Bonjour, Je ne connais pas particulièrement la problématique de la guerre d'Indépendance et l'approvisionnement des insurgés, mais pour les poudreries françaises du 18e c'est le salpêtre qui faisait régulièrement défaut. Les quantités de souffre à disposition en Italie étaient inépuisables, facilement accessibles et stockables, même si il y eut par période des difficultés d’approvisionnement .
La fabrication de la poudre commence par la collecte des trois constituants : le salpêtre, le charbon de bois et le souffre. La poudre destinée à l’artillerie se compose à cette période de 75 % de salpêtre, 12,5 % de souffre et 12,5 % de poussière de charbon de bois.
Le charbon de bois est facile à obtenir, même si l’on utilise que certaines variétés d’arbustes. En France, on utilise exclusivement le bois de bourdaine, l’ordonnance du 4 avril 1686 en réserve l’exploitation et l’usage exclusif au profit des fabricants de poudre. En Allemagne, c’est plutôt le bois de coudrier qui est préféré.
Le soufre est importé en France à partir des mines des régions volcaniques du sud de l’Italie : Naples, Sicile… La matière brute "soufre de roche" est expédiée à Marseille, Aix où il est purifié pour obtenir de la fleur de soufre. Après purification, il est stocké sous forme de rouleaux appelés magdalons.
Le salpêtre est l'élément principal de la poudre, aussi le pouvoir royal s’est très vite emparé du contrôle de la récolte du salpêtre. Le salpêtre ou sel de pierre est un nitrate de potassium produit à partir par la dégradation des matières organiques par certaines bactéries qui se développent en milieu humide et en présence du carbonate de potassium, comme les murs de calcaire, de briques ou de mortier. Il se trouve de façon naturelle dans les zones humides des bâtiments telles que les caves, et encore plus s’il y a des excréments comme dans les écuries et les étables. Les salpêtriers ont un pouvoir très important, ils peuvent visiter l’ensemble des maisons et bâtiment du Royaume. C’est un domaine où il n’y a pratiquement aucun passe-droit ou privilège, toutes les dépendances d’un cloître ou d’un château leurs sont accessibles. Et Paris, qui est la plus grande agglomération du royaume, est le premier centre de production de salpêtre de France. Quand les salpêtriers se déplacent, ils en informent les communautés et les magistrats, qui doivent les loger, les chauffer et leur fournir un local et du bois pour que les salpêtriers y installent leur chaudière pour « faire les cuites » ; c’est-à-dire purifier, filtrer, dégraisser et dessaler le salpêtre. Il faut au moins trois filtrations successives, certaines à chaud pour obtenir le précieux nitrate. Toute démolition de mur, de maison ou de bâtiment ne peut se faire tant que le salpêtrier ne soit passé récolter les matières salpêtrées. Les salpêtriers, leurs enfants et leurs ouvriers sont exemptés de milice ou du logement des gens de guerre, ils bénéficient de fort allègement sur certaines taxes comme la taille. Notons aussi que la purification du salpêtre produit un résidu : du sel de salpêtre, que les Édits qui règlent les gabelles du royaume appellent sel immonde. Afin d’en empêcher tout trafic, les salpêtriers son tenus de le submerger, c’est-à-dire de le déverser dans les rivières, sous peine d’être condamnés comme faux-saulniers.
La ferme des poudres, qui vend au Roi la poudre finie à un prix convenu, n’avait pas d’intérêt à développer la nitrification et la production de salpêtre en France qu’elle payait à un tarif réglementé. En cas de besoin elle préférait se fournir en salpêtre moins cher, importé des Indes en particulier. Pas plus, elle n’a soutenu la recherche et le développement de la production artificielle de salpêtre. À la différence d’autres pays comme l’Angleterre, en France la culture du salpêtre dans des nitrières ne sera exploitable qu’à partir de 1775-1780, après que le service des poudres et salpêtres soit mis en Régie (Lavoisier) . Durant la guerre de succession d’Autriche et la guerre de Sept Ans, il sera nécessaire d’augmenter l’importation de salpêtre des Indes, mais avec les difficultés croissantes d’approvisionnement par la perte de maîtrise de la mer. Vers 1775, on sera obligé de faire venir de la poudre Hollande que la France payait alors très cher.
Cela ne répond pas directement à votre question, mais le soufre ne semblait pas être le facteur limitant de la production de poudre à cette période, et je ne trouve pas d'autre source d’approvisionnement que l'Italie dans les traités français sur la poudre du 18e siècle.
Peut être les zones volcaniques d’Amérique du sud ? Mais les insurgés avaient-ils des moulins de poudrerie ?
JL
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