Duc de Raguse a écrit :
Comparaison intéressante, mais je n'ai malheureusement pas lu le roman.
Si mes souvenirs sont exacts de ce film, le colonel Nicholson résista longuement avant de collaborer et, finalement, de superviser lui-même la construction du pont. Laval n'avait pas fait acte de la même résistance face aux Allemands en juin-juillet 1940...
Peut-être que les mauvais traitements subis par Nicholson dans le "mitard" japonais entrèrent en ligne de compte pour expliquer ce revirement - que je n'avais pas trop compris à l'époque.
Il semble d'ailleurs s'être rendu compte de son égarement à la fin, puisqu'en voyant l'équipe de saboteurs et son ancien compagnon de cellule, il s'exclama : "qu'est-ce que j'ai fait ?". Sa chute sur le détonateur semble être une manière de racheter son erreur.
Enfin, c'est ainsi que je l'ai compris...
En fait, oui, Nicholson (Alec Guinness) est présenté au début du film comme un officier fier, têtu, voire vaniteux... Il résiste aux exigences du commandant du camp japonais sous prétexte qu'elles sont non conformes à la Convention de Genève.
De mémoire, je pense qu'il bascule au moment où quelqu'un parle du pont comme d'un ouvrage d'art qui - s'il est bien conçu - est susceptible de défier le temps.
Quelque-part, Nicholson voit l'opportunité de construire un monument à sa propre gloire, tout en oubliant que le pont est d'abord prévu pour aider les Japonais...
Le souci est que ça transforme le personnage de Nicholson en imbécile, qui s'aveugle lui-même et ne s'aperçoit pas qu'il s'engage dans la voie de la collaboration avec l'ennemi.
A mon avis, l'histoire dépasse le seul cadre du pétainisme... On est là dans la fable montrant comment certains -
sans s'en rendre compte - en arrivent à travailler à la perte de leur propre pays.