Nous sommes actuellement le 19 Mars 2024 7:35

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 57 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant
Auteur Message
Message Publié : 20 Oct 2012 14:18 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 08 Oct 2012 20:04
Message(s) : 15
Bonjour à tous,

Je crois que les arguments historiques sont déjà nombreux pour expliquer l'âge du développement du vélo. Mais j'ajouterai qu'il faut aussi un marché, un financement, un centre de production, des matières premières, un circuit de distribution qui sont des choses assez difficiles à trouver avant la révolution industrielle.

Il faut aussi une foi en la science et la volonté ou la contrainte d'être "pressé".
Par exemple, il me semble les moulins existaient sous les romains mais étaient assez mal vus: car ils remplaçaient le travail humain par du travail mécanique et prouvaient donc une carence en esclaves et donc en richesse, en puissance.
Sur le même registre, des collègues indiens sont toujours scandalisés que nous utilisions des machines à café au lieu d'un personnel distribuant du café: en période de chômage cela leur semble un crime social et il est vrai que la puissance d'un manager en Inde dépend de la taille de ses effectifs. Et je vous dis pas lorsqu'ils prennent le métro...
En France, par l'automatisation à outrance, nous avons opté pour le tout mécanique et le moins humain, au mépris de l'accueil, du traitement des exceptions et de la solidarité.

jibe a écrit :
Oui, mais l'obstacle technologique n'est pas valable pour tout : un planeur en roseaux et papyrus était possible (j'insiste !) si Ramsès II l'avait voulu.


Oui, mais Ramses ne maîtrisait pas la RFD de Newton, ni les calculs de frottements et turbulences qui ont permis les inventions du delta-plane. Mais d'après les mythes et l'histoire, il y en a beaucoup qui ont essayé de voler.

Citer :
Mais
Et une machine à écrire en bois pour caractères cunéiformes n'était pas compliquée non plus si Hammurabi avait eu l'idée de faire taper son Code sur des feuilles d'argile...
D'ailleurs, Gutenberg aurait bien pu vivre au temps de Jules César et lancer l'imprimerie (avec de l'encre à base de bitume) pour raconter son assassinat.



Pour quel marché ? Combien savaient lire à l'époque?
L'invention de la presse coïncide avec l'existence d'une bourgeoisie cultivée qui aurait pu être un marché . Gutemberg eut même la "chance" de trouver un investisseur, mais "l'entreprise" tourna mal et il y eut procès entre lui et son investisseur.
C'est seulement lors de l'alphabétisation de masse prôné par la Réforme que l'invention de l'imprimerie devient vraiment rentable.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 20 Oct 2012 14:58 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15763
Localisation : Alsace, Colmar
kheiron a écrit :
Je crois que les arguments historiques sont déjà nombreux pour expliquer l'âge du développement du vélo. Mais j'ajouterai qu'il faut aussi un marché, un financement, un centre de production, des matières premières, un circuit de distribution qui sont des choses assez difficiles à trouver avant la révolution industrielle.


L'argument du circuit de distribution ne tient pas. Depuis la préhistoire, on a su mettre en place des circuits de productions pour les produits les plus divers. Dans certains cas, cela n'avait rien à envier à nos circuits issus de la mondialisation.
Par exemple, il y a dans le nord de la France, un endroit qui recèle du silex excellente qualité. Il était extrait et on pré-usinait des haches. Cela offrait l'avantage de diminuer la quantité de matière à déplacer.
Ensuite, ces ébauches partaient vers divers centres de productions, où des artisans spécialisés leurs donnaient les formes finales et elles étaient ensuite redistribuées sur une large zone surtout pour les artisans les plus réputés. C'étaient des produits de luxe recherchés. Mais, à côté, on trouvait des haches faites par des artisans locaux avec du silex local.

Le marché du drap à l'époque médiévale est encore plus complexe. Des entrepreneurs, ancêtres de nos capitalistes, achetaient de la laine brute, ils la faisaient travailler pour obtenir de la laine de diverses qualités. Ensuite, il amenait cette laine à des tisserands qui faisaient les draps. L'entrepreneur récupérait le tout et le faisait vendre sur les marchés. Pour l'entrepreneur les profits étaient assez grands, mais cela impliquait l'immobilisation de sommes d'argents parfois importantes. Parce qu'entre l'achat de la laine et la vente du drap, il se passait parfois de longs mois. Et il fallait gérer les transferts de matériaux entre les divers centres de production. La laine provenait parfois de plusieurs centaines de kilomètres. Les tisserands étaient groupés dans d'autres zones. Il fallait donc gérer les transports entre tous ces artisans et pour certains produits de luxe, on ne parle plus de centaines de kilomètres, mais de milliers de kilomètres. Les meilleurs laines brutes avaient droits aux meilleurs fileurs. Les fils de qualité qu'ils réalisaient allaient chez les meilleurs tisserands. Ensuite, ces tissus traversaient parfois tout le continent, pour aller chez les quelques personnes susceptibles de payer de tels produits de luxe pour leurs habits.

De ce côté-là, la révolution industrielle n'a pas inventé grand-chose. Mais, grâce à la mécanisation, c'est le volume de produits échangés qui a pu augmenter. Suite à la révolution industrielle certains produits deviennent nettement moins chers, tout en étant bien souvent de meilleure qualité (là, on parle de produits moyens). Du coup, il y a plus de monde qui peut les acheter et les marchés explosent.

Mais, il y a un autre phénomène qui explique cela en partie. Avant, les transports de marchandise se faisaient avec des voitures tirées par des animaux. Parfois, c'était même des hommes. Les premières industries de Mulhouse (qui deviendra un grand centre textile, puis industriel) cherchaient leur charbon dans la Sarre. Il venait en bateau jusqu'à Strasbourg, puis en charrette tirés par des chevaux. La partie faite en charrette triplait le prix d'achat du charbon. Pendant toute la première partie du XIXème siècle, les industriels mulhousiens vont se plaindre de la cherté du charbon qui pèse sur le prix final de leurs produits. Or, les progrès de la mécanisation du transport font que ce prix ne cesse de baisser. Les textiles produits à Mulhouse, destinés au marché parisien, étaient plus chers que ceux produits dans le Nord, à cause du prix du transport des matières premières, mais aussi à cause du prix du transport des produits finis. Ce qui s'explique qu'à l'époque Mulhouse se positionne sur le textile haut de gamme, c'est le seul marché près à dépenser pour des produits de qualité les sommes nécessaires. Mais, petit à petit, le prix des combustibles et des matières premières baisse, grâce au chemin de fer, et les industriels mulhousiens investissent d'autres marchés avec des produits plus accessibles.

Pour la petite histoire, Mulhouse exportait des cotonnades en Afrique. Acheter le coton en Afrique, l'envoyer à Mulhouse, le travailler, le tisser et le renvoyer là-bas, coûtait moins cher que d'utiliser les tisserands locaux avec les infrastructures locales. Il faut bien comprendre, le problème n'est pas la qualité des artisans locaux, mais la logistique avec les chemins de fers, et les transports maritimes. Bien entendu, on aurait pu installer les lignes de chemins de fer nécessaire, mais ensuite, il aurait fallu construire les manufactures et former le personnel local. Tout cela à "tuer" les circuits locaux de distribution des produits artisanaux qui existaient auparavant.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 20 Oct 2012 15:16 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 22 Août 2008 14:17
Message(s) : 2324
Ce que décrit Narduccio illustre à merveille l'erreur que commettait Napoléon vis-à-vis des Anglais en lançant, avec mépris, que c'était "une nation de boutiquiers"... en pleine révolution industrielle. Erreur qui a prospéré jusqu'à nos jours avec la foi française en la prééminence du développement de l'industrie pour accroître la richesse nationale.
La vérité est que la production industrielle a toujours dépendu d'intenses échanges commerciaux préliminaires.

_________________
"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 20 Oct 2012 15:48 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 08 Oct 2012 20:04
Message(s) : 15
Narduccio a écrit :
kheiron a écrit :
Je crois que les arguments historiques sont déjà nombreux pour expliquer l'âge du développement du vélo. Mais j'ajouterai qu'il faut aussi un marché, un financement, un centre de production, des matières premières, un circuit de distribution qui sont des choses assez difficiles à trouver avant la révolution industrielle.


L'argument du circuit de distribution ne tient pas. Depuis la préhistoire, on a su mettre en place des circuits de productions pour les produits les plus divers. Dans certains cas, cela n'avait rien à envier à nos circuits issus de la mondialisation.



Ha ? Et donc vous imaginez facilement des échoppes vendant du drap... et des vélos ? :P Et des delta-planes, et des bibles de Gutemberg ? Bien entendu que le transport maritime existe mais quel réseau de petits détaillants utilisez-vous pour écouler la marchandise, et à quel prix ?

Pour des détaillants mufti-spécialisés comme le Bon Marché, il faut tout de même attendre 1838 (et aux trois quartiers en 1829), c'est à dire à la fois une clientèle bourgeoise ayant les moyens d'acheter et des produits achetables du fait de la baisse de leur prix de production, lié à l'industrialisation. Donc ce genre de circuit de distribution n'apparaît que dans l'ère industrielle.
Avant, je pense que c'est surtout la petite échoppe spécialisée ou directement l'artisan.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 20 Oct 2012 20:30 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 13 Mai 2006 22:36
Message(s) : 631
Localisation : Toulouse
Si je comprends l'argument de Narduccio, il s'agit de dire que si l'offre et la demande existent, le circuit de distribution se mettra en place d'une manière ou d'une autre. (et au contraire si elles disparaissent, lui aussi).
Je suis assez d'accord avec cette idée.
Si la presse avait été inventée sous Hammourabi (elle l'a d'ailleurs été semble-t-il en Crète à l'époque du disque de Phaïstos), cela n'aurait pas fonctionné car il n'y avait aucune demande.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 21 Oct 2012 16:30 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15763
Localisation : Alsace, Colmar
kheiron a écrit :
Bien entendu que le transport maritime existe mais quel réseau de petits détaillants utilisez-vous pour écouler la marchandise, et à quel prix ?

Pour des détaillants mufti-spécialisés comme le Bon Marché, il faut tout de même attendre 1838 (et aux trois quartiers en 1829), c'est à dire à la fois une clientèle bourgeoise ayant les moyens d'acheter et des produits achetables du fait de la baisse de leur prix de production, lié à l'industrialisation. Donc ce genre de circuit de distribution n'apparaît que dans l'ère industrielle.
Avant, je pense que c'est surtout la petite échoppe spécialisée ou directement l'artisan.


Le colporteur c'est quoi, si ce n'est pas l'ancêtre des magasins multi-spécialités. Le marché est divisé et ne permet pas le développement des grandes surfaces de ventes. Mais, il y a des marchands itinérants qui permettent même dans les lieux les plus isolés de fournir la clientèle. Dans les zones, moins isolées, ce sont les marchés qui permettent d'écouler les marchandises. Les marchandises circulent et trouvent les acheteurs. Et, on trouve de tout sur les marchés médiévaux.

Et le point d'orgue de tout cela, c'est les foires de Champagne.

Les circuits de distributions ont toujours existé. Ce n'est pas parce qu'on ne connait pas quelque chose que ça n'existe pas. Il y avait des circuits commerciaux très développés. Mais, le marché pour les produits les plus luxueux est des plus réduits. Pour les autres produits, les marchés sont locaux. Comme je l'ai dit, la différence de la période industrielle est que le prix et la qualité des produits industriels n'a plus rien à voir avec la qualité et le prix des articles artisanaux disponibles pour le commun des mortels. Les prix baissent, la qualité augmente et les gens achètent en masse ces produits à bon marché. Du coup, le marché augmente et se développe. La quantité de marchandises échangées augmente, mais on utilise les réseaux de distributions préexistants.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 21 Oct 2012 23:42 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 08 Oct 2012 20:04
Message(s) : 15
Pour continuer dans la para-histoire ... :P

Narduccio a écrit :
Le colporteur c'est quoi, si ce n'est pas l'ancêtre des magasins multi-spécialités. Le marché est divisé et ne permet pas le développement des grandes surfaces de ventes. Mais, il y a des marchands itinérants qui permettent même dans les lieux les plus isolés de fournir la clientèle.


Bien entendu que le commerce existe depuis plusieurs millénaires. Mais les réseaux de distribution ne fonctionnement pas pour n'importe quelles denrées, et à mon avis pas du tout pour des inventions nouvelles. Et pour la publicité sur un produit, il faut attendre le cinéma et la radio.

Alors à votre avis, votre colporteur, il colporte des inventions et des gadgets ou des denrées alimentaires, des outils et des étoffes faciles à écouler? Imaginez-vous un colporteur avec une charrette de vélos - à cette époque (sous Napoléon) non industrialisée des pièces "d'orfèvrerie" très chères coûtant potentiellement le prix d'un cheval :P -, essayant de revendre des vélos dans les petites villes ? C'est inconnu et pas facile à utiliser: quelques semaines seulement suffisent à maîtriser l'équilibre :P . Et si cela casse ? Ben à la revoyure...
C'est très convainquant comme démarchage... :P
Je ne crois pas que ce sont des colporteurs qui vendaient les tapisseries des gobelins, ni même les foires de l'époque. De même pour les objets demandant une technologie de pointe comme des horloges, chronomètres, instruments de musique ou des voitures à chevaux.
Pour tous ces produits luxueux, je crois qu'on a recours directement à des artisans et donc que le réseau de diffusion est très géographiquement limité, en dehors d'une réputation internationale de l'artisan... qui reste à construire.

Citer :
Dans les zones, moins isolées, ce sont les marchés qui permettent d'écouler les marchandises. Les marchandises circulent et trouvent les acheteurs. Et, on trouve de tout sur les marchés médiévaux.

Y compris des inventions peu connues et chères ? Pouvez-vous proposer un exemple d'invention de technologie complexe destinée à des particuliers - en fait ne bénéficiant pas de commandes de l'Etat - très rapidement propagé avant Napoléon via des colporteurs ou des foires ?


Après reste le choix d'une présentation aux armées du vélo comme arme militaire. Mais pas tant pour remplacer la cavalerie - car si l'infanterie est placée sur une hauteur et sur un terrain difficile, une charge de vélos sabreurs en danseuse sur une main me semble assez comique - que pour déplacer rapidement et silencieusement des forces d'infanterie via des routes en terrain plat, avant la généralisation des moteurs. Ainsi la Belgique a eu des régiments de carabiniers-cyclistes et la France des chasseurs et sapeurs cyclistes (liées à des unités de cavalerie) durant la première guerre mondiale. Ainsi que l'Italie, les anglais et les américains. Mais l'usage dans les armées était surtout de porter des messages, d'effectuer des missions de reconnaissance et de préparer des embuscades. Mais la généralisation du transport de troupes motorisé a remisé les vélos militaires.
Les premières utilisations militaires commencent vers 1890, alors que le vélo - à deux roues identiques, conducteur assis à l'arrière avec pédalier et chaîne - est inventé vers 1885, le premier tour de France ayant lieu en 1903.

Mais là encore, il faut des routes pour pouvoir y rouler. Or le rouleau-compresseur est inventé en 1836 et le goudronnage des routes ne commence qu'avec les automobiles vers 1901. En 1906, seul 1/20ème des routes nationales est pavé. Il faut imaginer la gadoue par temps de pluie...
Donc même vers 1900 - et à plus forte raison vers 1800 - , je crois que l'état des routes ne devait pas avantager la circulation à vélo (par rapport au cheval) dans les campagnes.

A vous lire,


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 22 Oct 2012 6:17 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 22 Août 2008 14:17
Message(s) : 2324
L'archéologie a montré qu'au paléolithique déjà, des silex à demi taillés ont été "exportés" depuis les zones d'extraction vers des zones artisanales lointaines où étaient pratiquées la finition et la "commercialisation" (le troc). Il existait déjà des réseaux de pistes organisés, pour des caravanes de porteurs. La vulgarisation des inventions, techniques ou progrès, voire la migration des "ingénieurs" et des artistes ont dû suivre le même chemin. Rien n'empêche qu'il y ait déjà eu des "foires" ou des "marchés".

_________________
"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 22 Oct 2012 15:03 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15763
Localisation : Alsace, Colmar
jibe a écrit :
L'archéologie a montré qu'au paléolithique déjà, des silex à demi taillés ont été "exportés" depuis les zones d'extraction vers des zones artisanales lointaines où étaient pratiquées la finition et la "commercialisation" (le troc). Il existait déjà des réseaux de pistes organisés, pour des caravanes de porteurs. La vulgarisation des inventions, techniques ou progrès, voire la migration des "ingénieurs" et des artistes ont dû suivre le même chemin. Rien n'empêche qu'il y ait déjà eu des "foires" ou des "marchés".


Je vous remercie Jibe de votre intervention, mais :

kheiron a écrit :
Pour continuer dans la para-histoire ... :P


Il semble que nous faisons de la para-histoire. C'est dommage, parce que face à de tels arguments, il est impossible d'argumenter. Bien-sûr, on me dira que je n'ai qu'à citer le grand historien français dont le nom commence par un B et finit par raudel et qui a beaucoup décrit les réseaux commerciaux de la fin de l'époque médiévale et de la Renaissance. Je ne peux pas, ce serait faire de la para-histoire.

Impossible aussi de citer la longue liste des spécialistes de la préhistoire qui dès le mésolithique identifie des objets que l'on échange sur plusieurs milliers de kilomètre : de la para-histoire, vous dis-je. Tout autant inutile de parler de ces spécialistes de l'Amérique précolombienne qui ont étudié les réseaux d'échange du sel et d'autres produits entre les cotes de l'aire Maya et les côtes de l'Amérique du Sud. Il s'agit aussi sûrement de para-histoire.

Pourquoi me fatiguer pour aller chercher les sources sur le commerce du charbon en Alsace, ces chariots n'ont pas circulé sur des routes recouvertes par le procédé mis au point par l'ingénieur écossais Mac Adam (1756-1836). Ces routes ne pouvaient donc pas être des routes commerciales. Elles ne pouvaient pas servir à échanger des tonnes de produits.

Il n'est pas nécessaire de parler des marchés des diverses époques, comme on n'y échangeait ni smartphones, ni vidéos encodées, il ne peut s'agir de réseaux de distributions commerciaux dignes de ce nom.

Bref, quand les attaques personnelles sont les arguments mis en avant que peut-on dire. Si ça ne m'était pas adressé, j'aurais pu mettre un avertissement. En cas de récidive, j'aurais même été obligé de bannir l'opportun. Mais, ma déontologie me l'interdit. D'accord, on me souffle qu'usuellement cela masque la faiblesse de l'argumentation Il est plus facile de manier l'insulte que de savoir se servir de manière efficace de nos cellules grises : vous savez, celles qui s'usent quand on ne s'en sert pas.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 22 Oct 2012 17:06 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Avr 2004 17:38
Message(s) : 10616
Localisation : Région Parisienne
Comme nous sommes en France, il existe toujours une taxe, et comme par hasard, il existait une taxe sur les vélos depuis la loi du 28 avril 1893 dont vous pourrez trouver le texte ici:

http://plaque.free.fr/f_v.html

Nous avons donc 130.000 vélocipèdes en 1893, 975.000 en 1900, 2,5 millions en 1908 et 3,5 en 1914.

La montée est donc rapide et importante. Il faudrait trouver l'emplacement géographique des taxés pour voir la pénétration du vélo dans les campagnes, mais je n'ai pas encore trouvé.

Image

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 22 Oct 2012 17:19 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 25 Juin 2012 15:20
Message(s) : 345
Il existe un autre outil , simple , efficace , essentiel peut-être et qui pourtant a eu une diffusion très lente: la brouette.

Dans les forums d'histoire on n'entend souvent parler que de soldats et de batailles et pourtant ce qui est sûr c'est que c'est le commerce qui a permis à l'espèce humaine d'avancer :echanges , commerces , foires et marchés (d'ailleurs souvent couplés à des pèlerinages religieux )sont essentiels et propres à la seule espèce humaine.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 22 Oct 2012 19:31 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15763
Localisation : Alsace, Colmar
J'ai un peu sur-réagit à quelque chose qui se voulait de l'humour et que je n'ai pas perçu comme cela sur l'instant. :oops:

Désolé.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 22 Oct 2012 20:10 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15763
Localisation : Alsace, Colmar
kheiron a écrit :
Bien entendu que le commerce existe depuis plusieurs millénaires. Mais les réseaux de distribution ne fonctionnement pas pour n'importe quelles denrées, et à mon avis pas du tout pour des inventions nouvelles. Et pour la publicité sur un produit, il faut attendre le cinéma et la radio.


En fait, la publicité existait bien avant l'invention du cinéma et de la radio. Contrairement à ce que l'on pense (et ce fut aussi mon cas à une certaine période), la réclame touchait les masses populaires. Au milieu de XIXème siècle, la presse populaire avait des tirages qui impressionneraient pas mal de patrons de presse actuels et les nouvelles touchaient pas mal de monde. Ainsi que la réclame qu'on trouvait dans ces journaux, hebdomadaires, ... Des almanachs circulent et on y fait la réclame des nouveautés ou de certains produits que le rédacteur trouve indispensable à telle ou telle profession.

Les circuits de distribution fonctionnent, mais que pour les produits qui en valent la peine. Or, de nombreux produits sont produits localement et il ne servirait à rien d'aller les acheter au loin. Sauf à en augmenter inutilement le prix.

Pour d'autres produits, quand un marché existe, dès la plus haute antiquité, l'esprit de commercer et d'entreprendre permet à ces objets de parcourir parfois de très grandes distances. Et justement, dès la même période, on taxe ces produits d'importation. C'est le cas un peu partout et pas seulement en France. Entre taxations, péages, circuits commerciaux inadaptés (car, il faut des jours, des mois, des années pour parcourir des distances qui ne requièrent à notre époque que quelques heures), le prix de ces produits subit une augmentation exponentielle. Seule la révolution industrielle va changer cela, pas parce que les circuits de distribution se développent, mais parce que la production de masse permet de rendre abordable les produits industriels. A l'époque médiévale, si on prend l'exemple des tissus, il y a effectivement un marché européen, voire euro-asiatique pour les soieries. Mais, c'est des produits de très grand luxe et ils restent inabordables pour 99% de la population. La mécanisation fait que des produits passent en quelques années du statut de produits luxueux au statut de produits de consommation courante.

Si on prend le cas de la bicyclette, son développement date de la fin du XIXème, début du XXème. Une partie de son développement vient de sa distribution à grande échelle à travers notamment les catalogues comme celui de la manufacture d'armes et de cycles de Saint-Étienne. Ce qui deviendra ManuFrance. Avant, ce sont des artisans locaux qui produisent quelques vélos pour quelques "olibrius" qui acceptent de se montrer sur de tels objets.

Mais, effectivement, le réseau routier n'est pas adapté à son usage. En fait, la bicyclette, telle qu'on la conçoit de nos jours suppose des chemins plus ou moins carrossables. Je pense que c'est là l'un des freins à son développement. Les routes de l'époque sont peu adaptées aux engins à roues, du moins aux engins rapides. Le procédé de Mac Adam permet de construire des routes adaptées aux engins rapides. Mais, je crois qu'il est d'un usage limité et je n’arrive pas à trouver quels sont les freins à son développement.

En fait, à y réfléchir, nous avons mis plus d'un siècle à inventer le vélo tout terrain. Les premiers VTT datent des années 70-80. Ce sont des engins qui demandent une certaine force physique et qui font tourner vite la ballade au cauchemar pour peu que les conditions climatiques ne soient pas satisfaisantes.

Je me demande si le frein au développement des routes goudronnées n'est pas la présence en grand nombre de chevaux de traits.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 23 Oct 2012 9:28 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9027
Narduccio a écrit :
Je me demande si le frein au développement des routes goudronnées n'est pas la présence en grand nombre de chevaux de traits.

Je crois plutôt que c'est le développement de l'automobile qui a entraîné le goudronnage progressif des routes. Il y a eu un goudronnage systématique lancé dans la foulée de la première guerre mondiale, où la France s'est couverte de routes goudronnées en l'espace de 4-5 ans. Sans doute pour 2 raisons : éviter le chômage suite à la réduction des usines d'armement, et un aspect stratégique, le transport par camions ayant montré son efficacité pendant la grande guerre. C'est aussi à la même période qu'on a systématisé l'électrification des villages, ainsi que l'adduction d'eau "jusqu'au robinet."

Pour en revenir au sujet, je pense qu'un produit qui répond à un besoin trouve toujours son réseau de distribution, et je pense comme vous qu'on a pu vérifier ce phénomène tout au long de l'histoire.

Au passage, je signale une constatation faite par notre "médiologue" national, Régis Debray, ou par l'un de ses thésards : l'apparition du vélo dans les campagnes a été un facteur significatif de diffusion de l'information dans les campagnes. Du jour au lendemain, le vélo a rendu plus simple et plus fréquent l'accès au bourg voisin ou au chef lieu de canton, élargissant ainsi l'horizon des populations. Je dois dire que j'étais un peu surpris de voir ce fondateur de la médiologie (étude des impacts d'un nouveau média) s'intéresser... au vélo en tant que média, mais quand on y pense c'est assez logique : en raccourcissant les distances, le vélo devenait un facteur de communication.

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 23 Oct 2012 9:39 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 22 Août 2008 14:17
Message(s) : 2324
La diffusion de l'information dans les campagnes a d'abord été le fait des colporteurs qui, outre le fil, les aiguilles ou les tissus, proposaient aussi (surtout au 19ème siècle) ce que l'on appelait des "canards" et des calendriers, brochures bon marché abordant des sujets variés, y compris des évènements politiques ou des faits-divers. Les images d'Epinal ont fait partie de ces moyens de diffusion qui allaient de pair avec les progrès de l'alphabétisation.
Le facteur (d'abord à pied, plus tard doté d'une bicyclette) joua aussi un rôle essentiel.

http://www.ecoles.cfwb.be/argattidegamond/Contes/Chaperon/Colportage.htm

_________________
"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 57 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB