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Message Publié : 03 Juin 2022 9:10 
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ça sent son Staline...

Les communistes sont, avec De Gaulle, les seuls à jouer cette partie avec un coup d'avance, et pour l'instant Staline ne souhaite pas voir une pouvoir français trop uni, dans une perspective révolutionnaire. (C'est leur métier ! :mrgreen: )

Il changera d'avis en repérant qu'il va avoir bientôt toute l'Europe centrale à digérer . Il y laissera quelques millions de soldats de plus, mais il ne fera pas une fixette sur Berlin : il y a une foule de pays à ramasser. Là ses consignes pour la France changent, et le PCF se range des voitures : Staline ne veut pas d'histoire en France avec les Alliés.

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Message Publié : 05 Juin 2022 18:26 
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Jean Froissart
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Renversement de situation, le 29 février, Roosevelt convainc Churchill du danger gaulliste. Il faut dire qu'Edward Spears, le ministre plénipotentiaire britannique en Syrie et au Liban, bombarde son Premier message de messages inquiétants sur les ambitions françaises au Levant. Conséquence directe, les Français sont écartés du partage futur de la flotte italienne (mars 1944)


laquelle Flotte Italienne, rappelons-le, comportait des navires Français saisis durant l'Occupation Germano-Italienne...

c'est à dire que cela a conduit au cas de figure où l'Armée Française participant à la Libération de l'Italie s'est vue interdire par les anglo-saxons de récupérer ses propres bâtiments capturés par les occupants fascistes Italiens alliés des nazis...

un des nombreux mesquins coups de poignards dans le dos qui ont émaillé les relations "avec" (contre) la France


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Message Publié : 21 Juin 2022 19:36 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Je viens de terminer cet excellent livre d’un historien américain sur un sujet pointu : le projet de mise en place d’une administration militaire alliée (AMGOT) en France après le débarquement de 1944.

Avant de parler du contenu, quelques éléments de contexte bien résumés sur la 4ème de couverture.
Robertson avait entendu parler de ce projet en 1979, par un ancien « membre de l’entourage de De Gaulle pendant la guerre » qui lui indiquait avoir empêché l’arrivée d’un bateau chargé de personnel et de documents destinés à mettre en place un gouvernement de la France libérée sous le contrôle des Américains.
Puis, dans les années 2003-2004 (dans le contexte franco-américain post-invasion de l’Irak) il a à nouveau vu et lu des récits français (notamment l’article d’Annie Lacroix-Riz dans le Monde Diplomatique qui a été cité ci-dessus) expliquant que De Gaulle avait in extremis empêché la mise en place de l’AMGOT en France.
Et pourtant, très peu d’Américains, voire aucun, ont jamais entendu parler de ce projet, et dans les faits, aucun gouvernement militaire allié n’a jamais été mis en place en France : pourquoi et comment ce projet n’a-t-il pas abouti, et pourquoi tant de Français pensent-ils encore qu’il a failli aboutir ? Voilà le sujet du livre.

Celui-ci retrace les événements depuis la chute de la France en 1940 jusqu’en octobre 1944 : déroulement de la guerre, évolution de la politique américaine, préparations alliées pour administrer les zones libérées, en mettant en lumière les divergences d’appréciations croissantes au cours de la guerre entre Roosevelt, le secrétaire d’état Hull, le reste de l’administration US, les Britanniques, et les militaires (Eisenhower et son staff). Côté France Libre il retrace la progressive prise de pouvoir de De Gaulle, sa lutte contre Giraud, la mise en place d’institutions qui déboucheront sur le GPRF, et également la préparation de l’administration des territoires libérés. Sans oublier le rôle des anti-gaullistes notamment aux USA et les projets tardifs de Pétain et Laval.
Dans tout le récit il pointe bien sûr les nombreux événements et actions de part et d’autre qui ont pu expliquer et entretenir la méfiance jamais démentie entre Roosevelt et De Gaulle (et celle entre Churchill et De Gaulle). Il s’efforce également de caractériser la psychologie des deux personnages.
Tout cela est très intéressant, et m’a paru très équilibré et étayé par de nombreux documents.

Quant à la conclusion de cette enquête, le plus simple est d’en citer un extrait :
« True, President Roosevelt did talk of an Allied military government to both Winston Churchill and Secretary of State Cordell Hull, and approve the creation of the military government schools. And until the bitter end he refused all but a limited form of recognition to the French Provisional Government. But as this account has shown, he was in no way actually ready to install a military government in France in June 1944, at the time of liberation. »
soit (c’est moi qui traduis) :
« C’est vrai, le Président Roosevelt parla d’un gouvernement militaire allié à Winston Chuchill et au Secrétaire d’État Cordell Hull, et approuva la création des écoles de gouvernement militaire. Et jusqu’à la fin, il refusa toute reconnaissance du GPRF sauf sous une forme limitée. Mais comme l’a montré ce récit, il n’était en aucune manière prêt à installer un gouvernement militaire en France en juin 1944, au moment de la libération. »

A la lecture du livre, il apparaît que, certes, Roosevelt a tout fait pour ne pas reconnaître De Gaulle, lui susciter des concurrents, s’immiscer dans l’administration française en Afrique du Nord en 1943, faire en sorte que la France n’ait plus un rôle de grande puissance après-guerre, etc. Quant à une administration militaire de la France, il en a eu le projet mais celui-ci n’a pas connu, en 1944, le moindre début d’exécution.

En octobre 43, Roosevelt impose (contre l’avis britannique) une directive indiquant que le commandant en chef aura les droits liés à l’occupation militaire, devra agir sur la base du fait qu’il n’y a pas de gouvernement souverain en France, et choisira les fonctionnaires français en fonction de leur efficacité et de leur loyauté à la cause alliée. (Néanmoins, ceci n’est pas pour autant l’AMGOT dont le seul exemple à date est celui de la Sicile et de l’Italie où les Alliés ont dû se substituer à une administration fasciste qui avait disparu).
Roosevelt ne déviera pas essentiellement de ce principe jusqu’au débarquement.
En janvier 44, le SHAEF (en l’occurrence Eisenhower et Bedell-Smith) bombarde Washington de demandes de décision sur la gestion des affaires civiles, en indiquant qu’il n’y a que le CFLN avec qui on puisse discuter.

La directive de mars 44 de Roosevelt à Eisenhower (que j’ai citée plus haut) infléchit à peine sa position d’octobre 1943. Elle provoque évidemment un tollé mais il n’y change rien. Mais il faut noter qu’elle autorise finalement Eisenhower à faire ce qu’il veut.
Puis arrive le discours de Hull du 9 avril (cité plus haut également) indiquant « We have no purpose or wish to govern France or to administer any affairs save those that are necessary for military operations... », discours dont on ne sait pas trop s’il a été validé par Roosevelt.

A cette date, hormis Roosevelt et ses proches conseillers (dont Leahy, vieil ami de Pétain), et Churchill qui continue de suivre sans rien dire, à peu près tous les décideurs s’apprêtent à travailler avec le CFLN pour l’administration en France, en particulier ceux qui sont en Angleterre : le cabinet britannique et surtout le premier concerné qui est le SHAEF.

Au sein de celui-ci c’est le général britannique Lee qui a en charge les affaires civiles en France. Les envoyés du CFLN qui le rencontrent sur ce sujet (Laroque à la tête du Service Militaire d’Etudes Administratives, et Hettier de Boislambert à la tête de la Mission Militaire de Liaison Administrative) constatent dès août 1943 que ses plans sont globalement conformes à leurs vues. C’est du moins ce qu’ils écrivent à Alger. « Personne ici ne parle plus de l’AMGOT » écrit Boislambert en octobre 43. Le seul sujet de désaccord concerne la dévolution de certaines responsabilités dans la zone du front. Sur ce point, en mai 1944, Lee modifie le « Civil Affairs Handbook » pour prendre en compte les demandes de Boislambert. En parallèle, Eisenhower l’assure d’ailleurs de son intention de travailler avec le CFLN.

Si je résume, dans les faits, quoi qu’ait voulu Roosevelt, le personnel en charge du débarquement a tablé sur le fait que le CFLN allait s’occuper de l’administration civile en France et a tout organisé à cet effet. Même si Eisenhower avait eu à appliquer la directive de Roosevelt, il aurait tout aussi bien pu systématiquement passer la main au CFLN : il y était autorisé et c’est ce qu’il voulait faire.
Peut-être que si Roosevelt avait, fin mai ou début juin 1944, donné des ordres précis et spécifiques sur le sujet, cela aurait changé les choses. Mais manifestement il a géré le problème de manière lointaine et floue. Peut-être a-t-il manqué d’énergie sur le sujet ; ou bien, dans la mesure où il laissait la main au SHAEF dont il ne pouvait pas ignorer la position pro-CFLN, peut-être ne voulait-il pas prendre une décision qui gênerait le déroulement des opérations militaires, sans toutefois reconnaître De Gaulle. Ce qui collerait avec un trait de personnalité de Roosevelt mis en avant par l’auteur : à savoir que lorsqu’un sujet lui paraissait trop problématique il avait tendance à le mettre « sous la pile ».
Toujours est-il que lors du débarquement il n’y a pas eu le moindre commencement de mise en place d’un gouvernement militaire allié en France.
Cela n’empêche pas que de nombreux gaullistes pouvaient y croire sincèrement, vu les tensions qui existaient au niveau politique, les précédents en Afrique du Nord, la rétention systématique d’informations et évidemment les positions de Roosevelt.

Si De Gaulle a sauvé la France d’une occupation américaine, c’est bien davantage en démontrant au fil des mois précédant le débarquement sa capacité à fédérer les différentes forces françaises de l'intérieur et de l'extérieur et à les faire travailler efficacement avec les Alliés.


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Message Publié : 21 Juin 2022 21:18 
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Dupleix a écrit :
Si De Gaulle a sauvé la France d’une occupation américaine, c’est bien davantage en démontrant au fil des mois précédant le débarquement sa capacité à fédérer les différentes forces françaises de l'intérieur et de l'extérieur et à les faire travailler efficacement avec les Alliés.

C'est un très bon résumé.

merci pour cette présentation très détaillée.

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