Lampsaque a écrit :
Je dirai que, quand on porte un jugement de valeur sur un événement historique, il est naturel que les jugements diffèrent même entre des gens qui sont d’accord sur les faits, parce qu’ils peuvent ne pas avoir tout à fait les mêmes valeurs.
A condition que tous les éléments qui caractérisent cet "événement" soient bien rappelés.
Oublier les guerres révolutionnaires, ainsi que l'origine de la formation des premières coalitions des monarchies européennes contre les héritiers de la Révolution, lorsqu'on se penche sur la période napoléonienne - en la qualifiant uniquement sous l'angle de l'oppression - est plus que fâcheux, c'est tout simplement un réquisitoire à charge.
Lampsaque a écrit :
Mais justement, pour moi, de ce point de vue la Révolution, c’est l’agression et l’oppression, c’est, à peu près, la guerre déclarée au genre humain.
Vous ne pensez pas inverser les rôles ?
Qui s'est coalisé pour que cette Révolution expire et que la famille capétienne remonte sur le trône de France dans ses prérogatives passées ?
Nous savons ce que le
Manifeste de Brunswick entraina comme conséquences à Paris...
Quant à la constitution des "Républiques soeurs", vous faites peu de cas de la volonté d'une partie de leur population de vivre sous un régime respectant la souveraineté populaire et les valeurs révolutionnaires d'Egalité et de Liberté.
Le contexte de l'époque plaçait les révolutionnaires français et étrangers dans la nécessité de propager le souffle de la Révolution dans toute l'Europe pour affaiblir les monarchies coalisées, c'est-à-dire des "tyrans". De plus, elles formaient un glacis protecteur pour la République française.
Cette manière de faire est sans aucun doute discutable - et a été discuté âprement à la Convention et dans les assemblées du Directoire -, mais très compréhensible au regard du contexte.
Parler d'agression et d'oppression avant la gestion bien plus autoritaire organisée par Napoléon, dans le contexte très particulier du blocus continental (qui s'est le plus souvent rapproché d'une domination française), est un contresens total.
Lampsaque a écrit :
sous Louis XVIII il y avait une vraie opposition parlementaire
C'est vrai, à côté des "ultras", il y avait les "simples" monarchistes.
Une opposition parlementaire ne peut exister que dans un régime parlementaire et celui de la Restauration ne l'était pas.
Lampsaque a écrit :
Les alliés pouvaient légitimement douter de sa volonté de rester cantonné aux frontières de 1814.
A la tête d'un pays exsangue, qui venait d'être vaincu l'année précédente, il y a avait très peu de chance qu'il puisse avoir la possibilité de lancer la moindre campagne militaire et tout le monde le savait fort bien.
Lampsaque a écrit :
Eh oui, les critiques des entreprises napoléoniennes, ce n'étaient pas seulement les étrangers, c'était aussi Talleyrand, qui là avait le sentiment de représenter le bon sens, la civilisation, la tradition, contre la guerre démesurée.
C'est une plaisanterie ? Talleyrand, capable de servir tout d'abord les intérêts de l'émigration - après avoir célébré la fête de la Fédération -, puis devient ministre du Directoire, du Consulat, puis de l'Empire avec une opinion sur Napoléon versant vers une forme d'adulation (sans doute feinte ?), portant une responsabilité patente dans l'exécution du duc d'Enghien, n'hésitant pas à jouer un double jeu à Erfurt en 1808, pour enfin en 1814 plaider le retour des Bourbons, dont il avait combattu l'idée et la politique pendant près de vingt ans ? Certains diront que c'était un homme d'Etat pragmatique, d'autres une girouette se mouvant en fonction de ses propres intérêts. Quoiqu'il en soit, il n'a jamais été hostile à la "guerre démesurée", puisqu'il a été le principal conseiller de Napoléon sur les questions extérieures jusqu'en 1812 - même après, Napoléon chercha encore ses conseils, mais Talleyrand jouait alors la carte Louis XVIII à fond, conscient que c'était le "début de la fin" pour Napoléon.