Ištar Elāny a écrit :
L'Histoire de l'Afrique du nord est longue et ce n'est pas à oublier.
@Chaoui : Il faut distinguer la culture bédouine de la culture arabe dans certains points importants notament au Maghreb . Du 7ième au 10ième après J-C , le Maghreb s'est islamisé , et l'Empire Ommeyade a commencé à arabisé (à sa façon) les métropoles déjà présentes , ainsi les villes comme Tunis , Kairouan , Tlemcen , Alger , Oran , Constantine etc.. s'arabisent notament par l'arrivée d'orientaux (souvent marchands). Les côtes maghrébines sont arabisés et islamisés rapidement , les arrières terres s'islamisent (notament les Aurès , musulmane dès la défaite de la reine Kahina) mais reste majoritèrement berbèrophone. C'est l'époque où les Arabes ou les Arabisés (les deux termes sont interchangables) dominent le Maghreb qui est surtout berbère.
A la même époque , L'Andalousie (Espagne) s'est arabisée et islamisée , en gros , l'Espagne était plus arabe que le Maroc. C'est à la suite de plusieurs révoltes berbères à la fois au Maghreb et en Andalousie contre la hiérarchie arabe , que vont naître les dynastie berbères kharijites . A l'époque où Ibn Khaldoun s'installe au Maghreb , les deux faces arabes et berbères sont facilement distinguables , à l'arrivée des tribus bédouines , tout va changer et les deux facettes vont s'entre-mêlés. Déjà , les Hilaliens et les Arabes maghrébins (de l'époque biensûr) se distinguent facilement , leur arabe n'est pas le même et leur mode de vie n'est pas le même non plus. Les Hilaliens sont des nomades qui vont influencer les Berbères là où ils vivent , les Arabes citadins du Maghreb méprisent les nomades arabes (voir les livres d'Ibn Khaldoun) , ces nomades Hilaliens prefèrent vivre à travers les hautes-plaines et le desert , là où ils vont acculturés et arabisés des tribus berbères vassaux ou alliés , par notament mariages inter-mixtes (servant souvent de pacts) comme l'a dit @Massinissa , c'est la société arabo-berbère du grand Maghreb.
Donc déjà là on a à faire à trois faces du Maghreb .
mais qui ne vont pas tardé en se mélanger.
Les Bédouins bédouinisent la Lybie , le sud de la Tunisie , les plaines et arrières terres de l'Algérie et continuent leur expansion (en ce qui concerne les Banu Hassan) jusqu'en Mauritanie. En Algérie , les Hilaliens s'imposent par conquêtes et pillages*, leur arabe bédouin va s'entre-mêlé avec les dialectes arabes citadins , ce qui va donner naissance à a peu près la pluspart des dialectes algériens (à l'exception de celui de Tlemcen/Nedroma ou Jijel par example ) , puis il y aura biensûr l'influence de l'arabe andalou*.
Quand vous parlez du Maroc , @CHaoui , il faudrait le mettre apart , le Maroc (à l'exception du nord comme Fès , Rabat ou Tanger) s'est arabisé beaucoups plus tard que le reste du Maghreb et souvent par l'imposition de l'arabe sur les populations berbères (comme à Agadir).
Pour les Aurès , les Chaouis ont acceuilli une communauté arabophone dès le Moyen-Age , dont le point de métropole était Constantine (mais dont l'influence s'étendait jusqu'à Sétif , Batna ou encore Souk Akhrass).
Le Maghreb n'est ni berbère pur , ni arabe pur.
Il est arabo-berbère , du moins ce qui l'en est aujourd'hui.
Et c'est ce qui le caractèrise au plus haut point.
Il y a quelques temps encore durant l'antiquité le Maghreb était punico-romano-berbère.
Et encore les romains coupaient les berbères en numides , gétules , gamarantes , maures ou lybiens.
il faudrait quand même largement relativiser ce discours du monde arabo-berbere, certes le maghreb utile (des villes et des plaines) est arabo-berbere, arabe par sa langue et berbere par son héritage ethnique et culturel. Mais le maghreb des montagnes étaient encore largement berbere au cours de ce siècle, les études démographiques sur l'algérie française démontre que la majorité des algériens (55% selon l'étude) étaient encore berberophones et donc berberes au début du 20eme siecle.
http://ouedmerda.free.fr/biblio/tribus_algerie.pdfCette fusion arabo-berbere étaient donc effective dans les villes, les plaines, mais les montagnes et les hauts plateaux (qui sont à forte démographie au Maghreb) sont restées berberes jusqu'à l'indépendance et ce n'est que les politiques d'arabisation (assimilation) qui ont achevé d'arabiser les montagnes depuis les années 50.
Pour comprendre l'arabisation des berberes, il n'est pas nécessaire, je pense de faire appel aux Hilaliens comme ayant imposé leur langue, je pense que les Hilaliens n'ont rien imposé du tout après leur défaite face aux Almohades et leur retrait définitif de la scène politique (du moins en tant que force autonome et indépendante). Je pense qu'il faut plutot y voir un phénomène lié à la religion, c'est l'islam qui arabise et c'est au nom de l'islam que les communautés berberes encore aujourd'hui préférent apprendre à leur enfant la langue du "nabi" plutot que leur transmettre la langue de leur ancêtre.
En fait le processus d'arabisation se produit en trois temps, la première phase est la phase de bilinguisme, le bilinguisme est très pratique et la langue arabe agit comme la lingua franca compréhensible partout. La seconde étape est celle de l'arabisation linguistique telle que je l'ai décrite plus haut: pour des raisons liées à la perception religieuse, les parents bilingues préfèrent ne transmettre à leurs enfants que la langue arabe. La troisième étape est l'arabisation identitaire, les générations passant: 2 ou 3, le souvenir des racines berberes s'estompent et s'effacent et les tribus arabophones s'identifient alors aux tribus arabes et pensent en toute sincérité être hilalienne ou venue d'arabie.