Je ne cesse de m'étonner devant le manque de sérieux professionnel de certains intellectuels et journalistes français, cette affaire d'Anacharsis en étant une illustration typique.
Ne connaissant rien à la société américaine, ne parlant pas bien ou pas du tout anglais, ils se permettent néanmoins de porter des jugements tranchés sur tel ou tel aspect de la culture américaine sans faire les plus élémentaires recherches sur leur sujet, faisant ainsi des erreurs de décodage grossières.
On vient d'en avoir un exemple sur le SG avec ce qu'alain rapportait avoir entendu sur LCI au sujet de Barack Obama: des journalistes de cette chaine taxaient le président d'avoir "fait le pitre" (si alain rapporte bien les termes utilisés par ces journalistes) lors d'un gala de charité, le Alfred Smith Dinner.
En fait, Obama (et Romney aussi) s'étaient livrés à un "roasting", une sorte de séance satirique ou les hommes de pouvoir jouent à descendre pour un soir de leur piédestal en se moquant gentiment d'eux mêmes et de leurs collègues.
Loin d'être des pitreries, c'est un rituel typiquement américain, une sorte de piqure de rappel de la démocratie qui vise a ramener sur terre les politiciens qui seraient tentés par l'hubris; c'est un moment typique de la vie politique US, et les Américains seraient profondément choqués d'entendre des journalistes qualifier ce rituel de pitrerie (et leur président de pitre).
Complet contresens donc, révélant que ces journalistes, littéralement, ne savent pas de quoi ils parlent, et ne se sont pas donné la peine de le savoir, jugeant acceptable de faire un commentaire "de chic", de la critique d'humeur , une pure opinion subjective fonctionnant sur la projection qui ne renseigne que sur eux et leurs obsessions et non sur ce qui est commenté.
Même chose dans la critique absurde d'Anacharsis: clairement, en plus d'une rivalité entre éditeurs, le critique n'aime pas le livre de Gwynne parce qu'il croit y voir une expression de sa vision très négative d'une certaine Amérique: Républicaine, d'extrême-droite, bushiste, néo-conservatrice, raciste, obscurantiste, défendant encore des concepts réactionnaires comme celui du destin manifeste de l'homme blanc à civiliser les "barbares" --et à s'approprier leurs terres, etc.
Cherchant avant tout a corroborer son antiaméricanisme primaire, le critique déforme systématiquement ce qu'écrit Gwynne pour le faire correspondre à ce stéréotype négatif.
Le problème est ici encore le manque de professionnalisme de sa démarche: j'aurais à écrire un tel article, avant d'accuser le livre d'être réactionnaire et obscurantiste, je commencerais par me renseigner sur son auteur: qui il est, ce qu'il a fait, ce qu'il a écrit et pour quels journaux, quelle est sa couleur politique.
Visiblement, ce travail de recherche et de vérification d'information, condition d'une critique déontologique, n'a pas été fait.
S'il l'avait fait, il aurait découvert que Gwynne a pas mal écrit pour le NY Times, qui n'est pas exactement un journal républicain. Il aurait appris que l'auteur de "Empire of the Summer Moon" a pas mal écrit sur les Républicains et les néoconservateurs, mais souvent d'une façon très critique.
Ci dessous un article qu'il a écrit sur Dick Cheney:
http://groups.yahoo.com/group/she-who-r ... ssage/3002C'est un autre exemple d'analyse purement projective et subjective, et il aurait été préférable de faire ce genre de vérifications avant de le poster.