Barbetorte a écrit :
Pierma a écrit :
Comme le don de divination stricto sensu n'existe pas - personne ne sait lire l'avenir - il est possible que les oracles de l'Antiquité aient employé la même démarche psychologique que nos voyants actuels : se baser sur le profil de l'intéressé, la connaissance du contexte, et sur l'intuition qu'on a de ses besoins, pour donner une réponse qui lui convienne.
Je ne sais pas s’il y avait déjà des Madame Irma dans l’antiquité grecque ou romaine, mais s’il y en avait, il me semble hautement probable qu’elles aient employé les mêmes méthodes.
Les différents moyens de divination sont décrits par Cicéron dans son traité
de divinatione où il se montre très sceptique, comme l’était déjà Caton l’ancien :
Il semble étonnant qu’un haruspice ne rie pas quand il rencontre un haruspice.
Aussi je ne crois pas qu’il faille considérer, comme le fait Nabuchadnezar, que nos ancêtres vivaient dans un monde magique. Ils croyaient certes à certaines influences surnaturelles mais ils étaient loin de vivre dans un monde magique comme les sociétés chamaniques. Pour cette raison, le parallèle établi par Nabuchadnezar entre l’antiquité gréco-romaine et l’Afrique actuelle ne me semble pas pertinent.
Pedro a écrit :
Vous vous rendez compte que c'est calquer un raisonnement moderne sur l'Antiquité ? D'un individu bercé par la vérité scientifique, l'idée de progrès, de cartésianisme... On ne pense pas comme ça dans une société archaïque simplement parce qu'on croit en son rituel.
En fait si, on pensait comme ça à Rome. Le raisonnement moderne est déjà celui que suivait Cicéron. La Rome de Cicéron me semble beaucoup plus proche intellectuellement de nous que la France d’Hugues Capet.
Par ailleurs, les superstitions sont très présentes dans les sociétés actuelles. La différence majeure, est qu’elles étaient institutionnalisées et publiques dans l’antiquité gréco-romaine alors qu’elles se cantonnent actuellement dans le cercle privé. Mais ce caractère public de la consultation des augures tenait plus de la procédure administrative que de la magie. Plutôt que de s’adresser aux dieux, on s’adresse maintenant à des experts ou au public par le biais d’enquêtes publiques. Tout cela n'est pas très utile mais on ne peut néanmoins pas se permettre de s’en abstenir.
A vrai dire je pense qu'il faut prendre en compte les deux choses.
Les anciens avaient intégré les augures dans des rituels religieux auxquels la majorité d'entre eux croyaient. J'ai en tête tous les récits, à commencer par l'Illiade - même si c'est plus ancien - où on voit les dieux intervenir dans le destin des héros, je pense que le bon peuple avait cette représentation-là.
Qu'il y ait eu en même temps des "esprits forts" pour y détecter une part de manipulation ne me parait pas contradictoire. Des gens plus cartésien - même si ce terme est anachronique - pouvaient parfaitement mettre en cause le "processus de fabrication" des prédictions.
Est-ce si étonnant ? Aujourd'hui il y a des gens qui croient à un univers magique (50% des catholiques aux USA non seulement croient à l'existence des anges - admettons, c'est leur foi - mais surtout pensent que ces anges jouent un rôle dans leur quotidien, ce qui pour moi relève de la pensée magique) tandis que bien d'autres n'accordent aucune foi aux horoscopes.
Nihil novis sub sole.
Ah, et perso je joue au loto,
mais là je mettrais plutôt cela sur le besoin de rêver.