Jerôme a écrit :
1914 : tout miser sur le plan Schlieffen pour gagner une guerre conduite sur deux fronts
1917 : sur la guerre sous marine
1941: guerre sur deux fronts (3 avec la méditerranée)
1941 : tout miser sur l'opération Barbarossa pour dominer l'Europe et pouvoir ainsi tenir tête aux alliés occidentaux.
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Comment combiner le savoir faire tactique des armées allemandes dans ces deux conflits avec l'absurdité des choix stratégiques ? Est ce justement cette efficacité tactique qui aurait déboucher sur un optimisme stratégique ? Ou faut-il incriminer l'incompétence des dirigeants (Guillaume puis Hitler)?
En 1914, le plan Schlieffen a failli réussir. ça s'est joué à un cheveu. Mais Moltke ne l'a pas conduit selon les plans initiaux - il devait transférer des unités de son aile gauche pour renforcer son aile marchant, chargée de l'encerclement - les armée du Kronprinz impérial et du Kronprinz de Bavière - et en aucun cas distraire deux corps d'armée vers la Prusse Orientale. Où ils arriveront après la bataille.
Je pense qu'on peut attribuer ces erreurs à Guillaume II, qui s'inquiète de l'intrusion russe en Prusse Orientale, écoute les doléances des Kronprinz - "ne commandez jamais à des altesses" - et donne des ordres en contradiction avec le plan sur laquelle l'Allemagne mise tout.
Mais on peut aussi incriminer le manque de solidité de Moltke, qui ne sait pas lui tenir tête.
En tous cas, la suite prouvera que l'Allemagne n'a pas de plan B. Elle comptait vaincre la France en deux mois maximum, c'était ça, sa stratégie. Battue sur la Marne, l'armée allemande reste la "machine à vaincre", mais derrière elle n'a plus de stratégie. Une impasse.Et Et comme le dit le colonel Goya :"la supériorité tactique devient vite un simple bruit de fond quand il n'y a pas de stratégie."
Elle va donc, sans résultat stratégique - sauf la mise hors-jeu de la Russie - enchaîner les initiatives discutables : une attaque insensée contre la région fortifiée de Verdun, la guerre sous-marine sans résultats et qui va leur valoir l'intervention des USA, dont ils savent qu'elle signifie leur défaite, à terme. L'empereur a confiance dans l'efficacité de son armée, et pense effectivement gagner la guerre. Son côté brouillon et ses foucades transparaissent dans ces initiatives prises par les militaires, initiatives qu'il se laisse dicter, pourvu qu'on lui promette qu'elles vont apporter la victoire.
Hitler lui, est dans une impasse à fin 40... parce que l'Angleterre est une ile !
En revanche il a un moyen d'en sortir, c'est dominer toute l'Europe... et en faire une ile, en quelque sorte. Confiance totale dans son armée, de très loin la meilleure de l'époque, avec des généraux que leurs victoires stupéfiantes rendent trop optimiste. Il joue donc son va-tout sur une offensive courte, comme le plan Schlieffen, et avec le même résultat : impasse mortelle.
Dans les deux cas je dirais : "quand on n'a pas une stratégie solide pour gagner la guerre on ferait mieux de rester chez soi."