Jerôme a écrit :
Je partage cette intéressante interview en français du célèbre scientifique
https://youtu.be/5E0r-ssYI94 Cette interview nous rappelle ainsi qu'en ce temps-là, on ne parlait pas de
scientifique, mais de
savant. Je n'arrive pas à me souvenir de quand le terme a basculé. Années 80, sans doute.
Merci pour le partage.
L'objet même de la conversation révèle une gouffre vertigineux entre cette époque et la nôtre.
Oppenheimer est donc interrogé sur les limites éthiques à poser à la recherche scientifique et à l'utilisation de la science.
Il énonce ce qui est pour lui une évidence, fondée sur des siècles de pratique:
> oui, il faut chercher, on arrête pas les découvertes de la science.
> non, tout ce qui est rendu possible par la science n'est pas pour autant désirable, le savant doit savoir s'arrêter de lui-même, et les Etats doivent y veiller si par ailleurs sa conscience faillit.
Une évidence, aucun des invités ne songe à discuter le point.
Et pourtant, nous avons basculé en 5 décennies dans une approche totalement différente de la recherche scientifique, avec deux positions très largement majoritaires qui tendent au même résultat:
- approche "si c'est techniquement possible, cela se fera, qu'on le veuille ou non, on ne résiste pas au progrès "
- approche libérale ou contractualiste "si cela correspond à mon désir, ma vie privée ou mon intérêt sans déranger les autres, qui m'en empêchera?"
Sans que plus jamais ne se pose la question du bien et du mal.
Extraordinaire, non? Quel changement!
Il n'est pas dit que beaucoup de nos prédecesseurs aient connu de tels bouleversements.
C'est l'été, le bar du café du commerce est ouvert