L'autre soir sur TF1 rediffusion d'une énième version de Tarzan par Hollywood (2016) :
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_ ... 09062.htmlon m'objectera que ce genre de film n'a guère de prétentions historiques et qu'en ces temps de mouvement deconno-deratisation je ne sais quoi Tarzan mâle blanc hétérosexuel dans un continent noir est déjà en soi pas mal suspect depuis son origine et ne fait guère d'effort pour s'intégrer à la couleur de son temps
toutefois en le campant dans l'Etat Indépendant du Congo de 1892 comme toile de fond le réalisateur prenait un risque de se voir étriller sur Passion Histoire il me semble
version aseptisée politiquement correcte oblige, de même que Robin des Bois est désormais accolé d'un sarrazin dans plusieurs versions (noir et musulman, d'une pierre deux coups) Tarzan était ainsi encadré par deux héros positifs
-une femme Jane mais ne l'imaginez pas en maillot de bain deux pièces, une féministe instruite, institutrice n'hésitant pas à faire le coup de poing
-de l'autre un noir-américain anti-esclavagiste envoyé du président Harrison, qui confessa au détour d'une petite minute de repentance, être vétéran des guerres contre les Indiens
ces deux derniers étant de plus Américains, c'est dire à quel point c'est le camp du Bien cette Sainte Trinité qui permettait d'atténuer le rôle central du mâle blanc hétérosexuel qui devrait logiquement se trouver dans le camp d'en face si les choses étaient bien faites
car oui du côté des méchants, facile : des blancs et des Belges tout aussi pâles
scène d'ouverture - premier malaise - une force militaire coloniale non identifiée et non identifiable par mon oeil uniformologue essentiellement blanche-européenne avec casque colonial armée de fusils et mitrailleuses
avec trois ou quatre pauvres soldats noirs habillés de bleu et fez rouges (dont on dirait la Force Publique du Congo) en avant en éclaireurs...oserais-je dire en boucliers humains (mise en scéne non illustrée par la photo ci-dessous)...car pour une raison inexplicable (manque de moyens de la production suis-je bête!) dépourvus de fusils sinon affublés de sagaies et boucliers comme des Zoulous (?!)
voilà qui est quand même trés trés trés curieux comme représentation
le "blanc" est dés les premières secondes le principal vecteur de la violence et a le quasi-monopole de cette violence à la fois par le nombre et la hiérarchie de l'armement distribué entre les figurants blancs et noirs
or ceci constitue frontalement un travestissement éhonté de la réalité historique la violence coloniale au Congo Belge (Etat Indépendant du Congo jusqu'en 1908)
la seule force militaire étant la
Force Publique du Congo constituée principalement d'Africains non seulement armés de fusils mais aussi de mitrailleuses et de canons, encadrée seulement par des blancs d'ailleurs pas tous Belges
au 1er août 1894 : 289 officiers et sous-officiers Européens, moins de 3%, pour 10 118 Africains
mais peut être était-ce un malentendu, que finalement ce n'était pas la Force Publique du Congo qui inaugurait le bal du révisionnisme colonial hollywoodien
en effet plus loin dans le film, on me corrigeait
une deuxième scéne au cri de «Force Publique écartez-vous!»
et là au lieu de soldats Africains en uniforme bleu et fez rouges... nous avons des mercenaires civils bien Européens bien blancs habillés comme des explorateurs ou chasseurs de fauves
ce que confirme un témoin «ils n'ont pas l'uniforme des Belges c'est la Force Publique!» (?!?!?! kamoulox)
la Force Publique du Congo selon Hollywood
bon sachez pour abréger ce film pénible que tel Hercule, Tarzan finit par ratatiner aussi tout un wagon de «l'Armée Royale Belge», on se demande bien au mépris de la réalité Historique ce que peut faire l'Armée Royale Belge en 1892 au milieu du Congo...
la Force Publique du Congo dans la réalité