Bonjour
La présence de nombreux chevaux dans le mobilier funéraire de l’époque Han s’explique par le contexte historique. Les Chinois n’ont durant longtemps connu que des chevaux de petite taille de type mongol. La volonté de résister aux raids des nomades Xiongnu qui occupaient un vaste territoire s’étendant jusqu’au Sud de la Grande Muraille incita l’empereur Wudi (r.140-87 av. J.-C.) à chercher des alliances à l’ouest.
Les longs voyages d’un attaché au palais, Zhang Qian, de 139 à 126 et après 115, chez les peuples barbares permit des contacts avec les Wusun, ennemis des Xiongnu. Ils occupaient le Ferghâna (Tayuan), aujourd’hui en Ouzbekistan, et, plus au nord, le bassin de l’Ili, au sud du lac Balkhash. Les Wusun élevaient des chevaux racés et rapides, appelés souvent dans la littérature antique occidentale « caspiens » et vite dénommés par les Chinois « chevaux célestes », ou bien « chevaux qui suent le sang », peut-être en raison de leur robe truitée.
Le Ferghâna, soumis dès 102 av. J.-C. par le général Li Guangli, dut régulièrement verser en tribut annuel un contingent d’étalons destinés aux haras impériaux et acheminés en Chine avec de grandes difficultés. Le développement de la cavalerie, en partie sur le modèle barbare, fut favorisé par l’acclimatation du trèfle et de la luzerne nécessaires à la nourriture des bêtes. Les coursiers considérés comme des sortes d’apparitions divines, devenaient un symbole de la faveur du ciel et pour cette raison leurs représentations, furent inclus dans le mobilier funéraire.
Bien que plusieurs sites du Guangzhou, du Jiangsu, du Hubei, du Sichuan et du Gansu aient livré des chevaux en bois, ayant ou non conservés leurs pattes, la présence dans un musée occidental d’un coursier de grande taille et d’une telle qualité est exceptionnel. On notera la vigueur du modèle et la force expressive de la bouche, saisie, en plein hennissement.
Source = Les collections du musée Cernuschi
_________________ Hugues de Hador.
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