De plus, dire que les langues parlée soient exclusivement européennes est un peu exagéré.
La nahuatl par exemple, parlé dans le Mexique précolombien, fut utilisé par les espagnols pour l'évangélisation, fut retranscrit en alphabet latin, sa grammaire établie avant celle du français, et relativement préservé durant la première partie de la période coloniale.
Ce n'est qu'au XVIII siècle qu'il fut interdit de l'utiliser (comme langue publique, on se doute bien qu'on allait pas mettre un espagnol dans chaque famille indienne histoire de voir si elle respectait la loi).
Même avant cela, quand on veut faire partie des élites, on apprenait la langue du vainqueur. Il n'y avait pas besoin de forcer la main, c'était dans l’intérêt bien compris de ceux qui voulaient obtenir et/ou conserver leur position. De plus le mépris des métis pour les natifs a dû jouer dans le rejet de cette langue.
Néanmoins, avec 2 millions de locuteurs (ce qui au Mexique est un petit nombre, je l'accorde) et avec un statut de langue officielle, le Nahuatl n'est pas précisément disparu.
De même, l'acculturation forcée des Nord-Amérindiens aux Etats-Unis est somme toute récente et répond à des impératifs d'état moderne et non pas à de la colonisation.
Le vrai glas de la langue, c'est la modernisation, l'apparition d'états-nations qui ne tolèrent guère l'usage d'une langue autre que celle administrative : on a de nombreux exemples en France sans aller chercher ailleurs.
Pour le christianisme, c'est un peu différent selon l'époque et le lieu.
La religion a effectivement été promue et imposée, très rapidement, par le pouvoir espagnol car cela lui permettait d'avoir une certaine emprise sur la population. N'oublions pas que la conquête du Pérou et du Mexique se situe dans la droite de ligne de la Reconquista où expansion militaire et politique étaient liés à la promotion du catholicisme.
Et bien sûr, la promotion sociale a joué un rôle important dans la diffusion de la religion dans la mesure où il était impensable d'avoir un rôle notable sans être baptisé. De plus la religion chrétienne offrait une protection politique aux indigènes contre des colons qui prétextait de leur paganisme pour les garder sous leur domination : l'exemple le plus connu est celle des communautés jésuites du Paraguay.
On peut tout de même se poser la question de la christianisation effective de la population : l'association entre figures chrétiennes et religions mésoaméricaines se voit encore de nos jours. On ne va pas faire la liste, mais voici un lien intéressant.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1948_num_3_3_1646Les conversions forcés, car elles ont existé, sont généralement des échecs : les populations embrassaient en apparence le christianisme et conservaient leurs rites, tout cela finissant au mieux dans un syncrétisme original, ou un retour aux anciennes pratiques dès que possible.
Sans rendre le tableau meilleur qu'il ne l'était (et il y a de quoi y trouver du noir, ne serait-ce que le travail forcé), force est de reconnaître que les Espagnols, malgré les efforts de plusieurs groupes, n'ont pas exterminer la culture indigène mais l'on seulement "minorisé" que ce soit consciemment ou indirectement.
La situation en Amérique du Nord est différente. Prenons l'exemple du Canada (
http://atheisme.free.fr/Contributions/Amerindiens.htm), on voit qu'évangélisation est associé par les Iroquois au fait qu'ils vont apprendre des techniques européennes mais que la conversion en masse est un échec, principalement parce qu'elle n'est pas forcée.
On voit aussi que l'acculturation d'indiens qui conservaient leur mode de vie au milieu des communautés européennes est un fait moderne, non colonial.
Ceci dit, quelqu'un ayant étudié la question pourra me dire si je dit des bêtises