Narduccio a écrit :
D'ailleurs, je dois être obtus, mais je ne voit pas vraiment le lien entre la trigonométrie et la religion grecque, ou entre L'Harmonie des sphères et la religion grecque, même si le nom des planètes est le nom romain des dieux grecs.
La musique des sphères est un excellent d'exemple pour illustrer ce que j'essaye de dire. Apparemment, l'essentiel de ce que l'on saurait du pythagorisme viendrait d'un de ses disciples nommé Philolaos de Crotone. Voyons ce que l'on peut lire sur lui sur sa page wikipédia(le gras est de moi, et la dernière phrase recoupe particulièrement notre sujet):
Citer :
Selon lui [Philolaos], tous les astres sont sphériques ; Anaxagore les croyait plats. Philolaos fut le premier penseur à considérer que la Terre n'était pas immobile, au centre de l'Univers : pour la première fois, la Terre est considérée comme une planète, mais son orbite n'est pas héliocentrique. Pour lui, elle tournait autour d'un « Feu central » (illimité), demeure de Zeus et mère des dieux, différent du Soleil et placé au centre sphérique (limitant) de l'Univers. Il appela ce centre « Hestia », d'après la déesse grecque du feu et du foyer Hestia. (...)
Copernic souligne l'importance prise, dans l'évolution de sa réflexion, par le concept de la Terre en mouvement selon Philolaos
On peut lire un peu partout que le Pythagorisme relevait autant du groupuscule religieux que d'une école portée sur des intérêts scientifiques, et que les deux étaient indissociables. Les arguments des pythagoriciens étaient métaphysiques, leurs visions du cosmos des étaient imprégnées de religiosité, et les poussaient à mieux observer et chercher l'ordre dans les phénomènes naturels, stimulant ainsi le développement des mathématiques.
Le choix de la sphère pour les mouvements des astres est généralement cité comme motivé par des arguments religieux (
http://expositions.bnf.fr/ciel/arretsur ... index8.htm):
Citer :
Que la Terre soit sphérique au centre du monde est d'abord un postulat philosophique né avec les Pythagoriciens, formulé ensuite par Platon et adopté plus tard par beaucoup de théologiens chrétiens. Si l'on pose que les astres sont d'essence divine, ils doivent être parfaits donc sphériques.
"Celui qui constitua le monde (...) lui donna comme figure celle qui lui convenait et qui lui était apparentée. Au vivant qui doit envelopper en lui-même tous les vivants, la figure qui pouvait convenir, c'était celle où s'inscrivent toutes les autres figures. Aussi est-ce la figure d'une sphère, dont le centre est équidistant de tous les points de la périphérie, une figure circulaire, qu'il lui donna comme s'il travaillait sur un tour -figure qui entre toutes est la plus parfaite et la plus semblable à elle-même - convaincu qu'il y a mille fois plus de beauté dans le semblable que dans le dissemblable."
Ce que l'on peut lire en italique est un passage du Timée de Platon, qui est inséré dans un récit de la création du Monde par les dieux (voir ici page 77:
https://beq.ebooksgratuits.com/Philosop ... -Timee.pdf)
Narduccio a écrit :
A la Renaissance, Aristote est bien perçu par de nombreux penseurs comme l'alpha et l'oméga de la pensée scientifique. Certains acceptent ses écrits comme d'autres acceptent la Bible : pour eux, en science ce qu'écrit Aristote est comme l’Évangile, la révélation de la vérité vraie !
Vous illustrez exactement ce que j'incline à penser: les religions abrahamiques ont un état d'esprit figé. "C'est comme cela, point". Alors que dans le monde grec pré-chrétien, on voit floraison de théorie diverses, ce qui a d'ailleurs déjà été évoqué ici. Il y a des géocentristes, des héliocentristes, des gens qui voient les astres tourner autour d'un point sans astre. Il y a des atomistes, mais qui sont minoritaires, etc...
Narduccio a écrit :
Mais surtout, vous oubliez que la science moderne nait pratiquement au moment où elle rejette le savoir des Anciens grecs pour le remplacer par de nouveaux savoirs.
Encore heureux que les savoir des anciens grecs ait été remplacé par de nouveaux savoirs. Ce que je mets en relief moi, c'est justement
la démarche consistant à faire des hypothèses questionnant les anciens savoirs. Et je constate comme cité plus haut que cette démarche était florissante dans le monde grec pré-chrétien, alors que le modèle prométhéen a mis 1300 a été qualitativement modifié par...Copernic, qui indique explicitement les anciens grecs comme une partie de ses influences (ce n'était pas ses seules influences, ok, un spécialiste nous l'a rappelé ici).