baudolino a écrit :
Non, ce n'est absolument pas la même chose. Si le but est de tuer, peu importe la méthode, tous les coups sont permis.
Faire un prisonnier est plus difficile dans une bataille rangée ! Le combattant s'expose davantage. Et là, la différence d'armement - même réduite en nombre - en est amplifiée d'autant ! (une explication n'annule pas les autres, bien évidemment !)
Je pense aussi que la différence des buts de guerre a induit des modifications dans les tactiques de combat groupées. En effet, pour capturer un prisonnier ne peut être l'oeuvre que d'un homme seul ou d'un petit groupe qui tente d'isoler un ennemi, puis de le maîtriser.
Les troupes n'attaque pas en rang serré, pour laisser la place aux combattants pour combattre, et ménager des espaces par où les groupes de première ligne peuvent s'éloigner avec leurs prisonniers.
A mon avis, ces dispositions devaient annuler une grande partie de l'avantage du nombre, en empêchant l'effet de masse dont bénéficiait les phalanges grecque et les impis zoulous.
Si chaque combattant est préoccupé de faire son duel particulier pour récupérer son prisonnier, ou à la limite, si un groupe d'une dizaine de guerriers recherche une victime sans se préoccuper des autres, il ne peut y avoir d'attaques coordonnées comme avec les légions romaines, en gardant des unités en réserve, en 2e et 3e ligne.
De plus, il me semble qu'il ne pouvait être question de rester retrancher à cribler l'ennemi de projectils (mais là, je m'avance peut-être un peu).
Dans ces conditions, il me semble, si je suis mes hypothèses, que lors des guerres fleuries, une armée de 10 000 combattants devait chercher à s'étaler au maximum en tentant d'encercler l'armée adverse pour que le maximum de guerriers puissent prendre part à l'action, les combattants se répartissant en petits groupes sur quelques lignes (deux ou trois, voire une seule).
Il est donc compréhensible que face aux espagnols et à leurs alliés, les Aztèques se soit étalés pour leur faire face. Les Espagnols n'ont probablement eu directement en face d'eux qu'une fraction de l'armée, probablement 1000 ou 2000 hommes.
Avec cette tactique, ces hommes n'avaient aucune chance contre des Espagnols groupés en tercio - carrés de piquiers et d'arquebusiers - combattant épaule contre épaule, avec une petite cavalerie pour lancer des charges ponctuels. Ils n'ont pas dû avoir grand mal à mettre en déroute les troupes en face d'eux. La défaite de ces derniers auraient alors certainement entraîné la retraite du reste de l'armée.
Ce scénario a pu se reproduire plusieurs fois : même si chaque guerrier était au courant que les Espagnols ne suivaient pas les règles du jeu, on n'apprend pas du jour au lendemain les tactiques de combat groupés : les Aztèques auraient eu besoin d'un Gustave-Adolphe...