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La Guerre de l'Opium 1839-1842 de Julia Lovell
* qui présente un point de vue équilibré entre les deux parties et des références à la façon dont la mémoire de cette guerre est instrumentalisée aujourd'hui en Chine sans pourtant excuser le colonialisme britannique loin de là
les Chinois ont beau avoir inventé la poudre ce n'étaient vraiment pas des foudres de guerre et ils répugnaient toujours aux armes à feu dans cette guerre dissymétrique... à front renversé contre toute attente!...jugez en, sur le papier un Empire de 400 millions d'habitants dont en théorie environ un million de guerriers héréditaires (800 000 écrit-elle j'ai vu bien bien plus ailleurs, sur le papier toujours les supposés combattants s'étant dédiés à d'autres occupations plus pacifiques depuis des générations) face à quelques milliers de soldats et marins certes en avance technologique vus tout au plus comme des endémiques pirates de quelque peuple vassal inconnu...
les deux parties ignoraient à peu prés tout l'un de l'autre, mais cette ignorance mutuelle a largement plus profité aux Britanniques, la déliquescence de l'Etat la corruption des élites et leur recherche d'intérêts personnels pour les uns comme de profits commerciaux des autres, leur frustration exacerbée dans un système où l'accès, et nombreux échecs, aux concours élitistes de la fonction publique est une quête qui peut durer toute une vie même jusqu'à 100 ans passé en compagnie de son arrière petit-fils, la crainte de sanctions impitoyables a fait le reste, sans parler de l'incompétence notoire
les commandants faisant face aux britanniques furent virés les uns après les autres voire sanctionnés maquillant leurs défaites successives en victoires à l'Empereur jusqu'à que cela devienne trop compliqué à dissimuler même pour le lointain pouvoir central
l'un des ces nouveaux remplaçants de passage avait un plan imparable pour faire échec à l'intrusion des bâtiments modernes de la flotte britannique :
la collecte de pots de chambre des femmes pour les placer sur les jonques barrant le passage aux pirates et démons étrangers
...je pense inutile de préciser de ce qu'il advint de cette obstacle infranchissable et de ce brillant stratège...
cela me rappelle le même style d'état d'esprit qui a présidé au siège de Nanjing en 1854 lors de la guerre des Taïpings, un peu mieux que les pots de chambre ils eurent recours à celles qui s'en servaient...mais nues, c'est quand même plus classe
à Nanjing la garnison était indisciplinée, son moral était bas, de nombreux soldats étaient des fumeurs d’opium, et les notables qui dirigeaient la troupe étaient totalement incompétents, Enfin, le moral général était encore abattu davantage par les mauvais présages: deux officiels avaient rédigé et signé en commun une proclamation affichée en ville. Ils s’appelaient Tú 涂 et Chén 陳. En bas de l’affiche, cela sonnait comme túchéng 屠城 , c’est à dire “massacrez la ville” !
Beaucoup pensaient que les rebelles avaient des pouvoirs surnaturels (…). Au milieu du combat, les Taiping tombaient à genoux pour prier, alarmant les soldats Qing, qui pensaient qu’ils invoquaient à leur aide des esprits malins contre eux.”
Alors les défenseurs luttèrent contre la magie par la magie : ils amenèrent des femmes nues sur les remparts pour contrebalancer l’excès de yīn 陰 (désordre) à l’extérieur par plus de yīn (féminin) dans la ville. *Janvier 2017 : le premier train de marchandises reliant la Chine et la Grande-Bretagne ouvre la nouvelle route de la soie et témoigne du lien qui unit les deux nations depuis plus d'un siècle. Cette relation, pourtant, n'est jamais allée de soi. Dans les années 1830, les effets délétères sur la population de l'opium, massivement importé par l'Angleterre en Chine, inquiètent l'empereur. Sur son ordre, des tonnes de drogue sont détruites et les navires anglais immobilisés. Les Anglais répliquent par la force. Après trois années de guerres côtières meurtrières, le traité de Nanjing cède Hong Kong aux Britanniques et ouvre le commerce en Chine. L'ouvrage de Julia Lovell montre que, plus encore que les considérations stratégiques et commerciales, ce sont les stéréotypes racistes qui ont dicté les actions de chaque camp, et régissent leurs relations jusqu'à nos jours. Afin de déconstruire les clichés, l'auteur puise aux sources chinoises aussi bien qu'européennes, nous plongeant au cœur des batailles et traçant sur le vif le portrait de leurs principaux acteurs.