Dam a écrit :
Bonjour,
Voici ce qu'un professeur à l'université nous a déclaré:
"Hegel est la tarte à la crème de tous les totalitarismes" (mot pour mot).
N'ayant que peu de culture philosophique pouvez-vous m'éclairer sur l'influence qu'a pu exercer Hegel sur les régime totalitaires?
Merci d'avance
Ce propos est dans le genre de ceux que tient Popper dans
Conjectures and refutations. Dans le premier chapitre, Popper y analyse, notamment, le caractère politique (totalitaire, libéral) et ensuite le tempérament dont rendent comptes les perspectives de différents auteurs (pessimistic view, optimistic view).
En très gros, Hegel aurait signifié que la dialectique de l'existence est
logique. Mais c'est la lecture de Kojève, et aussi celle de Kierkegaard, qui voient cet aspect chez Hegel : une telle approche du hégélianisme n'est pas monnaie courante. Concrètement, Hegel rappelle le mouvement/dialectique de la larve (thèse) qui devient chrysalide (anti-thèse). Puis le papillon naît, et il "nie" la larve aussi bien que la chrysalide, il les dépasse (aufhebung), il est autre tout en étant le même, il les a dépassé mais les comprends, il en est la synthèse.
Hegel en arrive à comprendre le monde à l'aune de ce mouvement/mécanisme/dialectique. Il en arrive aussi à conjuguer existence et savoir. D'un point de vue popperien, mais aussi foucaldien, le
savoir est directement lié au pouvoir. Ceux qui savent sont ceux qui exercent le pouvoir, le savoir est un instrument ou un garant du pouvoir. Et chez Hegel, on arrive au
savoir absolu.
Bien sûr c'est une lecture particulière parmi tant d'autres. Mais c'est peut-être à ce genre de choses que pensait ton professeur lorsqu'il a jetté sa sentence dans l'auditorium.