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Message Publié : 01 Mai 2021 14:15 
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Localisation : Bourgogne
Le maintien de la cuirasse en France obéit exactement à la même logique, en Allemagne, que celui de la lance : obtenir la supériorité sur la cavalerie adverse sur le champ de bataille.
Pour cela, les Français estiment avoir besoin d'un équipement défensif, la cuirasse, qui permet au cavalier d'être suffisamment protégé pour prendre le meilleur sur son adversaire ; les Allemands d'une arme offensive, la lance, qui leur offre une allonge incomparable à même de désarçonner ou de mettre hors de combat tout cavalerie à distance de riposte.

Donc, non, les Français ne sont pas en retard par rapport aux Allemands, ils ont décidé de conserver un type de cavalerie "anti-cavalerie" afin de faire face à toute contingence. L'avantage allemand réside dans la réversibilité plus grande des uhlans, qui peuvent servir de cavalerie légère remplissant des missions de reconnaissance ou d'éclairage, ce que le cuirassier peut difficilement.
Mais les deux armées se fourvoient et n'analysent qu'imparfaitement l'impact de la surlétalité de l'armement depuis le milieu du XIXe siècle, et singulièrement les expériences russo-japonaise et balkaniques de la décennie qui vient de s'écouler. Le reprocher aux Français plus qu'à d'autres, sur cette question, me semble injustifié.

LCL EMB

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"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


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Message Publié : 01 Mai 2021 14:18 
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Localisation : Région Parisienne
En 1914, l'armée prussienne comporte:

10 régiments de cuirassiers (2 régiments de la Garde et les régiments n°1 à 8).
18 régiments de dragons (2 régiments de la Garde et les régiments n°1 à 16).
10 régiments de uhlans (1 régiment de la Garde et les régiments n°1 à 9).
13 régiments de hussards (1 régiment de la Garde et les régiments n°1 à 12).
13 régiments de chasseurs à cheval (régiments n°1 à 13).

Et je ne parle pas des Bavarois, Saxons, Wurtembourgeois et autres.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 01 Mai 2021 14:29 
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Jean Froissart
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Inscription : 23 Déc 2004 18:02
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Localisation : Généralité de Riom & Bourbonnais
Ajoutons que le fait de posséder des Régiments de Cuirassiers, subdivision d'élite, est l'apanage des (trés) grandes puissances militaires dans la deuxième moitié du XIXe, il n'y a plus beaucoup de pays qui peuvent se permettre d'entretenir une telle subdivision de cavalerie lourde, alors qu'on assiste à un désengouement vis-à-vis de ce type de cavalerie
la France, l'Allemagne en possédent encore, deux autres toutes aussi grandes puissances amatrices de Cuirassiers la Russie les limitera sa Garde Impériale, tandis l'Autriche a renoncé et converti les siens
les autres puissances militaires d'Europe n'en n'ont jamais eu ou peu de temps, même l'Italie nouvelle grande puissance qui n'est pourtant pas un nain militaire n'a jamais eu de régiments de cuirassiers

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"A moi Auvergne"


Dernière édition par Loïc le 01 Mai 2021 14:37, édité 1 fois.

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Message Publié : 01 Mai 2021 14:37 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
En fait, au début de la guerre de 1914-18, on demande aux cavaliers, de quelque armes qu'ils soient (légers ou lourds) de servir d'éclaireurs. Et cela aussi bien coté allemand que coté alliés. On sait bien qu'il est hors de question de lancer des charges sabre au clair... Sauf qu'apparemment les allemands à Haelen ... Les cavaliers lourds devaient servir pour empêcher la pénétration des cavaliers légers adverses... Mais, entre 1895 et 1913, on change d'avis à ce sujet précis.. C'est d'ailleurs très bien explicité dans la page 21 de ce décret du 02 décembre 1913 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k940180v.r=instruction%20cavalerie?rk=107296;4#

Citer :
Par suite de sa réorganisation récente, la cavalerie ne comprend plus, en temps de guerre, que des divisions de cavalerie chargées de l'exploration pour le compte du commandant en chef ou des commandants d'armée, et des régiments de corps d'armée, destinées à concourir à la sûreté des corps d'armée.

...

Il ne saurait être question de protéger le corps d'armée avec deux ou trois escadrons contre les excursions éventuelles de la cavalerie ennemie. Il s'agit uniquement de rechercher les renseignements demandés par le commandant du corps d'armée, dans un rayon restreint, et qui ne dépassera jamais une journée de marche en avant du gros du corps d'armée.


D'ailleurs, dans une division de cavalerie on trouve 3 brigades de cavalerie, mais aussi un groupe d'artillerie, un groupe de cyclistes d'infanterie, une section cycliste du génie, un service télégraphique, une ambulance.

Pour connaitre exactement ce qui est attendu de la cavalerie lors des opérations de reconnaissance, il convient de lire l'article 94 "Cavalerie aux avant-postes", page 78.
Pour le combat, proprement dit, on reste sur d'anciennes pratiques, voir l'article 99, page 82 et 83 :
Citer :
L'attaque à cheval et à l'arme blanche qui, seule, donne des résultats rapides et décisifs, est le mode d'action principal de la cavalerie. Le combat à pied est employé lorsque la situation ou la nature du terrain empêche momentanément la cavalerie d'atteindre, par le combat à cheval, le but qui lui est assigné.


Pour le combat proprement dit, le rôle attendu de la cavalerie est très proche de celui qui lui était dévolu depuis la nuit des temps (page90) :
Citer :
La cavalerie protège l'attaque contre les surprises de combat, notamment sur les flancs, en fouillant par des patrouilles tout le terrain environnant. Elle accompagne l'attaque, charge les contre-attaques et saisit toutes les occasions de surprendre l'adversaire. Sur les ailes, elle participe à l'assaut en prenant l'ennemi à revers. Dès l'occupation de la position, elle se jette sur l'ennemi pour exploiter et compléter le succès.


Quant à la poursuite :
Citer :
Quand l'infanterie est à bout se souffle, il appartient à la cavalerie, aux cyclistes et à l'artillerie de continuer la poursuite, en la poussant jusqu'à l'extrême-limite des forces des hommes et des chevaux.


Le titre VI "Cavalerie" commence à la page 101 et se termine page 113.

Pour la cuirasse, on la trouve dans pas mal de pays, mais dans certains elle n'est utilisée que lors des parades et il n'est pas prévu de l'utiliser sur le champ de bataille. Elle sert aussi quand les cuirassiers servent de supplétifs au maintien de l'ordre.

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Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 01 Mai 2021 15:04 
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Polybe
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Inscription : 01 Mars 2013 11:49
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A l’entrée en guerre, le cheval et plus généralement les véhicules hippomobiles sont encore la principale ressource de mobilité pour assurer une relative rapidité dans les déplacements. De même, la cavalerie montée reste historiquement et culturellement un des pilier d’un corps d’armée de toutes les armées engagées dans ce conflit.
La réalité de l’évolution des techniques de guerre comme la forme que prendra la guerre obligera tous les belligérants à s’adapter, se réinventer. A ma connaissance, aucun état-major n’avait envisagé que la cavalerie montée, et plus encore «  la cavalerie lourde », était devenue obsolète.

Quand à la cuirasse, au cours de la guerre, le cuirassier l’abandonnera pour adopter un blindage plus conséquent.

JL


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Message Publié : 01 Mai 2021 16:03 
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Inscription : 27 Avr 2004 17:38
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Pourtant, la guerre de 1870 avait prouvé l'inutilité de la cavalerie lourde, que ce soit à Morsbronn, à Sedan ou du côté allemand la Totenritt de Bredow à Rezonville . Les armes à tir rapide écrasaient les charges avant que les cavaliers soient au contact. Il est curieux que les leçons n'aient pas été tirées. Après 1871, les lanciers disparaissent de l'armée françaises.

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Message Publié : 01 Mai 2021 17:18 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Jean-Marc Labat a écrit :
Pourtant, la guerre de 1870 avait prouvé l'inutilité de la cavalerie lourde, que ce soit à Morsbronn, à Sedan ou du côté allemand la Totenritt de Bredow à Rezonville . Les armes à tir rapide écrasaient les charges avant que les cavaliers soient au contact. Il est curieux que les leçons n'aient pas été tirées. Après 1871, les lanciers disparaissent de l'armée françaises.


En lisant le règlement sur le service des armées en campagne, que j'ai mis en lien ci-dessus, on ressent parfois cette dualité. Dans côté on insiste sur le fait qu'il est hors de question d'avoir de grosses unités de cavalerie et qu'on va saupoudrer les cavaliers sur les avants pour faire de la reconnaissance. Mais, dans d'autres chapitres, on voit qu'on attend de la cavalerie, lors de la bataille qu'elle tienne le rôle qui était traditionnellement le sien, quitte à charger les formations ennemies. Parfois, on insiste sur le fait qu'elle doive agir sur les points d'appuis ennemis en cours de constitution. Et la ligne d'après, on dit qu’elle ne doit pas hésiter à se sacrifier pour permettre aux fantassins et aux artilleurs de se replier... Avec le rappel que ce sont les armes blanches qui seront le plus efficaces. C’est marqué plus d’une fois !

J'ai lu dernièrement un article d'un sociologue du travail qui parlait des "révolutions" industrielles. Il disait que contrairement à ce que beaucoup de monde croit, on accepte déjà la future évolue AVANT qu'elle se mette en place. En fait, on part du constat que l'organisation actuelle n'est pas optimale. Il faut un certain temps pour que cette idée murisse. Dans l'article on parlait d'au moins une décennie. Une fois qu'on a acté que l'organisation actuelle n'est pas optimale, il faut se projeter dans la future organisation. Souvent les cadres directeurs doivent imposer celle-ci à une cohorte de cadres subalternes et d’ouvriers qui ont peur de perdre du pouvoir dans la nouvelle organisation. Ensuite, on travaille à la mise en place. Alors, il est très rare qu'on bascule d'une organisation A à une organisation B, il y a toujours un moment transitoire où on passe de A à B, souvent en adaptant pour que cela continue de fonctionner. Et parfois en ajustant, car on voit que B ne résous pas forcement mieux les problèmes.
Une fois la nouvelle organisation en place, il y a l’adaptation au changement. Ou plutôt, la fin de l’adaptation au changement, car l’adaptation au changement commence dès qu’on pense qu’il faudra changer. Puis, on fait le constat de ce qui ne fonctionne pas, et on repart dans un nouveau cycle.
A l’armée, ce sont les mêmes processus, mais avec en plus, le poids des traditions. Effectivement 1870 a montré ce que vaut la cavalerie face à des armes modernes. Et de 1870 à 1914, on a travaillé à les rendre encore plus létales … On a bien tiré les premières leçons, mais manifestement, le processus d’adaptation au changement n’est pas encore allé au but. Ce sera le cas très vite sous la contrainte de la réalité.

Et c’est aussi le cas lors de la plupart des conflits, on ne combat pas de la même manière en 1939 qu’en 1945, en 1789 qu’en 1815, en …

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Message Publié : 01 Mai 2021 17:26 
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Le mythe des armes blanches est bien décrit dans ce livre. Pourtant les ratio de pertes par armes blanches fut très faible durant la guerre de 70. Mais l'arme blanche est considérée comme noble, alors...

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