux vaincre ceux de l'"extérieur".
Après, cela n'empêche pas que des ouvertures se soient tout de même produites, mais cela me semble douteux que le CSP et Robespierre était favorables à une paix rapide à cette date - qui plus est Robespierre s'était éloigné du CSP et de la Convention pendant près d'un mois.
Certains "robespierristes" avancent toutefois l'argument que son opposition à la guerre "de conquêtes" ait été une des causes de sa chute - en raison de son opposition sur cette question avec la majorité du CSP et d'une partie de la Convention. Mais les preuves manquent...



Citer :

Les critiques de Robespierre sur la conduite de la guerre ont participé à sa chute après la victoire de Fleurus le 26 juin 1794.

La chute de Robespierre survint dans un moment de victoire pour les armées de la République, qui depuis le printemps 1794 avaient repris l'offensive sur la frontière nord. Quelques semaines avant le séisme politique du 9 Thermidor, des unités des armées de Moselle, du Nord et des Ardennes, commandées par le général Jourdan flanqué de Saint-Just alors représentant en mission, remportaient le 26 juin 1794 une importante bataille à Fleurus, près de Charleroi en Belgique.

La prise de cette ville, assiégée par les troupes républicaines, était en effet essentielle pour le passage de la Sambre. Avec 70 000 hommes, Jourdan défit l'armée coalisée d'environ 52 000 hommes commandée par le duc de Saxe-Cobourg venue au secours de Charleroi, après un combat resté incertain et difficile tout au long de la journée. La victoire ouvrait à nouveau les portes de la Belgique que les troupes françaises avaient dû abandonner suite au désastre de Neerwinden et à la trahison de Dumouriez en mars-avril 1793.

Les historiens n'ont cessé d'interroger la place de la victoire de Fleurus dans la chute de Robespierre : l'offensive victorieuse a en effet relancé le débat révolutionnaire sur la nature et les buts de la guerre.

Périls mortels pour la Révolution

Fleurus ranima surtout la méfiance de Robespierre à l'égard des succès militaires. Ses mises en garde dans le discours du 8 thermidor, parfois qualifié de testament, agitent la figure du césarisme et du généralat comme des périls mortels pour la Révolution : « Surveillez la victoire ; surveillez la Belgique », lança Robespierre à ses collègues conventionnels. A ses yeux, la victoire n'effaçait pas les risques inhérents à l'institution militaire : « L'aristocratie militaire est protégée ; les généraux fidèles sont persécutés ; l'administration militaire s'enveloppe d'une autorité suspecte. » Plus définitif encore, Robespierre conclut que « la victoire ne fait qu'armer l'ambition, endormir le patriotisme, éveiller l'orgueil, creuser de ses mains brillantes le tombeau de la République ».

Ces mises en garde sont un condensé des combats et des maximes que Robespierre avait lancés à l'égard de la guerre dès 1789 : méfiance vis-à-vis de tout pouvoir détenant l'autorité militaire, danger mortel de la guerre pour instituer un nouveau régime démocratique, folie de l'esprit de conquête.

Si Robespierre ne fut jamais un pacifiste avant l'heure, ces foudres contre les dangers de la victoire illustrent les tensions qui parcouraient alors le Comité de salut public. Marcel Reinhard a bien montré les conflits nombreux entre Carnot et Saint-Just à propos de la conduite de la guerre, qui participe du déchirement irrémédiable au sein du Comité en juillet 1794. Saint-Just aurait lancé à Carnot la veille de la crise, le 26 juillet : « Il n'y a que ceux qui sont dans les batailles qui les gagnent. »

Quant à Carnot, il fourbit ses armes dès le 8 juillet en prenant un arrêté pour l'impression par le Comité d'un journal à destination des armées, La Soirée du camp. Les deux spécialistes de l'histoire militaire de la Révolution Jean-Paul Bertaud et John Lynn ont discuté l'importance de cet éphémère journal de quatre pages pour préparer les esprits au 9 Thermidor. Le soldat-narrateur Va-de-Bon-Coeur, qui dénonce les scélérats qui donnent « à la vertu l'apparence du crime », semble viser Robespierre. Loin de constituer un arrière-plan, le contexte militaire, toujours imbriqué au contexte politique révolutionnaire, participe pleinement de la crise de Thermidor.

Article de T. Poirot, L'histoire, n° 433 qui contribue à expliquer la possible volonté de Robespierre de chercher à mettre fin aux opérations militaires victorieuses de la France, dès lors que le territoire national n'était plus en danger.

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Message Publié : 01 Fév 2022 17:44 
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Bof, il semble s'appuyer sur des extraits parcellaires du dernier discours de Robespierre à la Convention, rempli de métaphores et de propos elliptiques, visant tout le monde et personne à la fois, mélangeant à ce sujet les questions intérieures (dans lesquelles les "ennemis intérieurs" complotaient) et extérieures. Surtout avec un Robespierre "malade" et absent du CSP depuis plus d'un mois, moment où il gardait le silence.
Un peu court pour se faire une opinion nette de ce qu'il a pensé et souhaité faire après Fleurus.
Quant à Carnot, oui, il est prouvé depuis longtemps que "l'organisateur de la victoire" était passé d'une position modérée au début de la guerre à une volonté bien tranchée de se "payer" sur l'ennemi, d'autant plus que la situation financière s'était encore dégradée en 1793-1794 - et ce n'étaient pas les biens du clergé qui allaient encore éponger les nouvelles dettes.

Liber censualis a écrit :
expliquer la possible volonté de Robespierre de chercher à mettre fin aux opérations militaires victorieuses de la France, dès lors que le territoire national n'était plus en danger.

Je pense également que c'était le moins belliqueux de tous les membres du CSP, mais malgré cela il venait de faire voter la loi de prairial toujours dans l'objectif de gagner une guerre, dont la fin ne pointait pas le bout de son nez dans son esprit.

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Message Publié : 01 Fév 2022 18:11 
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Duc de Raguse a écrit :
Bof, il semble s'appuyer sur des extraits parcellaires du dernier discours de Robespierre à la Convention, rempli de métaphores et de propos elliptiques, visant tout le monde et personne à la fois, mélangeant à ce sujet les questions intérieures (dans lesquelles les "ennemis intérieurs" complotaient) et extérieures. Surtout avec un Robespierre "malade" et absent du CSP depuis plus d'un mois, moment où il gardait le silence.
Un peu court pour se faire une opinion nette de ce qu'il a pensé et souhaité faire après Fleurus.
Quant à Carnot, oui, il est prouvé depuis longtemps que "l'organisateur de la victoire" était passé d'une position modérée au début de la guerre à une volonté bien tranchée de se "payer" sur l'ennemi, d'autant plus que la situation financière s'était encore dégradée en 1793-1794 - et ce n'étaient pas les biens du clergé qui allaient encore éponger les nouvelles dettes.

Liber censualis a écrit :
expliquer la possible volonté de Robespierre de chercher à mettre fin aux opérations militaires victorieuses de la France, dès lors que le territoire national n'était plus en danger.

Je pense également que c'était le moins belliqueux de tous les membres du CSP, mais malgré cela il venait de faire voter la loi de prairial toujours dans l'objectif de gagner une guerre, dont la fin ne pointait pas le bout de son nez dans son esprit.


Le problème, si on ne va pas aux sources, c'est que les historiens ne se sont pas bousculés sur les questions internationales de la période... En tout cas depuis 40 ans.

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Message Publié : 02 Fév 2022 7:50 
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En tout cas, le discours du 8 thermidor ne concerne pas vraiment notre question, puisque Robespierre s'y justifie essentiellement face aux accusations de "tyrannie" proférées contre lui depuis plusieurs semaines et souhaite démasquer ses ennemis, les "ennemis de la République", voire les "factieux" et les "fripons".
Ainsi il ne semble pas remettre en cause le bien fondé de la guerre menée contre les coalisés :
Robespierre a écrit :
Ils m’appellent tyran… Si je l’étais, ils ramperaient à mes pieds, je les gorgerais d’or, je leur assurerais le droit de commettre tous les crimes, et ils seraient reconnaissants. Si je l’étais, les rois que nous avons vaincus, loin de me dénoncer (quel tendre intérêt ils prennent à notre liberté !) me prêteraient leur coupable appui ; je transigerais avec eux. Dans leur détresse, qu’attendent-ils, si ce n’est le secours d’une faction protégée par eux, qui leur vende la gloire et la liberté de notre pays ?

Il accuse plutôt ces "factieux" d'être en intelligence avec les monarchies coalisées et leur arrivée au pouvoir signifierait une fin de guerre au profit des coalisés, ce que Robespierre ne semble pas vouloir

Quant au passage allégrement coupé par l'auteur cité, je l'ai retrouvé :
Robespierre a écrit :
On vous parle beaucoup de vos victoires avec une légèreté académique qui ferait croire qu’elles n’ont coûté à nos héros ni sang ni travaux : racontées avec moins de pompe, elles paraîtraient plus grandes. Ce n’est ni par des phrases de rhéteur, ni même par des exploits guerriers, que nous subjuguerons l’Europe, mais par la sagesse de nos lois, par la majesté de nos délibérations, et par la grandeur de nos caractères. Qu’a-t-on fait pour tourner nos succès militaires au profit de nos principes, pour prévenir les dangers de la victoire, ou pour nous en assurer les fruits ? Surveillez la victoire ; surveillez la Belgique. Je vous avertis que votre décret contre les Anglais a été éternellement violé ; que l’Angleterre, tant maltraitée par nos discours, est ménagée par nos armes. Je vous avertis que les comédies philanthropiques jouées par Dumouriez dans la Belgique sont répétées aujourd’hui ; que l’on s’amuse à planter des arbres stériles de la liberté dans un sol ennemi, au lieu de cueillir les fruits de la victoire, et que les esclaves vaincus sont favorisés aux dépens de la République victorieuse. Nos ennemis se retirent, et nous laissent à nos divisions intestines. Songez à la fin de la campagne ; craignez les factions intérieures ; craignez les intrigues favorisées par l’éloignement dans une terre étrangère. On a semé la division parmi les généraux ; l’aristocratie militaire est protégée ; les généraux fidèles sont persécutés ; l’administration militaire s’enveloppe d’une autorité suspecte ; on a violé vos décrets pour secouer le joug d’une surveillance nécessaire. Ces vérités valent bien des épigrammes.

Il critique plutôt le manque d'ambition de la République dans ces territoires qui se retrouvent occupés, suite aux récentes victoires (dont Fleurus), et le risque, encore une fois, de voir apparaitre des "factions" hostiles à la République dans ces régions occupées, conséquence directe de victoires non pensées d'un point de vue politique. Ceci dit, il ne précise pas davantage "qui ?, où ? et comment ?". Le pourquoi seul est présent.
Plus loin :
Robespierre a écrit :
Les relations extérieures sont absolument négligées ; presque tous les agents employés chez les puissances étrangères, décriés par leur incivisme, ont trahi ouvertement la République avec une audace impunie jusqu’à ce jour.

En dehors d'observer des "traitres" qui vont aller composer avec les monarchies coalisées, il n'y a nulle place pour un appel à la paix avec celles-ci.
Après, il est certain que de se fonder uniquement sur un discours - prononcé dans des circonstances d'une crise majeure au sein de l'exécutif du gouvernement républicain - ne saurait suffire pour traiter cette question.
A creuser donc...

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