Je pense que vous partez d'une mauvaise prémice. Dès qu'on sort de l'organisation tribale, la production agricole cesse d'être un facteur limitant, par rapport aux difficultés d'organisation et de logistique pour rassembler et ravitailler des armées de plusieurs dizaines de milliers d'hommes. Il ne faut pas se laisser abuser par les chiffres. 800000 (et c'est une fourchette haute), pour le monstre démographique qu'est la France à l'époque, c'est 3% de ma population, une proportion largement inférieure à la population urbaine. D'autant plus que la mécanique de tirage au sort et de rachat de numéro fait que ce sont les éléments les moins motivés à la vie des champs qui partent.
Ceci dit, c'est vrai que depuis l'Antiquité, la production s'est accrue avec les défrichements : le xixe siècle, c'est 10% de forêts. Outre les avancées du Moyen Âge (charrue, collier d'épaule), il y a au xviiie siècle de nouvelles cultures comme les plantes fourragères qui permettent de supprimer les jachères. On attend encore la patate, qui se répand lentement. Les famines ont disparu. De mauvaises récoltes peuvent toujours engendrer la disette locale, mais depuis Louis XIV, l'administration essaie tant bien que mal de faire ravitailler les provinces démunies par celles qui dégagent du surplus.
Enfin, pour les armées révolutionnaires et napoléoniennes, rappelons que quand l'intendance ne suit pas, elles se permettent de vivre sur le pays occupé ce qui simplifie les choses.
_________________ Qui contrôle le passé contrôle l'avenir. George Orwell
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