Dalgonar a écrit :
Il semble que le naufrage de Shovell soit surtout une erreur de longitude.
C'est ce que l'on entend souvent, mais, en fait, c'est plutôt l'erreur sur la latitude qui a été fatale. La question qui se posait était de savoir si la flotte se trouvait à la latitude d'Ouessant comme estimé ou nettement plus au nord comme tendait à l'indiquer la moyenne des mesures de hauteur du soleil. Sur l'avis de 20 officiers de navigation sur 21, l'amiral (Shovell avec un
v et non un
w, j'en ai pris bonne note) a décidé de ne pas tenir compte des observations astronomiques pour s'en tenir à la position estimée et de faire route au nord-est alors qu'il aurait fallu prendre une route est-sud-est. Quoi qu'il en soit, ce qui a manqué à l'amiral n'est pas un chronomètre mais un instrument d'optique performant. Selon les experts du National Maritime Museum de Greenwich, (
https://www.rmg.co.uk/discover/behind-the-scenes/blog/1707-isles-scilly-disaster-%E2%80%93-part-1), les causes de l'échouage sont multiples, les deux principales étant l'impéritie des officiers et des erreurs sur les cartes. Il me semble cependant peu douteux que, l'incompétence des officiers étant ce qu'elle était, avec des instruments plus performants, ils auraient obtenu de bien meilleurs résultats de leurs observations que l'amiral n'aurait pas rejetés.
Dalgonar a écrit :
C'est suite à ce désastre, le plus terrible de la marine anglaise (2000 hommes, 4 navires!), que la reine promulgua le Longitude Act (1714), accordant la somme de 20.000 livres à qui trouverait un moyen fiable de déterminer la longitude (ce fut l'horloger Harrison qui l'emporta).
Toujours selon le musée de Greenwich, le lien de causalité entre la catastrophe de 1707 et le Longitude Act de 1714 est une légende. Dans les documents de l'époque cette catastrophe est attribuée au mauvais temps et non à une erreur de longitude et elle n'a pas motivé le projet de loi. Ce n'est que la veille du projet qu'un de ses défendeurs a utilisé cet argument.
Le Longitude Act offrait un prix à l'inventeur d'une méthode permettant de déterminer la longitude avec une certaine précision :
- 10,000 £ pour une précision de 1° d'arc de méridien,
- 15,000 £ pour une précision de 40'
- 20 000 £ pour une précision de 30'.
Il ne s'agissait pas spécifiquement d'un prix destiné à la production d'un chronomètre. Par ses performances la montre de Harrison satisfaisait aux conditions d'attribution du prix de 20 000 £. Harrison eu toutefois beaucoup de mal à convaincre le jury et il ne reçut pas la somme maximale. Les oppositions du jury reposaient sur le caractère de prototype du chronomètre de Harrison alors que le Longitude Act visait à l'obtention de moyens permettant à tout navire de déterminer sa longitude avec précision. Il aurait fallu pour satisfaire pleinement le jury qu'Harrison fût en mesure de produire son chronomètre en série. En outre son chronomètre restait encore imparfait, notamment en raison d'une sensibilité à la température. La solution définitive fut apportée par Thomas Earnshaw et John Arnold dont les innovations sont à la base des chronomètres modernes.