Rebecca West a écrit :
Bien sûr. Cependant parfois, il oublie sa méthode et s'appuie sur une rhétorique facile.
Voilà un argument facile peu démontré... mais bon passons.
Rebecca West a écrit :
Nous sommes dans un monde ou la notion de pudeur comme celle d'intimité n'existe plus.
Je ne veux pas rentrer dans un débat philosophique mais c'est une erreur de croire que parce qu'il y a confusion du public et du privé chez les personnalités, qu'il y a des images de fesses à tous les coins de rue, qu'il n'existe pas de pudeur. Essayez donc d'aller aux toilettes dans certaines régions de Chine où il n'y a pas de porte, vous verrez un exemple de pudeur occidentale.
Au delà demandez à quelqu'un que vous connaissez peu qu'il vous parle de ses convictions politiques, vous verrez les mesures d'évitement qu'il va tout de suite prendre. Notre notion de la laïcité a fini par déborder sur le champ idéologique et politique ; on cache ses convictions beaucoup plus qu'aux Etats-Unis par exemple.
Rebecca West a écrit :
Les historiens sont parfois sur des plateaux où la recherche du buzz est présente aussi on peut assister à ce que vous nommez des déballages (j'ai en tête une émission sur la RF et plus précisément la période de "la Terreur").
Un fervent "Robespierriste" était très silencieux face aux autres invités.
Interrogé sur sa "vision des "faits" et -avec politesse- le livre qui en avait suivi et bien là ce n'était plus "une vérité" -visiblement ceci fut compris comme "vérité" par d'aucun(s)- mais simplement une vision défendue depuis 20 ans ayant donné naissance à un essai.
Pourtant, au niveau du SAV, cette vérité était d'autant plus sérieuse qu'elle visait à déconstruire un mythe, une légende noire.
J'ai bien précisé qu'un historien n'est pas exempt de conviction et qu'il lui arrive de parvenir jusqu'aux médias. Pour autant les comparer aux idéologues est un non sens et une dérive assez dangereuse dont j'ai parlé plus haut.
Pensabene a écrit :
La querelle Boucheron / Noiriel sur les gilets jaunes est à ce sujet frappante. Tous deux de gauche (plus identitaire pour Noiriel), l'un ne soutient pas les gilets jaunes, l'autre oui. Derrière tout cela, Noiriel sous-entend qu'il y a des historiens dits d'élite et bourgeois (parisiens souvent, au Collège de France) qui ne comprennent pas le peuple et les autres historiens qui le comprennent.
Je suis d'accord mais le concept de "gauche identitaire" je vous le laisse parce qu'il est au mieux maladroit. Sur cette question des appartenances je pense ou plutôt je trouve que les "étiquettes" des historiens étaient plus lisibles par le passé. C'est peut être un recul historique justement qui me donne cette impression, mais dans le bouillonnement des années 60 difficile de passer sous silence ses convictions là où aujourd'hui elles ont plutôt tendance à se taire et à se deviner.
Pensabene a écrit :
Quant aux grands thuriféraires et idéologues sans aucune compétence ni diplôme : ils sont nuisibles et occupent un espace médiatique en adoptant une posture très "droitière" la plupart du temps. Etre de droite ne me dérange pas, mais inviter sur un plateau uniquement des gens de droite pour parler d'histoire, ça me dérange sur du service public... Ou alors il faut le dire.
... Vu qu'il n'existe aucun idéologue ou intellectuel de gauche (et par gauche, je n'entends pas Naulleau) avec une ouverture médiatique aussi importante que ceux de droite et vu que les médias continuent d'appeler L.Deutsch historien et linguiste (et bien d'autres) sans y apporter aucune contradiction, le chemin est long.
J'abonde dans votre sens et cela dépasse malheureusement l'Histoire... (mais je vais rester dans la Charte
)
Pensabene a écrit :
Ce n'est bien entendu pas une attaque ad hominem mais aux idées répandues qui, elles, sont nuisibles et divisent. Pas toujours, mais disons que certains prennent plaisir à interpréter l'histoire dans un sens bien précis, quitte à mentir.
Je donne un exemple pour développer ; j'ai lu le début (je ne suis pas masochiste) de Mélancolie française de Zemmour, précisément la portion dans laquelle il parlait de ma période de prédilection ; la fin de l'Antiquité romaine. L'idéologue de bas étage s'épanchait goulument sur l'immigration barbare et en particulier celle des Goths. Il en venait à dire avec une inculture et une mauvaise foi sidérantes que les Romains, devenus trop gentils et coulant avec les méchants immigrés ne savaient plus s'il fallait se défendre face aux hordes vociférantes et, dans cet état de sidération, s'étaient laissé conquérir sans réagir. C'est d'une connerie tellement abyssale que cela permet de mesurer la distance qui existe entre l'historien, même le plus engagé et le plus fervent, et un triste idéologue monomaniaque et paranoïaque.