On est complètement hors limite temporelle donc j'implore la bienveillance de la modération mais cette thèse ne me semble pas tenir pour les bushmens. On est bien là dans une optique de peuple chassé de ses territoires pour se faire voler leurs ressources. On peut facilement voir ce que cela donne avec les politiques actuelle du Botswana: https://www.francetvinfo.fr/monde/afriq ... 61055.html Ce coup ci ils sont chassé pour que d'autres puissent exploiter les diamants qui se trouve là bas.

On n'est pas vraiment dans le cas de peuples décidant de vivre e.g. dans un delta, où ils peuvent facilement éviter les collecteurs de taxes et facilement survivre

Tout-à-fait : les Bochiman ont été repoussés dans le Kalahari par la migration des Bantous dans le sud de l'Afrique.
La présence de "clics" dans les langues Zoulous et Xhosa (l'ethnie de Nelson Mandela) semble indiquer une cohabitation temporaire avec les Bochimans.

Certaines études montrent que, lorsqu'on se contente de chasser et cueillir sur un territoire fertile sans se préoccuper d'amasser un surplus conséquent, l'activité peut être très réduite et la vie doit pouvoir être considérée comme agréable.
Mais ces considérations n'entraient pas en ligne de compte : les missionnaires et colons en contact avec les chasseurs cueilleurs les capturaient "pour leur bien" et ne leur laissait pas d'autres perspectives de finir esclaves ou serviteurs, sachant qu'au bout d'un certain temps, les indigènes perdent leurs aptitudes à vivre dans la jungle : des immunités et des insensibilités à des parasites.

En effet, l'Afrique était majoritairement peuplée d'agriculteurs et d'éleveurs. Mais pour bien poser les choses, rappelons qu'au XIXe siècle, l'Afrique de l'Ouest est traversée par le Djihad Peul, avec la création de l'empire Toucouleur par Ali Hadj Oumar, l'Afrique du sud voit l'avènement de Shaka et de son empire Zoulou. De grands territoires africains sont donc naturellement instables et aucune autorité n'est là pour garantir la sécurité des voyageurs.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell

En complément, j'ai retrouvé des histoires de naufragés à Madagascar, qui semblent avoir inspiré ce que j'ai lu dans le magazine. Cela rentre complétement dans le sujet.

L'anglais Robert Drury (1687-1735) a fait naufrage au sud de l'île en revenant du Bengale. Après le massacre du reste de l'équipage, il restera esclave du roi de la tribu Antandroy pendant 15 ans. Son journal est accessible ici. Il semble avoir été à des travaux agricoles ou à la garde du bétail, puis s'être échappé à l'occasion de guerres tribales.

Le français Jean Laborde (1805-1878) a également fait naufrage alors qu'il recherchait des épaves sur le récif Juan de Nova. Echouant au sud-est de l'ïle, il est recueilli par des indigènes qui semble-t-il envisagent de le tuer, puis décident sur l'avis de leurs anciens de l'amener à un entrepreneur français, Napoléon de Lastelle, qui a su gagner la confiance de la reine Ranavalona 1ère. Cette dernière, issue du pays Merina, le centre de l'ïle, entend unifier l'île, lutter contre le christianisme propagé par les missionnaires, et développer l'industrie. Toute la stratégie du Japon Tokugawa en une seule personne !
Sous l'impulsion de Lastelle, Jean Laborde se présente à la reine comme armurier, puis, ayant gagné sa confiance, acquiert de grandes responsabilité et fait surgir de terre toute une industrie. Devenu le premier consul de France à Madagascar, c'est à sa mort que le gouvernement français étend sa mainmise sur l'île et la fait entrer dans son empire colonial.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell

Merci beaucoup pour vos réponses, sans vouloir rentrer dans des clichés malsains, est-il vrai que certains explorateurs européens ou marins ont eu affaire à des tribus cannibales ?

Oui, c'est mentionné dans les romans de Jules Verne : Cinq semaines en ballon et Aventures de 3 Russes et de 3 Anglais en Afrique Australe.

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George Orwell

Paul du Chaillu, dans Voyages et aventures dans l'Afrique équatoriale (1863) décrit la tribu des Fangs comme cannibale. Mais ses écrits sont considérés dès leur parution comme fantaisistes, sensationalistes. Ca le dessert d'ailleurs, car il est le premier à observer les gorilles dans leur milieu naturel, mais ses récits de voyages romancés font que la communauté scientifique peine à le prendre au sérieux.

Son texte :

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"Le critère de la scientificité d’une théorie réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester." Karl Popper

Au moment de l'épidémie de la vache folle je me souviens avoir lu un billet d'un scientifique qui rappelait qu'il avait alerté contre l'utilisation de farines animales pour le bétail, ce qui revient à lui faire pratiquer le cannibalisme. Il mettait en avant le fait que les tribus cannibales avaient disparu pour la même raison, le développement de maladies à prions. (J'ignore si cette explication est suffisante ou si il faut compter avec l'interdit posé plus tard par les Européens.)

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

En me basant sur Jules Verne, j'ai aussi trouvé un peuple bien nommé, les Niam-Niam, répartis entre le sud du Soudan, le Centrafrique et l'est du Congo. Leur véritable nom est "Zande". Leur exonyme provient de leur réputation de cannibalisme, aujourd'hui discutée. Il faut bien voir que les chefs de tribus maîtrisent leur image et qu'apparaître comme des antropophages avec ce que cela implique comme relation avec le royaume des morts et la magie, peut impressionner utilement les voisins ou les explorateurs étrangers, quitte à monter quelques mises en scène

Pour abonder dans le sens de Pierma, non seulement le cannibalisme paraît effectivement une pratique malsaine car non hygiénique, mais s'adonner à la nécrophagie comme les Fang de Chaillu expose à l'empoisonnement cadavérique, qui sévissait à la même époque dans les maternités en Europe, à cause des étudiants qui ne se lavaient pas les mains entre deux dissections.
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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell

Concernant le cannibalisme, s'il y'a eu des récits fantasmés, exagérés, la pratique du cannibalisme est bien réelle et se retrouve à différentes époques sur tous les continents et donc même en Europe. On a eu des cas chez les polynésiens, peuples des caraïbes, etc. On a bien sûr le cannibalisme de subsistance (très présent dans les îles) mais aussi le cannibalisme rituel... le cannibalisme de subsistance ayant d'ailleurs pu aboutir au cannibalisme rituel (d'où la forte présence du cannibalisme rituel sur les îles où la ressource alimentaire étant limitée cette pratique a pu permettre de sauver des populations lors de bouleversements environnementaux).

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@+
Skipp

Pendant la famine de 1652 en Franche-Comté par exemple ...

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Le passé change parce que nous changeons

C'est la maladie du kuru, mais elle est documentée en Papouasie Nouvelle Guinée, pas en Afrique, à ma connaissance.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Dans les explications de ce chercheur j'avais cru comprendre qu'il s'agissait d'un constat médical déjà ancien, qui ne faisait plus débat depuis longtemps. (En même temps j'ignore depuis combien de temps on a découvert que les prions étaient une source de maladie, au même titre que 1-les virus, 2-les microbes, et 3-les bactéries.)

J'ai fait quelques recherches, le prion n'a été identifié comme 4e vecteur de maladie qu'en 1982, bien longtemps après que le rite mortuaire anthropophage ait été interdit - à partir de 1950 - dans cette population aborigène de Nouvelle-Guinée. (Ce qui n'a pas supprimé immédiatement toutes les apparitions de nouveaux cas - le dernier en 2003 - d'où le diagnostic ultérieur de maladie à prion.)


D'autre part dans l'historique du repérage et du diagnostic des maladies à prions, il n'y a effectivement aucune référence à l'Afrique, en tous cas dans les maladies humaines.

Tout ça pour dire que Jean-Marc a raison, et que le scientifique qui s'inquiétait publiquement de l'emploi de farines animales s'appuyait sur des découvertes somme toute assez récentes.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Les farines animales ne sont pas dangereuses si elles sont chauffées à une température assez haute? mais les Anglais, pour des raisons d'économie, avaient décidé de les chauffer à des températures plus basses, ce qui a tout déclenché.

Notons que la tremblante du mouton est connue depuis très longtemps, on en trouve trace au Moyen-Age, c'est pourquoi certains textes prohibaient la vente de viande des moutons adultes, mais pas celle des agneaux. Ils avaient donc remarqué que cette maladie ne touchait pas les animaux jeunes. Il y avait aussi une interdiction pour les caprins, mais j'ai oublié le nom, et comme je n'ai plus accès à ma documentation, je suis bien embêté.

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