[J’ai vu le film quand il est sorti et je peux faire de petites erreurs] 1° La séquence la plus invraisemblable de ce film : Dès son arrivée à Moscou, le héros (journaliste gallois) est invité chez Duranty, le correspondant du NY Times à Moscou (qui sera dans la presse occidentale le grand adversaire du héros, en soutenant qu’il n’y a pas famine). Duranty l’accueille vêtu seulement d’une paire de bottes, à côté de lui il y un homosexuel nu qui le caresse (ou essaie de caresser le héros, j’ai oublié). Dans le salon, il y a des jeunes femmes quasi nues, de la drogue en poudre, c’est très peu chaste. Les participants sont russes et étrangers. .1 Qu’une scène de ce genre puisse avoir lieu à Moscou en 1933 me semble extrêmement peu plausible. .2 Les États-Unis étaient pas mal puritains. Qu’un correspondant du NY Times puisse avoir ces mœurs et conserver son emploi me semble très peu plausible. .3. Un correspondant d’un journal étranger ayant ces mœurs aurait été à la merci du chantage de Staline. Même si le NY Times avait pu tolérer ce genre de manières chez un correspondant à, disons, Paris, il n’aurait pas pu le tolérer à Moscou. .4 Dans la controverse qui a opposé dans la presse le héros à Duranty, le héros aurait pu faire état des mœurs de Duranty, et du fait qu’il était donc dans la main de Staline. Non seulement ça aurait liquidé Duranty, mais en plus, le scandale aurait fait vendre des journaux et attiré l’attention sur le Holodomor.
La séquence est donc complètement invraisemblable. Pourquoi a-t-elle été inventée ? Elle n’a rien d’érotique. Est-elle là pour figurer le caractère immoral et décadent des milieux de gauche pro-communistes ?
2° Un passage-clé qui est totalement invraisemblable : Dans une gare de campagne, le héros est dénoncé comme espion étranger. La police lui court après. Le héros n’a que quelques mètres d’avance. Le sol est couvert d’une neige dans laquelle s’inscrivent ses pas. Eh bien, il sème la police...
3° En ce qui concerne la vérité historique. Le héros arrive dans un village et voit la famine : cadavres abandonnés, cannibalisme. Tout ça a existé, bien entendu, mais le héros n’en a rien vu. Ce qu’il a vu, c’est ça : I stayed overnight in a village where there used to be two hundred oxen and where there now are six. The peasants were eating the cattle fodder [fourrage] and had only a month's supply left. They told me that many had already died of hunger
4° Bien entendu, revenu en Europe, le héros ne peut pas publier. Il est renvoyé au Pays de Galles, à couvrir les nouvelles locales. Miracle, Hearst est là en vacances, le héros parvient à le voir…
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