Nebuchadnezar a écrit :
Enfin, l'accusation de sorcellerie contre Hypatie fait plus penser aux Monty Python qu'autre chose ("A witch !")
C'est pourtant d'une source chrétienne que l'on tire cela:
Citer :
Jean, Evèque de Nikiou, Chronique 84 :
En ces temps là il y avait à Alexandrie une femme païenne, philosophe, nommée Hypathie, constamment occupée de magie, d’astrologie et de musique, séduisant beaucoup de gens par les artifices de Satan. Le préfet de la province l’honorait particulièrement, car elle l’avait séduit par son art magique : il cessait de fréquenter l’église, comme il en avait l’habitude ; il y venait à peine une fois par hasard. Et non seulement, il agissait ainsi en ce qui le concernait personnellement, mais il attirait auprès d’Hypathie beaucoup de fidèles et lui-même faisait bon accueil aux mécréants. Or, un certain jour, alors que, sur l’ordre d’Oreste, le préfet, qui suivait la coutume des juifs habitant Alexandrie, l’on donnait un spectacle, et que tous les habitants de la ville étaient rassemblés au théâtre, Cyrille, qui avait succédé comme patriarche à Théophile, cherchait à être exactement renseigné à ce sujet. Un chrétien, nommé Hiérax, homme instruit et capable, qui avait l’habitude de railler les païens, qui était dévoué au vénérable patriarche et recevait ses avis, et qui était versé dans la science de la religion chrétienne, ayant été aperçu au théâtre par les juifs, ceux-ci s’écrièrent : « Cet homme ne vient pas ici dans une bonne intention, mais pour apporter du trouble ! » Oreste, le préfet, qui haïssait les enfants de la sainte Eglise, fit saisir Hiérax et le fit battre publiquement au théâtre, quoique cet homme n’eut commis aucun crime. Cyrille fut très irrité contre le préfet non seulement à cause de fait, mais aussi parce qu’il avait fait mettre à mort un vénérable moine du couvent de Pernodj , nommé Ammonios, et d’autres moines. Le gouverneur de la province , ayant été informé de cet évènement, fit dire aux juifs : « Cessez vos hostilités contre l’Eglise ». Mais les juifs, qui se prévalaient de l’appui de cet autre magistrat qui était d’accord avec eux, ne tinrent aucun compte de cet avertissement ; puis, accumulant crime sur crime, ils complotèrent un massacre au moyen d’un guet-apens. Ils prirent avec eux des hommes et les postèrent pendant la nuit, dans toutes les rues de la ville, tandis que certains d’entre eux criaient : « L’Eglise de Saint Athanase l’apostolique est en feu ! Chrétiens, au secours ! » Les chrétiens ne se doutant point du piège, sortirent à leur appel, et aussitôt les juifs tombèrent sur eux, les massacrèrent et firent un grand nombre de victimes. Au matin, les autres chrétiens, en apprenant le crime commis par les juifs, se rendirent auprès du patriarche, et tous les fidèles réunis se portèrent, pleins de colère, vers les synagogues des juifs, s’en emparèrent, les sanctifièrent et les transformèrent en églises, l’une desquelles reçut le vocable de Saint Georges. Quant aux assassins juifs, ils les chassèrent de la ville, pillèrent leurs propriétés et les firent partir dans le plus grand dénuement, sans que le préfet Oreste pût les protéger. Ensuite la foule des fidèles du Seigneur, sous la conduite de Pierre le magistrat, qui était un parfait serviteur de Jésus-Christ, se mit à la recherche de cette femme païenne qui, par ses artifices de magie, avait séduit les gens de la ville et le préfet. Ayant découvert l’endroit où elle se trouvait, les fidèles, en y arrivant, la trouvèrent assise en chaire. Ils l’en firent descendre et la traînèrent à la grande église, nommée Caesaria . Cela se passait pendant le carême. Puis, l’ayant dépouillée de ses vêtements, ils la firent sortir, la traînèrent dans les rues de la ville jusqu’à ce qu’elle mourût et la portèrent à un lieu appelé Cinaron, où ils brûlèrent son corps. Tout le peuple entourait le patriarche Cyrille et le nommait nouveau Théophile, parce qu’il avait délivré la ville des derniers restes de l’idolâtrie.
La Saussaye a écrit :
Et pardonnez-moi d'avance l'odieux objectif de mon propos :
Pour une païenne massacrée par une bande de cons survoltés, combien de chrétiens liquidés entre les Ier et IVème siècles par les mêmes connards tout aussi survoltés ?
Sans vous accabler, je trouve en effet que ce propos donne de l'eau au moulin d'une vision conflictuelle et communautariste de l'histoire. C'est très proche dans le contenu,
mutatis mutandis, de ce qui a été reproché à un humoriste français comparant le nombre de victime juives de la Shoah à celui des victimes noires de l'esclavage au cours des siècles.
Il n'y a pas à faire d'échelle dans la barbarie, ni à décerner de palme. Le film ne le fait d'ailleurs pas: les paiens attaquent les chrétiens, les juifs leur dressent une embuscade. Personne n'est réhabilité. Les comparaisons ne sont pas le fait du réalisateur.