Chef chaudard a écrit :
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Et bien le débat "jusqu'où peut-on aller dans la simplification sous prétexte de vulgarisation" ne me semble pas inutile.
A mon avis, même une bribe d'information ( j'ose pas dire de Culture) diluée dans deux heures de téléréalité valent mieux que que pas d'information du tout, dans la mesure où on n'empêchera pas la téléréalité et que un peu vaut mieux que pas du tout.
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...c'était (mal formulé, concedo) un coup de gueule plus général contre ce corpus de baratin quand il sert à faire vendre un documentaire d'histoire. Ou quoi que ce soit, en fait. ça me gave, c'est tout.
J'abonde. Mais je trouve plus grave quand cela touche un livre à destination des historiens, comme le sus-cité "Mythe de la Guerre Eclair", dont les "billevesées" (voir plus haut) leurrent même des historiens compétents. Ce qui ne veut pas dire que le livre est mauvais, loin de là, particulièrement sur les opérations militaires, mais que son titre est une arnaque. La thèse défendue de la non-programmation de la guerre éclair contre la France étant "inepte", comme le souligne F. Delpla.
Combien de temps faudra-t-il pour que des personnes, par ailleurs qualifiées et de bonne foi, cessent de nous ressortir cette thèse stupide?
Pour ma part, j'abonde entièrement dans la vision exprimée par Cuchlain à propos d'une extrême simplification.
Cette série est très inégale. Et par de nombreux côtés, c'est la Seconde guerre mondiale au niveau de l'école élémentaire. Il y a de quoi se sentir un peu méprisé en tant que téléspectateur.
Je persiste dans ma position sur le fait qu'une extrême minorité des images projetées étaient inédites.
Ou alors entendons-nous sur ce mot. Pour moi, cela signifie qu'elles n'ont jamais été vues depuis leur tournage. Cela a peut-être un autre sens pour les producteurs de la série, on ne sait jamais.
Et ce n'est pas parce que vous n'avez jamais vu un plan particulier (ceux de la bataille de Midway) qu'il n'a jamais figuré dans un documentaire. En l'occurrence, ceux dont vous parlez ont été projetés pendant la guerre dans un film de propagande à la gloire de l'aéronavale américaine. Puis repris dans d'autres documentaires par la suite.
Dans la mesure où la plupart des documentalistes vont toujours aux même endroits pour sélectionner leurs images, vous pensez bien qu'il est illusoire d'en espérer trouver de nouvelles. Notez qu'il n'est pas impossible que les producteurs se soient fait
rouler par les centrales d'image. On peut tout imaginer.
Car le documentaire historique est une denrée rare en France, à l'étranger beaucoup moins, il est facile de faire passer des vessies pour des lanternes aux chercheurs nécessairement inexpérimentés.
Sur le plan de la "nouveauté", on signale la mixité des théâtres d'opération. Or de nombreux documentaires, dont des documentaires anglo-saxons réalisés pour le cinquantième anniversaire du début a guerre avaient déjà employé un récit de ce type. Donc nada de ce point de vue.
Par ailleurs, je ne sais pas ce qu'on entend par "non-programmation" de la guerre éclair.
Si par là, on parle d'une
intention de défaire les forces anglo-françaises rapidement, en quelques mois, alors effectivement cette intention a existé. Comme elle a existé en 1914 chez tous les belligérants.
Si par là, par contre, on entend un plan clair et précis associé à une doctrine écrite et éprouvée destinée à battre les forces alliées en trois semaines, là est l'erreur.
Car ces plans n'ont jamais existé, ni la doctrine associée. C'est ce que démontre Frieser dans une thèse qui n'a jamais été sérieusement contredite.
A plus d'un titre, cette série documentaire aurait pu être réalisée il y a vingt ans, car en effet, aucun compte n'est tenu des recherches récentes, comme si elles n'existaient pas.
Outre l'attitude des britanniques vis à vis de la guerre et de Churchill, ou le mythe du Blitzkrieg, on pouvait aussi citer l'attitude américaine dans la guerre, les relations Churchill-Roosevelt-de Gaulle, l'implication mieux connue de Vichy dans la collaboration notamment policière, une meilleure mise en perspective de l'ouverture du second front en face du front russe qui reste étonnamment marginalisé, l'importance de la stratégie alliée de bombardement stratégique sur l'Allemagne don l'effet a été le plus sensible dans l'organisation logistique, etc.
Il y a de bonnes choses dans le documentaire, on peut rassembler quelques bons passages, mais ils sont beaucoup trop rares. L'ensemble donne une impression mièvre, fractionnée et hachée (800 plans par épisode de 52 mn...), pâle.
On ne demandait pas une œuvre d'art, on demandait un documentaire.
Pour ma part, j'ai été déçu. C'est tout.