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Non il ne laisse pas que ruines, les paysannes on un temps rêvé. Elvire n'est pas détruite il est au contraire grandie car son amour est resté malgré la trahison.
C'est un point de vue subjectif et paradoxal: si duper les gens en les berçant d'illusions est un comportement bienfaisant, alors les gourous, les escrocs et les charlatans sont des bienfaiteurs.
Derrière ces postures de défi à Dieu et à la religion, Don Juan est surtout un "carotteur", un filou peu glorieux . Fondamentalement malhonnête, il profite de la crédulité des gens et surtout de sa propre supériorité sociale de grand seigneur pour les voler et ne pas payer ce qu'il leur doit ou ne pas tenir ce qu'il leur a promis, qu'il s'agisse de ses créanciers à qui il ne rembourse pas ses dettes, de son domestique à qui il ne paie pas ses gages, des femmes etc.
La thèse développée par un professeur de littérature, McKenna, est que Don Juan est un faux libertin: nullement motivé par l'ambition d'atteindre à une réflexion rationnelle sur le monde qui l'entoure, qui serait débarrassée des préjugés sociaux absurdes et des supersitions et contes de bonnes femmes de la foi chrétienne, mais refusant ceux-ci à cause des limitations morales et des obligations sociales qu'ils imposent à son désir de "jouir sans entraves".
Et en effet, Don Juan n'est pas vraiment du côté de l'émancipation par la raison, il n'est pas un combattant pour la liberté de penser, il n'est nullement libéré des conventions sociales (il fustige Elvire parce qu'elle ne s'habille pas selon les convenances), il s'habille à la dernière mode, etc. ''Son libertinage est une imposture et sert de masque à ses passions impatientes et égoistes".
Comme tel, le Don Juan de Molière ne serait pas une machine de guerre contre les dévots mais au contraire apporterait de l'eau à leur moulin: l'auteur "ne défie pas les censeurs, il fait la satire du faux libertin."