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D’abord, dans ces années 1760, les loups étaient très nombreux dans ces régions, et les attaques, et les décès qui s’ensuivaient. N’en déplaise aux aimables amoureux de ces braves bêtes, elle représentaient, et représentent, un véritable danger pour des personnes isolées se retrouvant face à elles, surtout en meute affamée. Le loup n’attaque pas l’homme en priorité, mais les cas contraires sont assez fréquents, et les victimes souvent des enfants (bergers), des jeunes filles, des vieillards : les humains les plus faibles.
Quelles sont vos sources ?
Car cela va à l'encontre, non seulement des affirmations des spécialistes de l'espèce (qui ne sont pas forcément des "amoureux de ces bêtes" avec la nuance d'irrationnel que cela implique) mais aussi des us et coutumes d'alors, d'après ce qui ressort des documents d'époque étudiés dans l'ouvrage dont j'ai parlé.
A cette époque, avant l'arrivée de la Bête, de très jeunes enfants sont affectés à garder les troupeaux, seuls. L'arrivée de la Bête change la donne et fait entrer la terreur à leur sujet dans les foyers, ce qui signifie qu'elle n'y était pas avant. La Margeride du XVIIIe, ce ne sont pas non plus les steppes glacées du Canada, les loups n'y règnent pas en vastes meutes, c'est l'homme qui est omniprésent, l'homme et son fusil : bien présent le fusil, comme on le voit aux documents relatifs aux premières battues à la Bête. Le loup n'est plus le chef depuis longtemps, ceux qui ne l'ont pas compris en sont morts.
Bref, les documents d'époque analysés par François Fabre traduisent, tout d'abord, la stupeur de la population face à cette apparition d'une bête mangeuse d'hommes, peu compréhensible de la part de gens habitués à faire face à la menace régulière de loups tueurs, même d'occasion. Et ce sont les témoins d'époque, les survivants, qui sont les premiers à rejeter l'hypothèse du loup, pas Dieu sait quels "écolos farfelus" de la 2e moitié du XXe. Si les loups étaient effectivement nombreux dans le quartier, on ne peut balayer leur avis comme ça.