Jean R a écrit :
marredesmotsdepasse a écrit :
Donc je me documente, et là, horreur, j'écoute l'excellente conférence du quai branly, disponible sur leur site, de monsieur E.M. Bokolo qui a deux reprise nie qu'il y ait eu des réseaux d'esclavage par les autochtones au congo notamment.
Il y a une volonté, chez les intellectuels africains, de minimiser ou édulcorer l'esclavage traditionnel africain. Ils s'opposent, c'est compréhensible, à la tendance à sinon excuser du moins relativiser les traites transatlantique et transsaharienne du fait qu'il y avait déjà une traite autochtone. Voir par exemple Tidiane Ndiaye (
http://bouquinsblog.blog4ever.com/le-genocide-voile-tidiane-n-diaye). Après, qui est le plus ou le moins objectif...
Cela peut être volontaire ou contraint. Volontaire parce que la culpabilisation exclusive de l'ancien colonisateur est une arme politico-diplomatique. Contrainte parce qu'il y a aussi la crainte d'être celui qui brise avec insistance le tabou, et que, comme le chantait Guy Béart: " le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté."
Expérience personnelle. Vous êtes dans un cénacle international (des gens de tous les continents, dont vous faites connaissance et que vous fréquentez régulièrement pendant des mois), souvent des diplomates, provenant vraiment des 5 continents et notamment des pays africains.
L'atmosphère est très conviviale. Un certain nombre est invité à faire une présentation sur la situation actuelle de son pays.
Et comme souvent, dans ce genre d'exercice dit de "bench-marking" et autres "peer-reviews", c'est pipeau à tout-va. On vous décrit des villages Potemkine. Souvent, les gens choisissent d'ecouter poliment en attendant que ça se finisse.
Mais quand les relations sont suffisamment cordiales et détendues et qu'on pose poliment et de manière suffisamment enrobée la question qui vous ramène à la réalité moins idyllique, on sort de la langue de bois et on parvient à avoir un échange plus intéressant. Et quand c'est fini, en aparté, l'intervenant vous remercie, tout simplement parce que c'est un jeu de rôle et que lui ne pouvait pas se permettre de mettre sur la table les aspects que vous avez soulevés.