Alain.g a écrit :
Quand Louis XVI accède au trône en 1774, sa première décision est de se séparer de Maupeou et de rappeler les anciens parlements, un geste de conciliation perçu comme une victoire des Parlements, dont on connait les conséquences sur le régime et l'histoire.
Le malheureux pensait ainsi faire un geste libéral en direction de son peuple.
Ce qui est un contresens complet : les parlementaires, nobles de robe de par leur fonction, ne revendiquaient que pour s'attribuer une partie du pouvoir, se souciaient du peuple comme d'une guigne, et l'expérience du règne de Louis XV avait montré que leurs revendications n'avaient pas de limite.
Louis XV leur avait déclaré la guerre à la suite d'un "mot de trop" dans une remontrance du parlement de Paris, s'adressant à lui en évoquant "le pouvoir qu'il tenait de la nation." Fureur du roi, qui ne tient son pouvoir que de Dieu et n'en est pas comptable devant le parlement. Cela à une époque où certains parlements de province entretenaient une véritable campagne de désobéissance, comme à Toulouse où le parlement avait déclaré d'arrestation le gouverneur du roi en personne, lequel ne se déplaçait plus qu'entouré de sa garde, de crainte d'être arrêté par les sbires du Parlement. Bref, l'anarchie.
Maupeou y avait mis un terme en "licenciant" les parlementaires, les remplaçant et les ramenant à leur attribution première, qui était d'exercer la justice, avec des réformes parfaitement raisonnables, celles qu'à indiquées Alain, qui simplifiaient grandement l'accès à la justice pour les particuliers et mettaient fin aux abus liés à une justice où les justiciables devaient payer les juges, source de procès interminables, sans parler du fait que le ressort du parlement de Paris s'étendait auparavant jusqu'en Bourgogne et je crois même jusqu'à Lyon, ce qui rendait infernal le recours à la justice dans ces régions.
Louis XVI arrivant au pouvoir, les anciens parlementaires et certains parlements de province ont relancé la contestation pour tester son autorité, et le malheureux, impressionné par "ce mécontentement du peuple" et mal conseillé par une partie de la noblesse, pensa faire un geste qui serait bien perçu par le peuple en les rétablissant dans leurs anciennes prérogatives. C'était mettre la main dans un engrenage sans fin, en particulier dans le domaine fiscal où les parlementaires prétendaient contrôler le droit royal à lever des impôts. (En réalité il s'agissait à la fois de limiter les ressources royales et de préserver leurs privilèges fiscaux ainsi que ceux de la noblesse - d'où la solidarité de celle-ci.)
On voit bien que Louis XVI se passait ainsi la corde au cou, sans bénéfice pour le peuple, et s'interdisait la possibilité de lever un impôt universel. La contestation menée par les parlements n'allait plus cesser de s'amplifier, tout en bloquant toute réforme, notamment fiscale.
Quand je disais qu'il n'avait pas été formé en préparation de son métier de roi....
Et c'est bien ce problème fiscal qui allait mener à la révolution, puisqu'en 1789 c'est pour rétablir les finances de l'état, appauvri et surendetté, que Louis XVI convoque les états généraux, espérant ainsi passer par dessus la tête des parlements.