Loïc a écrit :
C'est dire que la Guerre de Cent Ans n'a pas fait naître en France un sentiment national. Celui-ci dans une certaine mesure existait déjà (...)
Cette remarque de Contamine est éclairante. Le livre de Colette Beaune étudie le cheminement du sentiment national, montrant comment l'alchimie s'est opérée avant que le mot "nation" ne prenne son sens moderne. Au XIIe et XIIIe siècles, des symboles s'affirment : la couronne royale, l'oriflamme, la sainte ampoule du sacre, le pouvoir du roi guérisseur des écrouelles, la loi salique, les lys et l'abbaye de Saint-Denis, nécropole royale.
Au XIVe siècle, quand le roi d'Angleterre dispute la France aux Valois, ces derniers mettent en oeuvre ce qu'on appellerait aujourd'hui une "propagande" nationale. On recourt au mythe, attribuant aux Francs des origines troyennes. Saint Martin, saint Rémi ou saint Denis sont invoqués. Les grandes figures royales sont exaltées : Clovis, Charlemagne, Philippe Auguste, Saint Louis, Philippe le Bel.
Au XVe siècle, en 1450, le roi de France effectue une entrée triomphale à Rouen. Vingt ans plus tôt Jeanne d'Arc avait dit à ses juges :
« Je ne sais qu'une chose de l'avenir, c'est que les Anglais seront renvoyés de France. »