Almayrac a écrit :
En fait un malheur n'arrive jamais seul et il y a un aspect multifactoriel :
Le départ est un changement climatique modifie l'hydraulique des canyons, il s'ensuit un mécanisme d'érosion rapide qui dégrade les terrains agricoles. La société anasazi la plus importante est celle de Chaco Canyon (600 après J.-C jusqu'à 1150/1200). Son effondrement, et en particulier celui du grand centre religieux de Pueblo Bonito dont on voit des traces d'affrontements violents signe le début d'une réaction en chaine qui abboutit à une succession d'effondrement : les Mimbres, vers 1130 après J.-C, les habitants de Chaco Canyon, de North Black Mesa et les Anasazis de la Virgin River au milieu ou à la fin du 12e siècle ; les habitants de Mesa Verde et les Anasazis de Kayenta vers 1300 ; le peuple de Mogollon vers 1400 ; et, peut-être aussi tardivement qu’au 15e siècle, les Hohokams, réputés pour leur système élaboré d’agriculture irriguée.
http://www.matierevolution.org/spip.php?article2321.
Oui Almayrac, tout ce que vous rapportez là sur les civilisations Anasazi, des Mogollons (voire des Hohokams) me semble tout à fait juste et précis...mais quel lien exact voulez vous établir avec l'étude au LIDAR de Liebmann portant sur la désertification ayant frappé 18 villages d'indiens Pueblo-Jemez entre 1620 et 1680 ?
Almayrac a écrit :
Après il y a un exode... ?
Exode des populations Anasazis ou des Mogollons
peut-être ! ceci n'étant qu'une supposition car tout ce que l'on peut affirmer c'est qu'il y a abandon de certains de leurs "territoires" et sites de peuplement (la majorité et les plus emblématiques mais non la totalité), et cet abandon ou dépeuplement peut être du à un exode partiel ou total de population mais peut aussi bien être expliqué par des famines, sécheresses, épidémies, guerres intestines ou catastrophes naturelles successives ou concomitantes ayant entrainé une mortalité de plus en plus croissante (au fil du temps et des générations) et une décroissance en retour de ces mêmes populations initiales.
Almayrac a écrit :
puis une colonisation
Une colonisation de quel espace et par qui ?...des sites Anasazis et des Mogollons à partir du XII / XIIIe s. par des populations d'indiens Pueblo (Zuñis, Hopis, Jemez etc...) ? il y a plutôt, ce me semble, occupation d'un espace ou territoire vide ou en train de se vider, et que cette occupation doit plutôt s'opérer par hybridation ethnique et génétique et acculturation de la nouvelle population Pueblo arrivante par ce qui reste de populations Asanazis ou Mogollones inférieures en nombre d'individus mais culturellement supérieures par leurs mode de vie, productions ou prestige. De plus, parler de colonisation des Anasazis (ou Mogollons) par les Pueblo alors que ces derniers ne vont pas occuper les anciens sites emblématiques que vous citiez (Pueblo Bonito, Mesa verde...) ni majeure partie de ce territoire, me semble être un "abus de langage" (si vous voulez bien me permettre ce qualificatif ? )
Almayrac a écrit :
des regroupements
De ce qui reste des Anasazis et Mogollons avec les Pueblo ?...très probablement !
Almayrac a écrit :
et des épidémies qui suivent naturellement ces brassages de population..
Peut-être, mais ce point reste à démontrer et on ne peut que le supposer...
Almayrac a écrit :
Lorsque des populations isolées pendant 5 siècles dans des systèmes géographiques extrêmement fragmentés se retrouvent, il me parait normal qu'il y ait des épidémies en dehors de tout apports exogènes.
Mais d'où tenez vous que les populations amérindiennes d'Amérique du nord (et même centrale) soient restées isolées les unes des autres (culturellement, génétiquement...) pendant 5 siècles ? et pourquoi 5 siècles d'ailleurs ?...Il me semble Almayrac, que vous imaginez là un scénario où une civilisation et population amérindienne (celle des Anasazis par exemple) ait connu tout son développement culturel et génétique sans aucun échange et brassage, comme isolée sur une île, durant "X" siècles et soudainement un beau jour une autre population amérindienne arrive sur ce territoire isolé qu'elle ne connaissait pas et avec qui elle n'avait jamais eu le moindre échange auparavant pour expérimenter un sacré choc non seulement biologique mais également culturel. Alors, ce scénario que vous imaginez là a bien eu lieu mais c'est celui qui se déroulera entre populations amérindiennes et européennes, non entre populations amérindiennes entre elles, du moins probablement pas entre Anasazis et Pueblos qui comme scénario d'inter-actions génétiques en panmixie et culturellement ouvert se situe plus et mieux dans un temps long: cad qu'au cours de "X" siècles des populations Pueblo en provenance des grands lacs du nord du continent ont effectué une migration vers la région des Four Corners finissant au cours des générations par s'y installer définitivement.
Almayrac a écrit :
Ensuite viennent se rajouter les méfaits de la colonisation : acculturation, conversion forcée, contact avec des organismes pathogènes européens, famines. On peut disserter à l'infini sur le poids relatif de ces différents cataclysmes sur la démographie. Mais pour moi c'est assez accessoire et difficile à prouver. Que le nombre d'arbres qui pousse soit inversement proportionnel au nombre d'habitant me laisse un peu dubitatif (Dans ce cas l'ére Edo au japon aurait été un massacre alors qu’il s’agit d’un reboisement actif)
Et là, en revenant à la "colonisation espagnole" et ses effets sur les populations Pueblo (puisque c'est aux résultats de l"étude au LIdar que vous vous référez..) je ne peux que vous rejoindre en concluant que définitivement on ne saurait rien déduire à partir de celle-ci sur les causes de la désertification ayant frappé les 18 sites Pueblo-Jemez (et que cette cause soit le choc microbien, le travail forcé, le regroupement des populations vers d'autres sites ou la déstructuration ou destruction des tissus et liens sociaux et économiques traditionnels).
Almayrac a écrit :
Ce que je retiens c'est qu'à peu près partout les conquistadors arrivent alors que les différentes sociétés amérindiennes connaissent des crises extrêmement difficiles. Ce qui explique qu'ils leurs suffira de quelques centaines de guerriers pour vaincre ces empires et provoquer des millions de morts.
Feriez-vous peut-être aussi bien de considérer, que tout au long des XVIe, XVIIe, XVIIIe et même XIXe siècles les rencontres eurent lieu non seulement entre espagnols (qui ne furent pas toujours des conquistadors même lors des premières rencontres), européens (car portugais, français, et anglais y prirent également part) et populations amérindiennes sur l'ensemble du territoire américain mais que ces sociétés amérindiennes connaissaient des situations et contextes extrêmement différents les unes des autres allant de civilisations en crise ou stables mais culturellement avancées et hégémoniques (empires Aztèque et Inca, cités-états Maya), communautés à peine émergentes du stade néolithique (Taïnos, Arawaks...), populations nomades ou semi-nomades des grandes plaines du continent nord-americain ou celles des jungles amazoniennes d'Amérique du sud et que le bouleversement démographique qui va se produire sur cet espace américain sur un temps de 4 siècles n'est qu'en toute petite partie attribuable aux quelques centaines d'individus ouvrant la voie (de manière sanguinaire certes) par leurs explorations au choc entre ancien et nouveau monde.