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Message Publié : 03 Avr 2022 19:05 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Je suis en train de lire le petit recueil de Jean-Clément Martin à propos de la Révolution et quelque chose vient de me traverser l'esprit. Au vue du système productif de l'époque, près industriel, comment parvient-on à équiper et armer rapidement les nouvelles recrues levées pour faire face à la guerre ?

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 05 Avr 2022 19:29 
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Je me demande combien de conscrits on a dû armer pour Valmy ? Le chiffre doit être assez bas.

Pour la suite, où les armées révolutionnaires ont fortement progressé en nombre, je n'ai pas de réponse sur les fusils.

En revanche j'ai une réponse sur la poudre et les balles : dans "les Gens d'Ici", histoire de son village du Cotentin, Gilles Perrault signale que sous la Terreur, alors que la Révolution commence à en manquer, on fait racler, systématiquement et en urgence, les murs des étables, naturellement couverts de salpêtre. (L'hygiène n'était pas celle d'aujourd'hui...) Pour le plomb, on lève dans l'église les dalles qui cachent les cercueils de la famille noble du lieu : les cercueils comprennent une enveloppe de plomb. (Pas de volonté explicite de viol des sépultures nobiliaires. On veut du plomb, c'est tout.)

Pour les canons l'armée royale était déjà bien pourvue à la suite de la réforme de Gribeauval, avec sans doute une capacité de production non négligeable, la réforme étant récente : il avait fallu remplacer tous les canons existants, en gros.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 05 Avr 2022 19:45 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Daccord, je m'imaginais bien dans un premier temps ce genre de mesures exceptionnelles. Mais pour les fusils quand on lève 300000 hommes je me doute qu'il devait y avoir des stocks, néanmoins je peine à croire que c'était suffisant. On entre dans un cycle de guerre de 20 ans, des choses ont dû changer dans la production ? Non ?

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Message Publié : 06 Avr 2022 4:32 
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Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
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Sans répondre totalement à votre question, l'article ci-après parle de la fabrication, et de la lente mécanisation de la fabrication des armes "portatives" pendant la période révolutionnaire à Saint-Étienne. Je n' ai pas tout lu. Il n'y a pas de chiffre du nombre d'armes fabriquées ni le ryhthme, mais il y a peut-être des choses qui sont susceptibles dde vous intérreser. C'est dans le cadre d'un cours de spécialité sur la guerre en Terminale ?


L'industrie des armes portatives à Saint Étienne 1777-1810. L'inévitable mécanisation ?
https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2007-1-page-171.htm#pa5

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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'Empire libéral.
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Message Publié : 06 Avr 2022 4:48 
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Jean Froissart
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Voila aussi quelques indications avec un seul chiffre sur les fusils mais concernant les arsenaux royaux d'avant la révolution.

Tiré du site suivant : Site d'Eric Denis

Citer :
La mobilisation industrielle

Le recrutement des troupes et l'organisation des armées ne sont pas les seules tâches du comité du salut public. Il lui faut encore armer, équiper et ravitailler les énormes masses d'hommes qu'il a levées. A son entrée au comité, Carnot trouve une situation critique. Si la quantité de canons est bonne, les fusils risquent de manquer. Des 700.000 fusils qui existaient dans les arsenaux royaux, la plupart ont disparu sur les champs de bataille.

Carnot procède alors à une véritable mobilisation industrielle et des arsenaux sont créés loin des frontières. Le corps du génie est institué en octobre 1793. Le rôle des autorités locales, d'abord prépondérant, est réduit au profit de la "commission centrale de fabrication des armes et poudres" en février 1794. On assiste également à une véritable réquisition des savants. Monge réorganise la métallurgie et la livraison des projectiles est quintuplée. Berthollet rénove la fabrication des poudres, passant de 3 à 17 millions de livres par an. Chappe organise les transmissions et on verra apparaître une montgolfière sur le champ de bataille de Fleuras. Cette mobilisation des plus hautes autorités scientifiques au service de la défense nationale n'est pas un des phénomènes les moins caractéristiques de la révolution française.

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L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
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Message Publié : 06 Avr 2022 6:22 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Oulligator a écrit :
Sans répondre totalement à votre question, l'article ci-après parle de la fabrication, et de la lente mécanisation de la fabrication des armes "portatives" pendant la période révolutionnaire à Saint-Étienne. Je n' ai pas tout lu. Il n'y a pas de chiffre du nombre d'armes fabriquées ni le ryhthme, mais il y a peut-être des choses qui sont susceptibles dde vous intérreser. C'est dans le cadre d'un cours de spécialité sur la guerre en Terminale ?


L'industrie des armes portatives à Saint Étienne 1777-1810. L'inévitable mécanisation ?
https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2007-1-page-171.htm#pa5


Merci, je vais lire ça. C'est en effet le cours de terminale qui m'amène à m'interroger (de même que celui de première).
Je suis resté centré sur les aspects théoriques dans les motivations de la guerre et ce que cela change dans la pratique. Mais ces considerations très techniques me dépassent largement. Et on ne sait jamais quelles questions on va avoir. :wink:

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Message Publié : 08 Avr 2022 23:43 
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Thucydide
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Histoire de l'infanterie en France, (Belhomme), disponible sur Gallica, donne les éléments suivants :

Au 1er janvier 1792, l'armée régulière de ligne comptait 110 000 hommes et 90 000 gardes nationaux levés en juillet 1791. Il y avait alors 245 460 fusils disponibles dans les arsenaux, pour la plupart fabriqués avant 1790.
Au delà des arsenaux de l'armée, il existe des réserves de fusils pour les gardes municipaux, les gendarmes, et différents corps francs disséminés sur le territoire. Leur nombre n'est pas déterminé mais peut être estimé à 30 000.
Les 3 manufactures royales (manufactures d'Alsace, de Charleville et de Saint-Etienne) sont en capacité de produire 5 000 fusils par mois, soit 60 000 par an.

Lorsque le 11 juillet 1792 l'assemblée constituante déclare la partie en danger et lève 90 000 hommes supplémentaires, elle augmente le nombre des ouvriers des manufactures, créé une nouvelle manufacture à Moulins et créé un atelier de réparation des fusils à Paris. La production est alors portée à environ 8000 fusils/mois
Mais évidement, cela ne suffit pas. Les hommes arrivent avant les fusils. Il est alors décidé de priver tous les gardes municipaux de leurs fusils, ainsi que les artilleurs et officiers qui se voient confier des pistolets. Mais cela ne suffit toujours pas. Alors on distribue des piques... Je crois avoir lu quelque part que à la bataille de Valmy un homme sur trois n'avait pas de fusil.

Toutefois le fusil ne représente qu'une petite partie de l'effort industriel pour faire face à de telles levées en masse. La levée en masse des gardes nationaux se fait aux frais des départements qui doivent procéder au recrutement, à leur habillement, armement et transfert jusqu'au dépôt de l'armée où le soldat est ensuite pris en charge par l'armée.
Pour donner une idée du poids économique (et donc de l'effort industriel sous-jacent) le cout de la levée d'un garde national est :
- fusil : 30 livres
- équipement (havresac, giberne, fourreau de baïonnette et bretelle de fusil) : 23 livres
- artillerie : 2 livres (1 canon de 4' par 800 hommes)
- recrutement et casernement : 2 livres
- nourriture (les frais de nourriture avant l'arrivée au dépôt sont à la charge des municipalités) : 54 livres
- habillement : 111 livres

On le voit, c'est donc l'habillement, (uniforme et chaussures) qui coute le plus cher et nécessite le plus d'effort industriel.

Globalement, tout au long des guerres de la Révolution et de l'Empire, la production de fusil, poudre et canons n'a jamais posé de réels problèmes, au delà des problématiques ponctuelles de logistique pour acheminer les armes jusqu'au lieu des combats.
Par contre, la fourniture d'uniformes et de chaussures ne sera jamais à la hauteur des besoins.


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Message Publié : 09 Avr 2022 12:36 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Localisation : Limoges
Très intéressant merci. J'ai lu il y a longtemps qu'il y avait eu des problèmes d'acheminement des matières premières pour teindre les uniformes à cause des britanniques, quelqu'un peut confirmer ?

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Message Publié : 09 Avr 2022 15:46 
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Jean Froissart
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Inscription : 23 Déc 2004 18:02
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Localisation : Généralité de Riom & Bourbonnais
Il me semble que c'est un problème qui fait débat autour de la réintroduction de l'habit blanc en 1807 et du blocus continental sous Napoléon

sous la Révolution il y'a les histoires de la teinte des uniformes qui concernent le stock de 17 710 habits rouges d'infanterie britannique capturés à Quiberon en 1795 (plus 5000 de cavalerie), qu'il a fallu pour des raisons évidentes reteindre en noir brunâtre, et qui sont passés aux 1ère et 2e Légion des Francs (cette dernière composée de récupérés Chouans ou Vendéens envoyés à la conquête du Pays de Galles en 1797)

Citer :
Lorsque le 11 juillet 1792 l'assemblée constituante déclare la partie en danger et lève 90 000 hommes supplémentaires, elle augmente le nombre des ouvriers des manufactures, créé une nouvelle manufacture à Moulins et créé un atelier de réparation des fusils à Paris. La production est alors portée à environ 8000 fusils/mois

et même au delà de Moulins d'autres Manufactures qui n'ont existé que la sous la Révolution ont été créées, ainsi à Clermont et Thiers

Citer :
Mais cela ne suffit toujours pas. Alors on distribue des piques... Je crois avoir lu quelque part que à la bataille de Valmy un homme sur trois n'avait pas de fusil.

il y'a même des anachroniques Bataillons entiers de Volontaires de Piquiers comme aux siècles passés

https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ ... download=1
Nous avons pu identifier de façon formelle 4 bataillons de piquiers de 1792
. L’un d’entre eux – le 14e Bataillon de Paris – n’a pas versé son registre aux archives, pour une raison inconnue. Il nous faut donc l’ignorer.
Une autre unité – connue sous le nom de « 10e bataillon de piquiers » – est signalée dans les « situations » de l’Armée du Nord. Mais ce n’est certainement pas une unité régulièrement constituée
dans la mesure où elle ne figure dans aucune archive ministérielle. Notre hypothèse est qu’il s’agit d’un bataillon formé par les services de l’armée du Nord, afin de rassembler les débris d’autres unités – comme cela se pratiquait habituellement, sous le nom de « bataillons de réserve ». Ce type de formation est provisoire. Le 10e de piquiers disparaît d’ailleurs des états après le 30 juin 1793.
Restent deux bataillons, formés en octobre 1792 : le 6e et le 7e bataillons de la Somme. Leurs registres de contrôle ont été conservés. Il nous est donc possible de suivre ces unités, de savoir à quels
combats elles ont participé et comment elles ont été employées.
En 1793, il n’avait pas été prévu de constituer des bataillons de piquiers avec les levées en masse. Les difficultés matérielles, la pénurie en fusils, en ont décidé autrement. Il est donc impossible de trouver ailleurs que dans les « correspondances » ou dans les « situations » mention de ces unités armées de piques de manière informelle.


et sans doute plus que 4 puisque j'ai en mémoire le « Bataillon de Piquiers de la Réole »(9e bis de la Gironde) et il est question de la formation de 2 bataillons dans le Pas-de-Calais

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"A moi Auvergne"


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Message Publié : 09 Avr 2022 16:28 
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Jean Froissart
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Inscription : 23 Déc 2004 18:02
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Localisation : Généralité de Riom & Bourbonnais
Citer :
. L’un d’entre eux – le 14e Bataillon de Paris – n’a pas versé son registre aux archives, pour une raison inconnue. Il nous faut donc l’ignorer.

l'histoire du 1er Bataillon de Piquiers/14e Bataillon de la République est renseigné ici
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... /f357.item

Image

il est vrai que la pique est omniprésente dans l'iconographie Révolutionnaire
Image
Pièce jointe :
piquier.jpg
piquier.jpg [ 218.27 Kio | Consulté 5417 fois ]


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Message Publié : 13 Avr 2022 13:09 
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Inscription : 27 Avr 2004 17:38
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Localisation : Région Parisienne
Je me demande si les piquiers allaient à la guerre, il y avait belle lurette qu'ils avaient disparu dans les armées.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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