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Message Publié : 05 Fév 2022 12:02 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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salut à tous

je relis chez Orieux que Napoléon était inquiet pour ses voies de communication vers la France après sa défaite de Leipzig
Craignant d'être pris au piège et bloqué en Allemagne, "si les Bavarois lui coupaient la route, c'était un nouveau Baïlen"
Ce serait par un renseignement donné par Talleyrand juste à temps que Napoléon put forcer le passage à Hanau et rejoindre le Rhin
Je suppose que ce renseignement, c'est que la Bavière change de camp et rejoint la coalition le 8 octobre ? (Traité de Ried)
Détails bienvenus, merci

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 05 Fév 2022 23:57 
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Polybe
Polybe

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Roger Iappini ne précise pas si c'est Talleyrand qui est à l'origine de l'information reçue par Napoléon le 29 octobre. Napoléon obtient des « renseignements » au sujet des Bavarois.
Il passe la nuit à prendre ses dispositions en conséquence.
En supposant que Talleyrand a voulu aider Napoléon, il faut reconnaitre que ce dernier n'est pas reconnaissant. En novembre Napoléon a eu des paroles sévères à l'endroit de Talleyrand.


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Message Publié : 06 Fév 2022 6:39 
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Je doute que Talleyrand ait été très soucieux d'aider Napoléon qui jouait son trône en Allemagne. De longue date il avait fait son choix, et ce n'était pas en faveur de Napoléon. on le verra bien l'année suivante.

Je pense plus probable que Napoléon ait eu l'information par d'autres voies. On parle assez peu de son "service de renseignement", seul Schulmeister est souvent évoqué, mais Napoléon se renseignait bien, et la Bavière qui se prépare à changer de camp ce n'est pas une mince affaire à organiser pour elle et pour ses troupes : à mon avis "ça se voit".

Sur le plan diplomatique, ça doit discuter pas mal à Munich (où Napoléon peut avoir conservé des amitiés : c'est un allié de longue date) et dans l'armée bavaroise, où un tel coup demande une information minimale des soldats (des officiers, et même des hommes de troupe dont il faut s'assurer qu'ils suivront) et quelques manoeuvres de sauvegarde : il ne s'agit pas, le moment venu, de s'insurger contre Napoléon alors qu'on est noyé au milieu de son armée. Il faut prendre du champ, écarter éventuellement les officiers de liaison français...

Bref, je pense que Napoléon était "assez grand" pour l'apprendre sans avertissement de Talleyrand. (A moins que celui-ci n'ait fait que transmettre un renseignement arrivé à Paris de source diplomatique, et qu'il ne pouvait pas, sans risque, garder pour lui et dissimuler, trop d'autres gens au ministère ou à l'ambassade de France en Bavière étant au courant.)

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Message Publié : 06 Fév 2022 9:41 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Pierma a écrit :
Bref, je pense que Napoléon était "assez grand" pour l'apprendre sans avertissement de Talleyrand. (A moins que celui-ci n'ait fait que transmettre un renseignement arrivé à Paris de source diplomatique, et qu'il ne pouvait pas, sans risque, garder pour lui et dissimuler, trop d'autres gens au ministère ou à l'ambassade de France en Bavière étant au courant.)

Très possible
notre GM Cyril D pourra peut-être nous apporter ses Lumières...

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Message Publié : 06 Fév 2022 18:40 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Je n'en ai malheureusement pas le temps en ce moment, mais dès que possible j'essaierai d'écrire deux trois choses sur la question.

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Message Publié : 06 Fév 2022 20:16 
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Polybe
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Roger Iappini nous aide à comprendre le contexte :

Citer :
28 octobre 1813
L'Empereur [Napoléon] quitte Hünfeld avant le lever du jour. Après être passé par Fulda et Neuhof, il s'arrête pour la nuit à Schlutern.
Proclamation du roi de Bavière qui accède à la coalition.

29 octobre 1813
A quatre heures du matin, l'Empereur quitte Schlutern. Il fait établir le quartier général au château d'Isemburg, près de Langensebold. En fin de journée, il reçoit des renseignements qui ne laissent plus aucun doute sur les intentions de ses Alliés d'hier. Il passe la nuit à prendre ses dispositions en conséquence.
Le général bavarois de Wrede qui a appris le désastre de l'armée française à Leipzig, décide de lui couper la route de retraite et empêcher les Français d'atteindre Francfort.
En chemin, des soldats bavarois annoncent que les Autrichiens et les Bavarois formant en tout 70 000 hommes sont arrivés de Braunau et occupent en force Hanau, barrant ainsi la retraite des Français en leur coupant la route de la France.
De Wrede croit que les Français sont poursuivis par les Alliés, ce qui est faux car les Alliés n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur ce point. Il doit donc se battre toute la journée contre l'avant-garde française, tout en marchand dans la direction de Hanau.


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Message Publié : 07 Fév 2022 16:04 
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Polybe
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Frédéric Naulet (2014) :

Citer :
Dans ses mémoires, Macdonald relata une entrevue qu'il aurait eue, probablement le 22 octobre 1813, avec Napoléon.

« Les troupes s'en vont pêle-mêle. On a fait de vains efforts pour les arrêter. Leur instinct les pusse vers le Rhin. Personne de nous n'ignore la défection du roi de Bavière, ni son traité avec les Alliés, ni le mouvement du général de Wrede qui force la marche sur Francfort pour nous couper la retraite. »

La situation décrite était bien réelle. Dès le revirement d'alliance de la Bavière, l'Autriche avait envoyé deux divisions renforcer les troupes bavaroises. Le 21 octobre, des émissaires de Wrede s'étaient présentées au roi de Wurtemberg, pour lui demander le libre passage pour ses troupes. Compte tenu de la situation, le souverain ne pouvait guère s'y opposer et le fit savoir à Napoléon.

« La cour de Stuttgart ne pouvant plus résister à l'armée qui la menace, elle allait s'efforcer d'obtenir de rester neutre, cependant elle pouvait se trouver engagée à signer des stipulations contraires à ses sentiments et à son alliance avec la France. »

Napoléon reçut cette lettre le 23 octobre. Le même jour, le général wurtembourgeois Franquemont lui faisait part de son intention de quitter l'armée avec ses hommes, pour rejoindre sa patrie et la défendre.
[...]
Wrede atteignit Ansbach le 22 octobre, où il reçut une lettre de Scharzenberg, datée du 19. Outre l'annonce de la victoire de Leipzig, le généralissime lui demandait de prendre toutes les mesures pour ralentir la marche de l'armée française vers le Rhin. Wrede pris la direction de Francfort. En route il fit bombarder Würzburg, défendue par le général Turreau. Le 27 octobre, l'armée de Wrede arrivait à Hanau, à 20 kilomètres à l'est de Francfort, barrant la route à Napoléon.
L'Empereur n'ignorait rien des dangers menaçant son armée et les conseils de Macdonald étaient superflus.


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Message Publié : 13 Fév 2022 20:13 
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Fustel de Coulanges
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Orieux, de toute évidence, se base sur les Mémoires de Pasquier :
« La défection des Bavarois allait compléter son isolement. M. de Talleyrand l'ayant su, je ne sais comment, mais d'une manière non douteuse, était accouru chez l'archichancelier et l'avait chargé d'en informer l'Empereur au plus vite. Un courrier fut expédié, mais il était trop tard, et nous sûmes bientôt que toute l'armée bavaroise, sous les ordres du général de Wrede, était en marche pour prendre position entre Mayence et l'armée française, qui allait se trouver ainsi entièrement coupée. »

Le souci, c’est que malgré le fait que Pasquier écrive que la missive fut expédiée trop tard, Orieux prétend quand même ceci : « Grâce à [l’avertissement de Talleyrand], l’Empereur put, à la dernière heure, s’ouvrir un passage à Hanau et gagner le Rhin. Talleyrand l’avait sauvé de l’encerclement. »
En somme, Orieux se base sur Pasquier mais transforme grandement le propos…

Laissons donc Orieux à ses tours de passe-passe, et revenons-en à Pasquier. Comme l’indique le mémorialiste, Cambacérès (nul besoin dans l’affaire de Talleyrand d’ailleurs) avertit bien Napoléon de la défection de la Bavière. Il lui en fit effectivement part dans sa lettre du 15 octobre :
« Le duc de Valmy [Kellermann est alors commandant à Mayence des 25e et 26 e divisions militaires : Bouches-du-Rhin, Meuse-Inférieure, Ourte, Sambre-et-Meuse, Roer, Lippe, Mont-Tonnerre, Rhin-et-Moselle, Sarre] a écrit hier au soir par le télégraphe au ministre de la guerre que la Bavière s’était déclarée pour l’Autriche. Le duc de Feltre a répondu d’avoir la bonté de s’expliquer sur la source de cette nouvelle qui parait en opposition au langage que tient ici M. de Cetto [représentant de la Bavière à Paris]. »

Clarke, malgré ses doutes, avertit cependant Eugène le lendemain en ces termes :
« Je m'empresse d'informer Votre Altesse Impériale que M. le maréchal duc de Valmy me mande, par une dépêche télégraphique datée de Mayence le 14 octobre, qu'il vient d'apprendre que la Bavière a contracté une alliance offensive et défensive avec l'Autriche.
Quoique cette nouvelle ne m'ait pas encore été confirmée par aucun avis officiel, cependant j'ai cru nécessaire, monseigneur, en attendant les ordres de l'Empereur, de donner connaissance à Votre Altesse Impériale de ce que me mande à cet égard le duc de Valmy, afin de mettre Votre Altesse à portée de faire provisoirement les dispositions préparatoires qu'elle pourrait juger nécessaire au service de Sa Majesté et au service de ses opérations. »

A noter que la missive était inutile, Eugène, alors à Gradisca, ayant appris la nouvelle, le matin même où Clarke lui écrivait, par l’ambassadeur de France à Munich, Mercy-Argenteau.
L’affaire fut confirmée par l’Archichancelier le 17 octobre dans cette lettre adressée à l’Empereur :
« En écrivant hier ma lettre à V.M., j’ignorais que M. de Cetto eût demandé ses passeports. Ce fait, dont on m’a instruit le soir, ne laisse aucun doute sur la défection de la Bavière, tantôt annoncée, tantôt contredite, et qui excite ici une indignation générale. »

A ce sujet, on retrouve quelques informations supplémentaires dans la lettre qu’écrivit le même jour Clarke à Eugène :
« Monseigneur, M. de Cetto, ministre plénipotentiaire de Bavière, a eu ordre de demander ses passeports [Clarke avait été averti par M. de la Besnardière, représentant à Paris au ministère des relations extérieures Maret, alors auprès de l’Empereur]. Il a remis, en conséquence, à Paris, aux relations extérieures, une lettre pour le duc de Bassano, par laquelle il les demande : elle ne contient aucun détail, il paraît lui-même n'en avoir reçu aucun. La lettre qui lui a été écrite est du 10. On lui mande qu'on s'est expliqué avec M. de Mercy, sans lui dire quand. C'est une alliance que la Bavière a faite avec l'Autriche. »


Le 25 octobre, Napoléon répondit en ces termes à la lettre de Cambacérès en date du 17 où ce dernier officialisait la défection de la Bavière :
« La trahison aussi inconcevable qu’inattendue de la Bavière a dérangé tous mes projets et m’oblige à rapprocher la guerre de nos frontières. »


Napoléon était en vérité au courant depuis plusieurs jours, et ce, avant même que la nouvelle n’arrive à Paris et ne lui soit ensuite relayée.
La convention austro-bavaroise avait été établie le 8 octobre. A la date du 9, malgré les rumeurs qui commençaient à courir (le 3, le roi de Wurtemberg avertissait Napoléon de l’alliance conclue entre Vienne et Munich ; Frédéric n’en eut la confirmation officielle que le 11), l’état-major français croyait encore à la fidélité de Munich. Ainsi, Berthier, ce jour-là, écrivait à Murat :
« Ne croyez pas à la nouvelle de la défection de la Bavière, ni à tout ce que débite l'ennemi. »
A noter que six jours plus tôt, le 3 octobre, Berthier avait reçu une missive impériale du même ordre :
« Ecrivez au prince de la Moskova que tous les bruits qui courent sont faux ; que la Bavière n'a pas changé de système, au contraire »
Et Maret celle-ci :
« Faites mettre dans les journaux de Leipzig des articles sur la fausseté des bruits que l’ennemi fait courir […] sur cette nouvelle qu’on répand partout de la défection de la Bavière. »

Pourtant, deux jours plus tôt, le 1er octobre, ce même Maret avait écrit à l’ambassadeur de France en Bavière qu’aux avant-postes ennemis on disait que Wrede avait négocié le 18 septembre dernier une convention avec les Autrichiens et que cette dernière avait été expédiée auprès de François en vue de sa ratification. Les rumeurs n’étaient pas bien loin de la vérité. Nous y reviendrons.

L’officialisation n’allait cependant pas tarder à venir. Ainsi, le Bulletin du 15 octobre disait :
« Mais, le 13, l'Empereur apprit à Düben que l'armée bavaroise était réunie à l'armée autrichienne et menaçait le bas Rhin. Cette inconcevable défection fit prévoir la défection d'autres princes, et fit prendre à l'Empereur le parti de retourner sur le Rhin; changement fâcheux, puisque tout avait été préparé pour opérer sur Magdeburg; mais il aurait fallu rester séparé et sans communication avec la France pendant un mois : ce n'avait pas d'inconvénient au moment où l'Empereur avait arrêté ses projets ; il n'en était plus de même lorsque l'Autriche allait se trouver avoir deux nouvelles armées disponibles : l'armée bavaroise et l'armée opposée à la Bavière. L'Empereur changea donc avec ces circonstances imprévues, et porta son quartier général à Leipzig. »

Napoléon donne ici à la trahison bavaroise une conséquence qu’elle n’a pas eue. La volonté de donner bataille à Leipzig est en effet antérieure à la connaissance de la convention de Ried…
Pour la date du 13 octobre, peut-être Napoléon fait-il ici référence à l’entrevue qu’il eue avec Krafft. En effet, ce jour-là, l’homme en question, envoyé des Russes auprès de Pozzo di Borgo, représentant du Tsar auprès de Bernadotte, afin de lui servir de secrétaire, avait été arrêté par les Français. Le soir, après entretien avec l’individu, Napoléon avertissait Maret que les Alliés « avaient de grandes espérances sur la Bavière, que cependant rien n’était encore convenu. »
L’Empereur n’en dit pas plus. Mais sans doute y avait-il de quoi nourrir de forts soupçons.
Fain dans son Manuscrit de 1813 indique quant à lui que c’est Berthier, le 14, qui avertit officiellement l’Empereur :
« Le prince de Neufchâtel revient à la charge; il tient à la main un petit billet daté de Munich : la défection de la Bavière est consommée ! Le roi a été entraîné plus rapidement qu'il n'avait calculé, et le traité, arrangé d'avance au quartier-général de Ried, par les deux généraux en chef de Wrede et de Reuss-Plaüen, a été signé le 8 octobre. »

Le billet, si Fain dit vrai, doit de toute évidence provenir de Mercy, ministre plénipotentiaire en Bavière. Ce dernier, alors que les discussions s’étaient sérieusement engagées entre Wrede et l’ennemi autrichien depuis le 7 septembre, et que le roi Maximilien s’était officiellement ouvert à la main tendue des Coalisés depuis le 15 du même mois, n’avait pas vraiment perçu la tournure des évènements en Bavière. Et ce ne fut que le 8 octobre, le jour de la signature de la convention préliminaire de Ried (l’échange des ratifications eut lieu une semaine plus tard), qu’il écrivit enfin que l’alliance austro-bavaroise était effective.
En somme, si on s’en tient à la date du 14 octobre, Napoléon apprit officiellement la défection de la Bavière deux jours avant Paris (demande des passeports de Cetto).
Ainsi, le supposé avertissement de Talleyrand conté par Orieux ne servit à rien : Napoléon était déjà prévenu et avait déjà décidé de livrer bataille à Leipzig.
Pour ce qui est de Napoléon sauvé par Talleyrand de l’encerclement, là aussi Orieux brode. Certes, l’alliance austro-bavaroise est une très mauvaise nouvelle pour l’Empereur, mais à l’heure de son annonce, la grande affaire déjà prévue à Leipzig était susceptible de rabattre pas mal de cartes. De plus, suite à la défaite, pour avoir « encerclement », encore faut-il que les Alliés y voient clair dans les mouvements français pour s’assurer de réellement fermer la nasse. Or, ceux-ci n’ont guère de certitudes ; Wrede le premier qui en s’installant à Hanau se place certes sur la route de retraite de l’armée française (qui fut décidée sans avoir besoin des informations parisiennes qui ne donnaient logiquement aucune indications sur la marche suivie par Wrede), mais, dans les faits, au regard des positions prises par ses troupes, du rapport des forces et de l’emplacement des autres forces alliées, ne referme pas un savant filet.

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Message Publié : 14 Fév 2022 4:50 
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Drouet Cyril a écrit :
"il n'en était plus de même lorsque l'Autriche allait se trouver avoir deux nouvelles armées disponibles : l'armée bavaroise et l'armée opposée à la Bavière. "

C'est logique mais je n'y avais pas pensé : la défection (la trahison de l'alliance, en fait) de la Bavière non seulement fait passer l'armée bavaroise dans le camp ennemi - ce qui enlève des forces à Napoléon et les rajoute en face - mais de plus elle libère des effectifs autrichiens.

Cyril, je suis surpris de voir un Mercy-Argenteau servant la France en tant que notre ambassadeur à Munich. A-t-il une parenté avec Mercy-Argenteau, diplomate autrichien placé à Versailles par Marie-Thérèse, sous Louis XV puis Louis XVI ?
(En même temps le nom sonne français...)

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Message Publié : 14 Fév 2022 9:50 
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Pierma a écrit :
Drouet Cyril a écrit :
"il n'en était plus de même lorsque l'Autriche allait se trouver avoir deux nouvelles armées disponibles : l'armée bavaroise et l'armée opposée à la Bavière. "

C'est logique mais je n'y avais pas pensé : la défection (la trahison de l'alliance, en fait) de la Bavière non seulement fait passer l'armée bavaroise dans le camp ennemi - ce qui enlève des forces à Napoléon et les rajoute en face - mais de plus elle libère des effectifs autrichiens.


C'est la conséquence de l'article 5 de la convention préliminaire de Ried :
"L'armée bavaroise fera partie de la grande armée Autrichienne; elle sera sous le commandement du général en chef de cette armée, et sous les ordres immédiats d'un général bavarois; elle ne pourra être séparée ni disséminée, mais restera constamment unie en corps agissant sous ses propres officiers et soumise pour la discipline et l'économie à ses règlements particuliers. Si la défense de la propre patrie rendait son secours nécessaire, elle pourra y entrer sans difficulté."


Pierma a écrit :
Cyril, je suis surpris de voir un Mercy-Argenteau servant la France en tant que notre ambassadeur à Munich. A-t-il une parenté avec Mercy-Argenteau, diplomate autrichien placé à Versailles par Marie-Thérèse, sous Louis XV puis Louis XVI ?
(En même temps le nom sonne français...)


C'est son cousin.

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Message Publié : 14 Fév 2022 16:31 
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Pierre de L'Estoile
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Bravo pour tous ces documents sourcés !

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Message Publié : 14 Fév 2022 17:28 
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bourbilly21 a écrit :
Bravo pour tous ces documents sourcés !

C'est vrai, j'ai oublié de remercier, c'est une belle synthèse.

Ou on constate que de fait Napoléon n'avait pas besoin de Talleyrand pour être informé de ce que tramait la Bavière.

J'ai noté un détail intéressant : c'est aux avant-postes que l'info apparaît en premier. (Dans une armée tout se sait, dit Georges Blond.)

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Message Publié : 16 Fév 2022 13:05 
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Pierma a écrit :
J'ai noté un détail intéressant : c'est aux avant-postes que l'info apparaît en premier. (Dans une armée tout se sait, dit Georges Blond.)


Je n’irai pas jusque là…
Mais, il est vrai que, du point de vue militaire, certains éléments troublants pouvaient faire naître quelque bruit. Je pense ici à l’absence d’hostilités à la frontière austro-bavaroise depuis l’entrée en lice de l’Autriche, et à la demande de rappel de la division bavaroise du général Raglowich fin septembre.
Mais outre ce que l’on pouvait entendre sur les lignes de fronts, les rumeurs provenaient également des cabinets diplomatiques, notamment ceux de Westphalie et de Wurtemberg. Pourtant, parallèlement, pour rester du côté des diplomates, celui qui était aux premières loges, l’ambassadeur français à Munich Mercy, même s’il ne cachait pas ses inquiétudes et pensait qu’un changement de cap de la politique étrangère bavaroise était envisageable, s’abusait de la position du roi et notifiait que l’Empire pouvait encore compter sur la Bavière.

Pour revenir à la lettre de Bassano à laquelle vous faites référence, on peut noter que les « on dit » étaient relativement précis. Voici, ce que Maret écrivait à ce propos le 1er octobre :
« On dit que le général de Wrede a négocié une convention le 18 septembre avec le prince de Reuss, que le ci-devant chargé d’affaire d’Autriche à Munich s’est trouvé à cette réunion et a été expédié pour porter la convention à la ratification de sa cour, que du côté de la Bavière, c’est M. le général de Wrede qui s’est rendu auprès de son souverain et qu’il a trouvé le roi qui l’attendait dans la maison de campagne de M. de Montgelas. »

Non le 18, mais le 17 septembre, une convention fut bien négociée et signée entre Wrede (général des forces bavaroises à la frontière autrichienne), le prince de Reuss (commandant les troupes autrichiennes opposées à Wrede) et Hruby (ancien ambassadeur autrichien à Munich). Contrairement cependant à ce que l’on pourrait déduire de la missive au regard des ratifications à venir, il ne s’agissait pas d’un traité d’alliance, mais d’une convention d’armistice faisant suite à des accords verbaux antérieurs assurant de ne pas entamer les hostilités. Cette première entente préalable avait d’ailleurs été obtenue par Hruby, encouragé par les paroles bienveillantes du roi à son départ de Munich en conséquence de l’entrée en guerre de Vienne. Le diplomate était ensuite parvenu le 25 août à la frontière austro-bavaroise où il avait pu s’entretenir avec Wrede qu’il l’avait assuré de son souhait de renverser les alliances, avant de convenir, côté autrichien, avec Reuss de ne pas entamer des hostilités susceptibles de compromettre le rapprochement de Bavière avec les Coalisés. En somme, la convention d’armistice du 17 septembre entérinait un état de fait vieux d’un peu plus de trois semaines. Elle avait pu être obtenue grâce à la volonté du roi de Bavière de s’ouvrir aux offres alliées. En effet, le 31 août, le Tsar Alexandre avait écrit à Maximilien afin de l’encourager à joindre les rangs des Alliés. Le roi, soucieux de l’évolution de la campagne en cours, avait différé sa réponse et avait finalement répondu, mais sans prendre de réels engagements, le 15 septembre, suite à l’annonce de la défaite de Dennewitz. Ce fut cette lettre ainsi que les instructions transmises à Wrede l’autorisant à entrer en négociation afin d’officialiser la cessation des hostilités à la frontière qui entrainèrent la convention du 17 septembre.
Pour en revenir à la lettre de Bassano, Wrede quitta bien Braunau (le 19 septembre) suite à la convention d’armistice et se rendit chez Montgelas, à Bogenhausen, où arriva ensuite le roi. Il ne s’agissait pas ici de ratifier un quelconque traité austro-bavarois, puisque Wrede n’avait pas les pouvoirs de traiter (il ne les recevra que le 7 octobre, la veille de la signature de la convention d’alliance de Ried). Il s’agissait en fait seulement pour Wrede de rendre compte des accords passés et du début des entretiens visant à l’alliance qu’il venait d’avoir avec Hruby.
Comme le dit Bassano, de son côté, Hruby fila bien à Prague. Tout comme Wrede, non pour une ratification puisqu’il ne reçut les pouvoirs de traiter que le 28 septembre, mais pour avertir les souverains coalisés de la bonne tournure des choses et leur transmettre la lettre de Maximilien.
La Bavière avait ici franchi le Rubicon, mais, la méfiance du côté de Munich étant toujours de mise ; on en était donc pas encore au changement d’alliance, même si le chemin, il faut en convenir, était déjà tout tracé.

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Message Publié : 16 Fév 2022 18:54 
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Il est un peu surprenant que l'absence de la moindre escarmouche militaire entre Bavière et Autriche n'ait pas été davantage remarquée. (C'est un fait visible, bien davantage que les allers-retours discrets des diplomates et des généraux.) L'optimisme de Mercy-Argenteau est très critiquable : il se fait clairement balader, non ?

Je ne parle pas de Napoléon, qui à cette période doit gagner une bataille par semaine, lui ou ses généraux, ce qui ne laisse guère de temps pour surveiller ses alliés avec minutie - et qui semble pourtant avoir été le premier des "officiels" à se douter de quelque chose.

Dans cette campagne d'Allemagne, où il joue une fois de plus son va-tout, mais cette fois, et pour la première fois, contre les trois grandes puissances continentales réunies, même si les Russes y sont arrivés en claudiquant, ses alliés allemands sentent tourner le vent...

Sans parler de ses généraux. Je pense à Murat, qui se prépare à trahir pour se faire garantir le royaume de Naples. Ce n'est pas à Leipzig qu'il charge avec tant de fougue que le tsar s'exclame : "Je trouve que notre futur allié donne un peu trop bien le change..." ? :mrgreen:

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Message Publié : 17 Fév 2022 14:20 
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Pierma a écrit :
Il est un peu surprenant que l'absence de la moindre escarmouche militaire entre Bavière et Autriche n'ait pas été davantage remarquée. (C'est un fait visible, bien davantage que les allers-retours discrets des diplomates et des généraux.) L'optimisme de Mercy-Argenteau est très critiquable : il se fait clairement balader, non ?


Mercy était pourtant au courant de certains faits mais ne semblait pas en mesurer la gravité, se confortant dans l’idée qu’on voulait bien lui répéter que la Bavière ne changeait pas de camp. Il commettait là une grave erreur d’appréciation.
Pour ce qui est de l’absence d’hostilités entre les Bavarois et les Autrichiens, cela allait de paire avec que les premiers n’avaient de cesse de répéter, à savoir la faiblesse de leurs forces militaires face à l’ennemi ; faiblesse les contraignant à adopter une attitude défensive.

Pierma a écrit :
Je ne parle pas de Napoléon, qui à cette période doit gagner une bataille par semaine, lui ou ses généraux, ce qui ne laisse guère de temps pour surveiller ses alliés avec minutie - et qui semble pourtant avoir été le premier des "officiels" à se douter de quelque chose.


Il est difficile d’y voir clair dans les idées de Napoléon sur le sujet. Entre les déclarations rassurantes (mais teintées d’inquiétude) de Mercy et les alarmes venant d’autres sources d’information, se faire un avis n’était pas simple, d’autant plus que la situation diplomatique allait de paire avec une situation militaire fort fluctuante.
Une grande victoire (Leipzig se préparait alors) pouvait rabattre bon nombre de cartes, et la question des interrogations bavaroises sur le bien-fondé du maintien au sein de l’alliance française pouvait être balayée par une défaite significative des Coalisés.
Il me semble peu probable que Napoléon ait pu être suffisamment naïf au point de ne prêter aucune oreille attentive aux bruits qui circulaient sur la défection de la Bavière, mais des négociations en cours ne voulaient pas pour autant dire que Maximilien avait bel et bien franchi le Rubicon. Tant qu’aucun traité n’avait été signé et ratifié, le monarque bavarois aurait toujours l’opportunité de rompre des discussions informelles et de se rallier à un Empereur une nouvelle fois victorieux au cœur de l’Europe.
C’est juste une hypothèse (puisque je n’ai pas connaissance de réflexions de Napoléon allant dans ce sens au moment des faits), mais on peut penser que le fait que l’Empereur dénonce comme faux les bruits portant sur la défection de la Bavière (lettres à Murat, Ney et Maret des 3 et 9 octobre) puissent peut-être répondre (outre le fait de croire que rien n’était peut-être encore officialisé) au souhait de ne pas pousser prématurément par une attitude menaçante la Bavière dans les bras des Coalisés, tout en rassurant ses alliés allemands susceptibles de suivre l’exemple bavarois ; en somme sauvegarder les alliances le temps de remporter une bataille que l’on pouvait espérer décisive.
Car les affaires de Bavière fragilisaient l’ensemble. Ainsi, le 3 octobre, Frédéric Ier de Wurtemberg dans sa lettre à Napoléon ne cachait pas ses certitudes face à la défection bavaroise :
« Le voile est tombé et il ne peut rester aucun doute sur l'existence d'une convention qui met la Bavière à l'abri des incursions ennemies, car même l'entrée dans le Tyrol est une affaire concertée. »

…mais ne cachait pas non plus que Wurtemberg pourrait en conséquence entrer en négociation avec la Coalition :
« Je ne puis cacher à V. M. I. mes justes inquiétudes sur l’état de choses qui met dans un si grand danger la majeure partie de mes frontières ouvertes et exposées à l'entrée de chaque parti ennemi qui se trouvera supérieur en forces à ceux que mes moyens épuisés pourront leur opposer
[…]
Il est à prévoir que, si la marche annoncée du corps de Reuss à la suite de l'armée bavaroise a lieu, on submergera mon pays et l'on exigera de moi des déclarations contraires à ma façon de penser. V. M. I. est trop juste pour attendre que je puisse résister à une force majeure, ou livrer mon pays aux dévastations et à la fureur de l'ennemi, et je désirerais que, dans ce cas malheureux, il me fût permis de ne pas négliger les seules voies de salut qui me resteront. Mais lors même que je me verrai obligé de céder aux circonstances impérieuses, je ne le ferai qu'en en prévenant V. M. I. et en lui protestant que, dès que la loi de la nécessité sera éloignée, elle me retrouvera tel qu'elle m'a toujours connu, franc et loyal. »

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