Je viens enfin de visionner le film. Les images sont belles et le combat final est assez prenant, je trouve. Comme cela a été dit, il perpétue toutefois la vision d'une société terne alors que l'on sait que l'emploi de couleurs pour les bâtiments et les vêtements étaient un marqueur de différentiation sociale.
J'ai l'impression qu'on présent très souvent les gens, et notamment les nobles, se baladant seuls alors que l'importance de la suite était aussi un marqueur social.
C'était des circonstances exceptionnelles qui ont fait que Marguerite se retrouve toute seule au moment dd son agression.
Le film est inutilement long, et la répétition des scènes n'apporte rien, surtout la seconde scène de viol. La première est parfaitement explicite. La seule ambiguïté vient de ce que Ridley Scott montre que Jacques Legris reproduit un simulacre de viol lors de ses parties fines avec d'Alençon, ce qui semble-t-il l'amène à penser que brutaliser une femme fait partie du jeu érotique. Je trouve que ce parallèle dans le film est assez tendancieux : si les jeux érotiques poussent au crime, 50 nuances de Grey et ses spectateurs ont du soucis à se faire !
Blague à part, la plus grande faiblesse du film vient de l'insistance sur le plaisir qu'aurait éprouvé Marguerite, sa grossesse étant la preuve qu'elle était consentante. D'abord, cette liaison plaisir- grossesse est une théorie récente, venant d'Avicenne, et elle contredit le discours de l'Église sur la concupiscence. J'imagine mal que ce fait ait pu vraiment être évoqué en procès public.
Ensuite, la question du consentement est totalement hors sujet : l'adultère constitue de toute façon une offense de Jacues Legris envers son ancien compagnon d'arme. C'est pourquoi il axe toute sa défense sur la dénégation totale, en fournissant un alibi. Dans le film, c'est bien mentionné par d'Alençon : "Niez ! Marguerite a tout rêvé !".
Les scènes d'interrogatoire me faisaient penser à un avocat américain hurlant : "Mon client n'était pas là au moment du viol ! Et d'ailleurs, vous étiez consentante !"
C'est bête, il y avait matière à mettre en scène le vrai procès, décrire la justice médiévale et montrer pourquoi l'impasse justifie le recours au duel, car la justice doit quoi qu'il arrive être rendue !