Nous sommes actuellement le 19 Mars 2024 8:20

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 62 message(s) ]  Aller vers la page 1, 2, 3, 4, 5  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message : Le sextant
Message Publié : 12 Jan 2019 19:52 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 11 Jan 2019 21:59
Message(s) : 2
Bonsoir,

Je travail en ce moment sur un TPE avec plusieurs camarades. Nos thèmes imposés sont mathématiques et histoire/géographie, et nous avons par conséquent choisi comme sujet "Le sextant", instrument qui a révolutionné l'art de la navigation et qui comporte également de nombreux aspects mathématiques.

Cependant, je m'adresse à vous car je trouve que nous manquons d'informations historiques, malgré de nombreuses recherches à travers divers ouvrages mis à notre disposition et de part et d'autre de la toile. J'aimerais ainsi vous demander si quelqu'un serait capable de nous donner davantage de détails historiques sur cet instrument, ou alors directement nous renvoyer vers des personnes qui s'y connaissent dans le domaine. Précisions : Nous nous intéressons à l'utilisation de l'instrument uniquement durant les Temps Modernes (ce qui rend compliqué de trouver de nombreuses informations), et aussi à la manière dont le sextant a révolutionné la navigation à cette époque.

Merci d'avance pour votre attention à l'égard de mon message.

Bonne soirée.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 12 Jan 2019 21:55 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 27 Mai 2018 10:04
Message(s) : 1103
Pourrais-je vous conseiller L'Histoire universelle de la navigation de François Bellec http://www.lacardinale.com/histoire-de-la-marine/histoire-universelle-de-la-navigation-tome-ii.html

Image


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 12 Jan 2019 23:42 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 28 Avr 2006 23:02
Message(s) : 1397
Localisation : Orne
Un livre tout à fait remarquable, de l'astronome Tycho Brahe (1546-1601) recense les instruments astronomiques connus à son époque, dont des sextants.

Le livre est en latin, mais il n'y a presque pas de texte et beaucoup de dessins.
Même sans traduction, on peut comprendre beaucoup de choses, et voir, par exemple, que le sextant n'est qu'un instrument parmi beaucoup d'autres. Le quadrant, assez populaire autrefois, utilisé notamment par Copernic, est quasiment la même chose qu'un sextant en un peu plus grand.

Voici un site qui montre de grandes images de ce livre, avec une présentation en espagnole :
https://matematicasycosmos.wordpress.co ... stronomia/
Edit : Malheureusement ce site ne montre pas toutes les pages. Je les avais vues en ligne autrefois sur un autre site dont j'ai oublié le nom, et que vous pourrez sûrement retrouver si ça vous intéresse.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 13 Jan 2019 1:03 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2231
Bonsoir,

Le thème mathématiques et histoire/géographie me fait penser au problème général de la détermination de la longitude en mer plutôt qu'au seul sextant.

Le sextant n'était pas un instrument facile à fabriquer à l'époque qui vous intéresse, le dix-huitième siècle, mais, dans son principe, il n'est pas compliqué. L'article de wikipedia en dit l'essentiel.

Vous devriez trouver des informations complètes sur l'histoire du sextant dans : Sextants at Greenwich: A Catalogue of the Mariner's Quadrants, Mariner's Astrolabes, Cross-staffs, Backstaffs, Octants, Sextants, Quintants, Reflecting Circles and Artificial Horizons in the National Maritime Museum, Greenwich. de W.F.J. Mörzer Bruyns and Richard Dunn. (Oxford University Press, 2009). Cet ouvrage est malheureusement très cher. Néanmoins, vous pourriez peut-être l'emprunter dans une bibliothèque spécialisée, le consulter au Musée de la marine si vous habitez la région parisienne, ou trouver une autre solution.

Ici l'image d'un octant du 18e siècle : http://www.meridienne.org/index.php?page=sextant.historique

Notice d'époque sur l'octant, téléchargeable sur gallica : Le Nouveau quartier anglois ou description et usage d’un nouvel instrument pour observer la latitude sur mer de d'Après de Manivelette (Paris : Lambert, Durand, 1739)

Description des octants et des sextants de Jean-Hyacinthe Magellan (1775) téléchargeable grâce à Google : https://books.google.fr/books?id=laZaAAAAcAAJ&pg=PR15&lpg=PR15&dq=Description+des+octants+%22Magellan%22&source=bl&ots=TSXTphvwPt&sig=_mqHZ9OJO5xScrdofkDwcuAScGQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi5k9KLrunfAhUQUBoKHXySCCIQ6AEwCnoECAUQAQ#v=onepage&q=Description%20des%20octants%20%22Magellan%22&f=false

Deux articles de la Revue d'histoire des sciences à lire absolument:

https://www.cairn.info/revue-d-histoire-des-sciences-2010-1-page-189.htm#no30
https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHS_611_0063

ainsi qu'un article de la revue Histoire et mesure : https://journals.openedition.org/histoiremesure/1748#bodyftn10

Ce qui a véritablement révolutionné la navigation est le garde-temps plutôt que le sextant. En effet, sans connaissance du temps, la longitude ne pouvait être déterminée que par la méthode des distances lunaires, très compliquée et peu précise. Elle a été utilisée mais surtout au cours de missions scientifiques. En pratique, la navigation s'est faite à l'estime jusqu'au milieu du 19e siècle. La méthode de la droite de hauteur, utilisée jusqu'à l'apparition du GPS ne date que de 1875.

La navigation astronomique, abstraction faite de la méthode des distances lunaires, requiert trois choses :
- un appareil de mesure de la hauteur des astres : l'octant ou le sextant, apparu dans les années 1740,
- un garde temps précis et solide, apparu à la toute fin du 18e siècle, qui ne deviendra courant que vers le milieu du 19e siècle,
- des éphémérides dont les premières apparaissent au début du 18e siècle, mais en France, il faut attendre la Révolution pour qu'un service public, le Bureau des longitudes en édite.

Un ouvrage encyclopédique sur l'histoire de la navigation astronomique : Histoire du point astronomique en mer de Jean-José Ségeric, Marines éditions, 2006. On peut prendre contact avec l'auteur à cette adresse : segeastronav@voila.-fr

L'instrument mentionné dans le message d'Oliviert est un astrolabe. Il ne permet pas de voir en même temps la ligne d'horizon et l'astre dont on mesure la hauteur et il est de ce fait très imprécis. Une mesure précise se fait au moyen d'une double réflexion : on ne regarde pas directement l'astre mais son image réfléchie qu'on fait descendre sur l'horizon. C'est l'innovation majeure apportée par l'octant et le sextant.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 13 Jan 2019 10:23 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2017 0:13
Message(s) : 361
Localisation : Loin
Bonjour,

Barbetorte m'a pris de vitesse. Le principe de la mesure de hauteur d'astre était connu depuis bien longtemps, et a donné naissance aux instrument de plus en plus précis que sont l'octant et le sextant. Mais la plus grande avancée est le concours de chronomètre de marine, pour déterminer la longitude. Cela a aussi permis d'avoir plus de précision dans la détermination de la latitude, grâce aux tables astronomiques d'heure du zénith.

L'histoire de la longitude et des chronomètres de marine est passionnante.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 13 Jan 2019 10:46 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2017 0:13
Message(s) : 361
Localisation : Loin
L'histoire du sextant est donc liée à celle de l'horlogerie. C'est l'horloger anglais John Harrison qui remporte le concours lancé par le roi George III au milieu du XVIIIe s, donnant une longueur d'avance à la marine anglaise en termes d'exploration à la fin de l'époque moderne (cf James Cook).


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 13 Jan 2019 14:38 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 27 Mai 2018 10:04
Message(s) : 1103
Barbetorte a écrit :
En pratique, la navigation s'est faite à l'estime jusqu'au milieu du 19e siècle.


En fait, et c'est ce qui est dit dans le premier tome de l'histoire universelle de la navigation, c'est que cette idée selon laquelle on a longtemps navigué "à l'estime" n'est pas tout à fait juste. C'est une construction intellectuelle qui se met en place au XIXème siècle , époque où les navigateurs occidentaux ne sont plus en capacité de comprendre comment naviguaient leurs Anciens. C'est ce qui a bloqué pendant des décennies la compréhension de comment se déplaçaient les océaniens au milieu du Pacifique. N'oublions pas qu'ils étaient capables de faire des traversées d'îles en îles de plus de 1000 km en réussissant à atterrir sur des "ilots" de quelques centaines de mètres de circonférence ... Si on navigue "à l'estime" ce n'est même plus un exploit, ce sont des séries de tentatives de suicide... Les marins du premier millénaire de notre ère qui se sont lancés dans de la navigation hauturière savaient où ils allaient quand ils pouvaient voir le ciel nocturne... Ce qui n'est pas toujours évident.

Ils disposaient d'outils plus ou moins grossiers, et de connaissances "empiriques" qui se sont révélées assez justes quand on les a comparées avec ce qu'on faisait avec d'autres outils plus modernes. Pour mesurer le temps, il y avait des cadrans solaires de différents types. Il y avait des outils qui permettent de mesurer la position de diverses étoiles. Dans l'Océan Indien, il semble qu'on a utilisé assez tôt le magnétisme pour trouver le nord (en fait leurs outils montraient le sud, mais ça revient au même). On se limitait à naviguer que dans les périodes où le bon temps était plus ou moins assuré et les tempêtes rares. On sondait aussi, c'est à dire qu'à l'approche des terres, lorsqu'on tardait à les voir, on lançait une sonde de profondeur pour voir si le fond remontait. Puis, parfois il fallait faire des cercles autour du point d'arrivé pour trouver le port. Mais, cela c'était surtout lorsqu'un épisode nuageux avait empêché de faire le point lors du voyage.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 13 Jan 2019 19:25 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2017 0:13
Message(s) : 361
Localisation : Loin
Léonard59 a écrit :
N'oublions pas qu'ils étaient capables de faire des traversées d'îles en îles de plus de 1000 km en réussissant à atterrir sur des "ilots" de quelques centaines de mètres de circonférence


Exact, et Thor Heyerdahl a brillamment démontré comment ils savaient utiliser ces véritables trottoirs roulants que sont les courants maritimes, combinés aux vents dominants. Pendant longtemps, les techniques navales permettaient très peu de manoeuvres contre la direction dominante des vents et courants. Difficile de remonter beaucoup au vent, avec des vitesses dérisoires par rapport aux courants aux grands angles. Parmi les outils empiriques, pour savoir si l'on était dans tel ou tel courant, la température de l'eau pouvait renseigner, confirmer ou infirmer. L'invention de thermomètres précis allait également apporter son concours, au même siècle que l'invention du chronomètre.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 14 Jan 2019 1:56 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2231
Léonard59 a écrit :
En fait, et c'est ce qui est dit dans le premier tome de l'histoire universelle de la navigation, c'est que cette idée selon laquelle on a longtemps navigué "à l'estime" n'est pas tout à fait juste. C'est une construction intellectuelle qui se met en place au XIXème siècle , époque où les navigateurs occidentaux ne sont plus en capacité de comprendre comment naviguaient leurs Anciens.
J'ai écrit : à l'estime, sans guillemets, et non : au pifomètre (avec guillemets). Ne pas confondre. Les sous-marins stratégiques naviguent principalement à l'estime mais savent néanmoins très bien où ils sont grâce à leurs centrales inertielles, bien mieux que les navires qui faisaient un point astronomique tous les jours, voire plusieurs fois par jour, jusque dans les années 1990. Simple question de définition. Naviguer à l'estime signifie : apprécier sa position en l'absence de repères extérieurs, par la simple connaissance de sa route et de sa vitesse. Les Polynésiens, tout comme les Européens, de l'Antiquité jusqu'au dixième-huitième siècle, ne pouvaient naviguer hors de vue des côtes qu'à l'estime. Tout au plus pouvaient-ils apprécier la latitude, plus ou moins précisément, en observant le soleil ou des étoiles. Avec le soleil, c'est tout simple, il n'y a besoin d'aucun calcul, sa hauteur à sa culmination étant le complément de la latitude, il suffit de mesurer. Mais ils ne disposaient d'aucun autre moyen que l'estime pour connaître la longitude de leur position.

Léonard59 a écrit :
C'est ce qui a bloqué pendant des décennies la compréhension de comment se déplaçaient les océaniens au milieu du Pacifique. N'oublions pas qu'ils étaient capables de faire des traversées d'îles en îles de plus de 1000 km en réussissant à atterrir sur des "ilots" de quelques centaines de mètres de circonférence ...
Ce qui a bloqué la compréhension de leur art de la navigation, c'est surtout qu'on avait négligé de les interroger et peut-être aussi qu'ils voulaient garder leurs connaissances secrètes. Ils étaient de plus habiles navigateurs que les Européens et Proche-Orientaux du premier millénaire avec lesquels il ne faut pas faire de parallèle : nos Anciens en savaient moins que les Polynésiens. Il ne faut cependant pas surestimer ces derniers : ils ne visaient pas une île minuscule à 1 000 km de distance. La quasi-totalité des îles du Pacifique étant regroupées en archipels, ils visaient l'archipel dont faisait partie l'île qu'ils voulaient atteindre et ils se recalaient à l'atterrissage. Les documents suivants exposent comment ils procédaient :
- l'article du Journal de la société des Océanistes, Les Polynésiens et la navigation astronomique, dans le n° 36 de 1972, : http://www.persee.fr/doc/jso_0300-953x_1972_num_28_36_2384
- la thèse de doctorat de Jean-Claude Teriierooiterai soutenue le 9 décembre 1973 à l'Université de la Polynésie Française, Mythes, astronomie, découpage du temps et navigation traditionnelle : l’héritage océanien contenu dans les mots de la langue tahitienne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01481871

Léonard59 a écrit :
Les marins du premier millénaire de notre ère qui se sont lancés dans de la navigation hauturière savaient où ils allaient quand ils pouvaient voir le ciel nocturne.
Les marins du premier millénaire de notre ère qui se lançaient dans de la navigation hauturière ne savaient guère mieux que ceux du dix-septième siècle où ils allaient. Tout au plus avaient-ils une plus grande capacité à naviguer sans compas. En fait, ils ne s'aventuraient pas souvent longtemps hors de vue des côtes. Les Grecs de l'Antiquité le faisaient parfois, contrairement à ce que l'on a longtemps pensé, mais ils faisaient surtout du cabotage. Il ne faut pas sous-estimer les savoir-faire du passé, mais il ne faut pas non plus fantasmer.

Léonard59 a écrit :
Ils disposaient d'outils plus ou moins grossiers, et de connaissances "empiriques" qui se sont révélées assez justes quand on les a comparées avec ce qu'on faisait avec d'autres outils plus modernes.
Qui « ils » ? Les Polynésiens ? Ils ne disposaient d'aucun outil. Mais ils observaient, mémorisaient et se transmettaient oralement leurs connaissances de génération en génération.

Léonard59 a écrit :
Pour mesurer le temps, il y avait des cadrans solaires de différents types.
Utilisable sur mer d'huile seulement. Un bateau, ça bouge. De toute façon, un cadran donne l'heure de là où il est et non l'heure d'un point fixe. Ce n'est pas un garde-temps utile à résoudre le problème de la longitude.

Léonard59 a écrit :
Il y avait des outils qui permettent de mesurer la position de diverses étoiles.
Ce qui ne renseigne pas sur la longitude.

Léonard59 a écrit :
Dans l'Océan Indien, il semble qu'on a utilisé assez tôt le magnétisme pour trouver le nord (en fait leurs outils montraient le sud, mais ça revient au même).
Dans l'hémisphère nord on avait l'Etoile Polaire et le soleil qui culminait une fois par jour au sud.

Léonard59 a écrit :
On sondait aussi, c'est à dire qu'à l'approche des terres, lorsqu'on tardait à les voir, on lançait une sonde de profondeur pour voir si le fond remontait. Puis, parfois il fallait faire des cercles autour du point d'arrivé pour trouver le port. Mais, cela c'était surtout lorsqu'un épisode nuageux avait empêché de faire le point lors du voyage.
Cela s'est pratiqué très longtemps, au vingtième siècle encore. C'était un moyen parmi d'autres employé à l'atterrissage tant qu'on ne disposait pas de radar : au moyen du sondeur acoustique on relevait le profil du fond et l'on cherchait à le faire correspondre avec les lignes de niveau indiquées sur la carte.

Léonard59 a écrit :
Mais, cela c'était surtout lorsqu'un épisode nuageux avait empêché de faire le point lors du voyage.
Faire le point, c'est déterminer sa position en observant des repères extérieurs. En haute mer, il n'y a que les astres. Faire le point en haute mer n'a été possible qu'à partir du dix-huitième siècle, c'est le fameux problème de la longitude et, au début, la précision était très mauvaise, raison pour laquelle on faisait rarement de point astronomique avant le milieu du dix-neuvième siècle : inutile de s'employer à des observations et calculs fastidieux pour déterminer sa position avec une incertitude plus grande que celle de l'estime.

Léonard59 a écrit :
Thor Heyerdahl a brillamment démontré comment ils savaient utiliser ces véritables trottoirs roulants que sont les courants maritimes, combinés aux vents dominants.
Thor Heyerdahl n'a pas étudié les techniques de navigation des Polynésiens. Il a cherché à montrer que sa thèse d'un peuplement de la Polynésie par des Amérindiens était plausible. Pour cela il a fabriqué une embarcation telle qu'en avaient les Incas et prouvé qu'avec une telle embarcation il était possible de se rendre du Pérou aux Iles Tuamotu. On sait depuis que les îles polynésiennes n'ont pas été peuplées à partir de l'Amérique mais grâce à Thor Heyerdahl on a progressé dans la connaissance des techniques de construction navale des Incas.

Léonard59 a écrit :
Parmi les outils empiriques, pour savoir si l'on était dans tel ou tel courant, la température de l'eau pouvait renseigner, confirmer ou infirmer. L'invention de thermomètres précis allait également apporter son concours, au même siècle que l'invention du chronomètre.
Alors là, j'aimerais des références. Quoi qu'il en soit, ce ne pouvait être un savoir empirique des Anciens qui ne disposaient pas de thermomètres.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 14 Jan 2019 10:57 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2017 0:13
Message(s) : 361
Localisation : Loin
Barbetorte a écrit :
Quoi qu'il en soit, ce ne pouvait être un savoir empirique des Anciens qui ne disposaient pas de thermomètres.

Vous avez raison. Cette méthode de confirmation n'a pu faire son apparition qu'avec les thermomètres et les charts (cartes) des courants. On la voit notée dans les logs de capitaines, avec les autres indications.

Léonard59 a écrit :
On sondait aussi, c'est à dire qu'à l'approche des terres, lorsqu'on tardait à les voir, on lançait une sonde de profondeur pour voir si le fond remontait. .

Sur le sondage de profondeur: il n'a pu être vraiment utile à la navigation hauturière aussi qu'à partir du moment où des cartes reportaient ces informations. Le fond océanique ne remonte pas régulièrement partout de la même manière, et il faudrait dans ce cas qu'il remonte avant que l'on ne voie la côte, et que cela soit connu et reporté sur une carte. En-dehors de cela, le sondage n'est utile qu'à déterminer un passage à proximité des côtes, ou un point d'ancrage.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 14 Jan 2019 17:51 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 27 Mai 2018 10:04
Message(s) : 1103
Dalgonar a écrit :
Léonard59 a écrit :
On sondait aussi, c'est à dire qu'à l'approche des terres, lorsqu'on tardait à les voir, on lançait une sonde de profondeur pour voir si le fond remontait. .

Sur le sondage de profondeur: il n'a pu être vraiment utile à la navigation hauturière aussi qu'à partir du moment où des cartes reportaient ces informations. Le fond océanique ne remonte pas régulièrement partout de la même manière, et il faudrait dans ce cas qu'il remonte avant que l'on ne voie la côte, et que cela soit connu et reporté sur une carte. En-dehors de cela, le sondage n'est utile qu'à déterminer un passage à proximité des côtes, ou un point d'ancrage.


Le sondage était fait là où le pilote avait des connaissances sur les fonds marins. Cela lui permettait avant de voir la terre de savoir vers où il devait se diriger. Ensuite, il y eût les cartes plus systématiques qui permirent aux gens qui atterrissaient la première fois quelque part de savoir où ils se trouvaient.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 14 Jan 2019 18:16 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 27 Mai 2018 10:04
Message(s) : 1103
@ Barbetorte, content, vous vous êtes fait bien plaisir ?

Apparemment vous avez pris plaisir à démonter phrase par phrase mes propos. J'espère que vous avez lu le livre que j'ai cité. SI ce n'est le cas, je vous le conseille.

Pour le reste, vous avez une vision très étriquée de la navigation ancienne. Comme j'ai une approche à partir de la préhistoire, j'ai une vision exactement contraire à la votre. Mais, je vais essayer d'être plus convivial et je ne vais pas me lancer dans votre jeu.

Dans le livre que j'ai cité, les occidentaux, et une bonne partie de notre savoir vient des grecs et des romains, bref, ceux qui vivaient autour de la Méditerranée n'avaient besoin que de connaissances limitées. En ce qui concerne l'Atlantique, il semble que l'idée de se lancer droit devant soit venue bien tard. Coté Océan Indien, ce fut tout différent, et ce sont les premiers qui se lancèrent relativement loin des côtes. Contrairement à ce que laisse penser votre prose, il fut des temps où les occidentaux surent écouter les navigateurs étrangers à leur culture. Personne ne prit la peine de noter le nom du pilote maure du Gujarat qui monta à bord du Sao Gabriel, mais les navigateurs portugais surent exploiter les connaissances qui leur a transmis. Au point qu'ils supplantèrent les navigateurs musulmans qui avaient l'exclusivité du traffic entre l'Afrique, l'Arabie et l'Inde. Les navigateurs arabes n'utilisèrent pas d'outils complexes, mais si j'ai bien compris, isl étaient loin de naviguer à l’estime et ils savaient où ils allaient.

Quand aux océaniens, prenez donc un manuel de trigonométrie et calculez à quelle distance correspond une erreur d'une seconde d'arc sur un voyage de 1000 km. Vous aurez une idée de ce qu'ils étaient capables d'accomplir. Eux aussi, ils savaient où ils allaient et ils arrivaient à bon port assez souvent pour que ce ne soit pas le fait d'un heureux hasard ou d'une navigation à l'estime.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 14 Jan 2019 20:17 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 11 Jan 2019 21:59
Message(s) : 2
Bonsoir,

Merci de vos nombreux retours. Ils nous sont d'une grande utilité.

Concernant l'ouvrage de François Bellec sur "L'histoire universelle de la navigation", quel tome serait le plus judicieux ?

Par ailleurs, si je me réfère à vos divers réponses, le sextant n'a donc pas véritablement révolutionné la navigation, c'est-à-dire que cette amélioration de précision n'a donc pas contribué à de nouveaux voyages/découvertes en soi ?

En m'excusant à nouveau du dérangement,

lesextant


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 14 Jan 2019 23:16 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 27 Mai 2018 10:04
Message(s) : 1103
Lesextant a écrit :
Concernant l'ouvrage de François Bellec sur "L'histoire universelle de la navigation", quel tome serait le plus judicieux ?



Si vous désirez l'époque moderne, c'est le tome 2. Si vous désirez savoir comment ou faisait avant les outils modernes, c'est le tome 1.

Lesextant a écrit :
Par ailleurs, si je me réfère à vos divers réponses, le sextant n'a donc pas véritablement révolutionné la navigation, c'est-à-dire que cette amélioration de précision n'a donc pas contribué à de nouveaux voyages/découvertes en soi ?

En m'excusant à nouveau du dérangement,

lesextant


Il y a une différence. J'ai bien évoqué l'obligation de voir le soleil ou les étoiles (d'ailleurs plutôt les étoiles pour les premières méthodes). Quand le ciel était couvert on avait 3 choix :
- s'abriter sur une plage, un port, une anse naturelle. C'est facile avec un petit bateau, plus il devient grand plus c'est compliqué.
- mettre en panne. Bref, rester sur place, ou du moins essayer en espérant ne pas trop dériver. Ensuite, on refait le point dès que possible et on essaye de tenir compte de la dérive éventuelle.
- continuer dans la direction suivie en espérant ne pas trop dériver.

Quand on met en panne, on ôte tout espoir d'agir sur les évènements, on ne fait que subir. Continuer, si la zone de tempête est trop grande, on risque de se perdre. Et puis, quand on fait le compte, les mois de beau temps en mer peuvent se compter en semaines, 8, 10, 12 sur une année. Bref, le reste du temps, s'il faut sortir ...

En plus, savez-vous qu'on connait le nom de pilotes d'époques relativement reculées ? Cela veut dire que ce sont des professionnels reconnus et ayant acquis une grande somme d'expérience. Très tôt on voit apparaitre des cartes, des portulans, des livres de mers, bref un tas de moyens de partager ce savoir. De plus, un bon pilote ne sait aller que là où il est déjà allé ... En fait, ce n'est pas tout à fait vrai, parce qu'il existe de très anciens récits de voyages qui expliquent comment aller de tel endroit à tel autre en telle saison. Ces récits disent qu'à un moment on verra telles étoiles dans telles dispositions et qu'il faudra se diriger dans telle direction. Quelques heures plus tard, on verra une autre étoile se lever et il faudra la laisser à 4 ou 5 doigts ou....

Bref, c'est un art qu'il faut apprendre et certains savent mieux que d'autres interpréter tous les signes qui vont leur permettre de se diriger. Les outils modernes vont transformer cet art en science. N'importe quelle personne qui a eut la formation adéquate et qui a intégré cet enseignement peut amener un navire à bon port. Un bon pilote se formait en plusieurs années par compagnonnage. Là, il suffit de lui donner quelques semaines de leçons, puis de le mettre à bord sous la houlette d'un maître qui surveille qu'il maîtrise ses acquis. Bref, vous formez plus de monde en moins de temps.

La vraie différence est là, le passage d'un art en une démarche scientifique. Théoriquement, 10 apprentis sur le même navire doivent vous donner le même point ... Et l'entrainement fait en qu'en quelques semaines la majorité d'entre eux y arrive ... Si vous avez bien fait votre sélection.

Il faut bien voir qu'il y a 2 démarches concourantes, d'un coté les méthodes de construction des navires s'améliorent. Ceux-ci résistent de mieux en mieux aux éléments et augmentent de taille. Les flottes de guerre des grandes puissances peuvent aligner plusieurs centaines de voiliers de tailles différentes avec des méthodes de constructions quasi industrielles. De l'autre, la formation des officiers permet de former un nombre plus conséquents de naviguant. Il faut bien voir que dans la conduite d'un navire, il y a quelques postes stratégiques. Celui du commandant qui doit assurer le fonctionnement global du navire, celui du maître d'équipage, qui manage les hommes ... et celui des naviguant qui permettent aux navires d'aller là où le commandant le désire. Les outils modernes permettent de former un plus grand nombre de naviguant. Car la formation devient plus facile.

Les pilotes antiques sont de 3 sortes. Ceux qui se contentent de faire du cabotage, ceux qui ne connaissent que quelques routes (il faut les apprendre par cœur et savoir s'adapter aux circonstances). La 3ème catégorie concentre une somme de connaissances. Dans certains cas, cela suppose de connaitre par cœur plusieurs dizaines d'histoires qui sont en fait des routes. Du genre "pendant tant d'heures suivre .... et là on va donner un nom qui va correspondre à une étoile d'une certaine constellation. Bref, on va dérouler un récit qui va sembler abscons à qui ne connait pas le code, mais qui correspond à une route bien précise. Et le pilote qui sait bien interpréter ces éléments arrivera à bon port.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Le sextant
Message Publié : 15 Jan 2019 11:13 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 28 Avr 2006 23:02
Message(s) : 1397
Localisation : Orne
Léonard59 a écrit :
...
Excusez-moi, mais je trouve qu'il y a beaucoup de choses douteuses dans ce que vous énoncez. Je ne vais pas reprendre point par point. Mais, s'il vous plait, ce n'est pas parce que la question est posée par un élève qu'il faut faire un cours magistral. Indiquez juste les sources que vous trouvez pertinentes, ce sera beaucoup plus intéressant pour faire une recherche par soi-même.

Barbetorte a écrit :
L'instrument mentionné dans le message d'Oliviert est un astrolabe. Il ne permet pas de voir en même temps la ligne d'horizon et l'astre dont on mesure la hauteur et il est de ce fait très imprécis. Une mesure précise se fait au moyen d'une double réflexion : on ne regarde pas directement l'astre mais son image réfléchie qu'on fait descendre sur l'horizon. C'est l'innovation majeure apportée par l'octant et le sextant.
Merci pour votre remarque. Effectivement, les sextants ont évolué au cours du temps. L'utilisation des miroirs est une grande amélioration, mais je ne sais pas de quand elle date.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 62 message(s) ]  Aller vers la page 1, 2, 3, 4, 5  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB