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Message Publié : 06 Juin 2005 8:13 
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En d'autres termes, les idées libérales forme t-elles selon vous une tentative d'explication formelle et globale du monde également distenciée "des" conservatismes et "des" socialismes, ou le simple constat pragmatique de réalités indépassables inhérentes à la nature humaine ?

Le libéralisme politique mène t-il naturellement au libéralisme économique ou faut-il absolument différencier les deux ?

Peut-il y avoir comptabilité entre libéralisme et régulation étatique ou collective ?

Une "organisation" libérale des sociétés est elle consubstancielle de la "fin de l'histoire", est ce une simple étape, ou encore une regression ?

Pour résumer, Constant, Bastiat, Guizot, Say, Riccardo, Hayek, Madelin ... parlent ils de la même chose ?

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Message Publié : 06 Juin 2005 9:03 
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Grégoire de Tours
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Petit rappel préalable nécessaire pour définir de quoi on parle :

Larousse : Idéologie = ensemble plus ou moins systématique de croyances , d'idées , de doctrines influant sur le comportement individuel ou collectif. Exemple : l'idéologie nationaliste .

J'ajoute qu'on donne parfois à ce terme un sens péjoratif en voulant dire qu'il s'agit de discours coupés du réel . Pourtant les idéologies les plus variées sont très répandues , et s'appuyent souvent au départ sur des
conceptions que les humains ont élaborées à partir de l'observations de la réalité , sociale notamment .




" Les droits naturels
Ces droits, selon les libéraux, ne découlent pas d'une définition législative, ce sont des droits inhérents à la nature humaine et dont la légitimité est supérieure à toute loi sur lesquels se fondent tout les concepts se réclamant du libéralisme.

La thèse des droits naturels (droit à la vie, à la liberté et à la propriété) est largement développée par John Locke. De cette théorie est issue la conception moderne des droits de l'homme qui a fourni historiquement la justification idéologique de la Révolution américaine et de la Révolution française, sans pour autant préconiser la démocratie, de crainte que la « tyrannie de la majorité » (selon l'expression de Tocqueville) ne vienne limiter les droits individuels.

Plusieurs libéraux contestent la thèse des droits naturels, et affirment que ces droits ne sont que des valeurs politiques (voir libéralisme politique). Les libéraux classiques objectent que si tel était le cas la société (via la démocratie) pourrait très bien limiter ou supprimer complètement la liberté de l'individu de façon tout à fait légale et démocratique. Pour les tenants de la thèse des droits naturels (qualifiés également d'« imprescriptibles » dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen), il est clair que ces droits sont antérieurs et supérieurs à tout droit politique ainsi qu'à la démocratie.

Il subsiste ainsi une différence marquée entre libéraux partisans du jusnaturalisme (la Raison comme source du droit : le droit naturel), et libéraux partisans du « droit positif » (l'État comme source du droit), les premiers étant parfois accusés de faire de la métaphysique, les derniers étant taxés de relativisme ou de soumission à l'État. Toutefois, tous les libéraux admettent l'insuffisance du seul droit positif : Hayek distingue la loi et la « règle de la loi » ; Bastiat affirme que « Personnalité, Liberté, Propriété [...] sont antérieures et supérieures à toute législation humaine. »

Extrait de l'Encyclopédie Snyke


Dernière édition par Goya le 06 Juin 2005 9:13, édité 1 fois.

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Message Publié : 06 Juin 2005 9:13 
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Grégoire de Tours
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Une bonne réponse à la question de l'unité de l'idéologie libérale se trouve dans les premières pages (p.8-9) de l'ouvrage de Serge Berstein Démoncraties, régimes totalitaires et totalitarismes au XXème siècle.

Le libéralisme a d'abord une acception politique: c'est le système qui a pour objet de préserver les droits naturels de l'individu. En premier lieu, en affirmant l'existence des libertés fondamentales, libertés individuelles et libertés politiques. Pour maintenir ces libertés, il importe que le pouvoir exécutif soit réduit à des tâches de protection des citoyens, mais ne puisse décider des lois qui régissent la société, ni intervenir arbitrairement contre elle, ce qui exige qu'il soit étroitement contrôlé. La traduction institutionnelle de cette exigence est l'adoption du régime parlementaire. Celui-ci est fondé sur trois principes: à la base, la reconnaissance que la souveraineté réside dans la nation; comme moyen de mise en oeuvre, l'élection de délégués de celle-ci, chargés de la représenter et choisis dans les élites éclairées; enfin, au niveau du mécanisme de fonctionnement, l'instauration de la responsabilité du pouvoir exécutif devant l'assemblée des délégués de la nation.

MAIS ce libéralisme politique est inséparable de la formulation, à peu près au même moment, d'un libéralisme économique et social. Celui-ci est inspiré des théoriciens de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème siècle, Adam Smith, Ricardo, Stuart Mill, Bastiat ou Jean-Baptiste Say. Comme le libéralisme politique, il part du primat de l'individu qui doit pouvoir bénéficier d'une liberté complète dans l'ordre du travail, de la production ou des échanges, complément de ses droits naturels. Théorisant le modèle d'expansion britannique du XIXème siècle, le libéralisme économique affirme qu'il existe des lois naturelles de l'économie, traduisant une harmonie universelle qui devrait apporter à l'homme bien-être et prospérité si aucune intervention extérieure ne vient les perturber. Le principe défendu est donc, là aussi, celui de l'abstention de l'Etat qui doit laisser l'individu libre de produire et de commercer.
Quant au libéralisme social, il découle du libéralisme économique et implique la non-intervention de l'Etat dans les rapports sociaux qui sont, eux aussi, régis par les lois naturelles, celles-ci pouvant être perturbées même par la charité. En France, Bastiat et Dunoyer considérent la misère comme un mal nécessaire contre lequel il faut se garder d'agir. Ces idées seront reprises et développées par l'utilitarisme de Bentham pour qui une société est un groupe d'individus dont chacun doit, pour que l'ensemble soit stable, assurer sa satisfaction par ses propres moyens, sans aucune aide extérieure. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, on débouche ainsi sur le "darwinisme social" dont le principal théoricien, le britannique Herbert Spencer, applique au domaine social les idées de Darwin: la société, comme la nature, est un milieu de vie ordonné dans lequel les plus doués et les mieux adaptés l'emportent, les autres étant voués à la disparition.


Ainsi, la pensée libérale offre une conception globale du monde, harmonieuse, profondément cohérente au travers de ses différents aspects (politique, économique, social), axée autour de l'idée de l'existence de lois naturelles. C'est bien une idéologie.


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Message Publié : 06 Juin 2005 11:11 
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Merci à tous les deux pour ces analyses de plusieurs aspects de mon interrogation.

Goya a écrit :
Petit rappel préalable nécessaire pour définir de quoi on parle :

Larousse : Idéologie = ensemble plus ou moins systématique de croyances , d'idées , de doctrines influant sur le comportement individuel ou collectif. Exemple : l'idéologie nationaliste .

J'ajoute qu'on donne parfois à ce terme un sens péjoratif en voulant dire qu'il s'agit de discours coupés du réel. Pourtant les idéologies les plus variées sont très répandues , et s'appuyent souvent au départ sur des
conceptions que les humains ont élaborées à partir de l'observations de la réalité , sociale notamment .


Il s'agit bien là d'un aspect qui me semble contradictoire. Les libéraux disons "intransigeants" actuels revendiquent, parfois avec violence, le rejet de toute idéologie au profit de conditions naturelles indiscutables. Ces conditions naturelles sont alors déclinées dans tous les aspects de la civilisation, de l'organisation politique aux conditions d'échanges ou de relations humaines. L'Etat y est viscéralement l'ennemi, sauf dans le cadre du maintien d'un ordre libéral, ou capitalistique (pour citer Hayek)

Or, la notion même de droits naturels imprescriptibles me paraît relever d'un présupposé philosophique, donc bien humain, en l'espèce bati essentiellement sur le rejet d'une hiérarchie essentiellement héréditaire au profit d'une hiérarchie de l'adaptabilité. Ce qui ne signifie pas bien au contraire que ces droits dits "naturels" doivent être rejetés, bien au contraire, mais qu'ils sont insuffisants. De plus, le libéralisme politique, renvoyant à la liberté individuelle au sein du corps social, est à ce niveau pour moi très différent du pur libéralisme économique, renvoyant à la liberté de l'individu en dehors du corps social. Or cette liberté "économique" peut alièner tout aussi vite que sous l'emprise d'un état dictatorial.

L'état, même "minimum" et adapté à la conception libérale reste d'ailleurs en contradiction avec le fondement précité puisque qu'il existe et garantit un certain nombre de principes collectifs (au besoin par la force, sinon comment ?). La contradiction profonde est que pour éviter de basculer dans l'anarchie, ou prévaut la force brute et donc la déconstruction immédiate de toute organisation politique et économique, l'ordre libéral prône un état minimal qui garantit que ses propres règles, qualifiées alors de "naturelles" par convenance, sont respectées.

Pyrrhos a écrit :
Ainsi, la pensée libérale offre une conception globale du monde, harmonieuse, profondément cohérente au travers de ses différents aspects (politique, économique, social), axée autour de l'idée de l'existence de lois naturelles. C'est bien une idéologie.


Très intéressant, même si je suis tenté de mettre de nombreux bémols aux adjectifs harmonieux et cohérent, en tout cas à leur automatisme. Je reste d'autre part modérément convaincu par l'unicité de cette idéologie et encore moins par ses principes.

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Message Publié : 06 Juin 2005 15:17 
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Grégoire de Tours
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Saxe a écrit :
.

Il s'agit bien là d'un aspect qui me semble contradictoire.


Quel aspect est contradictoire , et avec quoi l'est-il ?

Citer :
Les libéraux disons "intransigeants" actuels revendiquent, parfois avec violence, le rejet de toute idéologie au profit de conditions naturelles indiscutables.


Le libéralisme n'admet le recours à la force que pour résister à l'oppression.
Il tolère les autres idéologies , puisqu'il est partisan de la liberté d'expression . Il s'accomode bien du christianisme , par exemple , de nombreux libéraux étant chrétiens.
Qu'appelez-vous des " conditions naturelles indiscutables " ? Car le libéralisme n'a jamais soutenu que l'état naturel de l'homme aux origines de son histoire fut un état idéal....



Citer :
L'Etat y est viscéralement l'ennemi, sauf dans le cadre du maintien d'un ordre libéral, ou capitalistique (pour citer Hayek)


Si l'Etat fait autre chose que défendre les droits fondamentaux , il y a en effet problème . Beaucoup de libéraux acceptent une version minimaliste de l'Etat , qui assure cette défense par armée , police , justice . Pour les autres activités humaines , ils préfèrent qu'il s'abstienne , ou soit le moins pesant possible .

Citer :
Or, la notion même de droits naturels imprescriptibles me paraît relever d'un présupposé philosophique, donc bien humain, en l'espèce bati essentiellement sur le rejet d'une hiérarchie essentiellement héréditaire au profit d'une hiérarchie de l'adaptabilité.


A partir du moment oú l'homme est maître de sa personne et de ses biens
il ne peut être soumis à une hiérarchie arbitraire , mais seulement à une hiérarchie qu'il accepte par contrat , parce qu' il y trouve son intérêt , par exemple dans le cadre de la division du travail ou pour viser à une efficience plus grande des activités . Je ne pense pas qu'il faille à nouveau chercher à réintroduire le darwinisme social ici . J'ai dit ce que j'en pensais , et on peut y revenir plus tard ou séparément .
La nécessité pour l'homme de s'adapter aux réalités de l'existence n'implique pas qu'on prône des hiérarchies arbitraires . Le fait même d'avoir de la sympathie pour les conceptions méritocratiques de l'autorité non plus .


Citer :
Ce qui ne signifie pas bien au contraire que ces droits dits "naturels" doivent être rejetés, bien au contraire, mais qu'ils sont insuffisants.


Cela me rassure que malgré que vous les trouviez basés sur des présupposés philisophiques , vous ne les rejetez pas , et voudriez même les étendre .



Citer :
De plus, le libéralisme politique, renvoyant à la liberté individuelle au sein du corps social, est à ce niveau pour moi très différent du pur libéralisme économique, renvoyant à la liberté de l'individu en dehors du corps social. Or cette liberté "économique" peut alièner tout aussi vite que sous l'emprise d'un état dictatorial.


Il faudra expliquer en quoi la liberté économique " aliène " ...si c'est un vrai régime de liberté , pour tous , sans privilèges d'aucune sorte . Par exemple sans collusion de l'état et d'intérêts particuliers .
Et qu'est-ce qui permet d'assimiler l'usage de la liberté économique avec
la dictature ?
Et aussi ce que vous entendez
par " corps social " qui me paraît un concept fort vague et général dans lequel on peut mettre tout ce qu'on veut .



Citer :
L'état, même "minimum" et adapté à la conception libérale reste d'ailleurs en contradiction avec le fondement précité puisque qu'il existe et garantit un certain nombre de principes collectifs (au besoin par la force, sinon comment ?).


L'état minimal des libéraux ne garantit aucun droit " collectif " puisque pour eux il n'y en a pas : seuls les individus sont sujets de droits . Dont celui d'employer la force pour résister à l'oppression .

Citer :
La contradiction profonde est que pour éviter de basculer dans l'anarchie, ou prévaut la force brute et donc la déconstruction immédiate de toute organisation politique et économique, l'ordre libéral prône un état minimal qui garantit que ses propres règles, qualifiées alors de "naturelles" par convenance, sont respectées.


Plutôt que " naturelles " je dirais " fondamentales " .
D'autre part les libéraux n'interdisent nullement aux individus de s'associer , ils le conseillent même , et donc ne prônent pas la déconstruction de toute organisation , pour autant que celles-ci ne cherchent pas à imposer leur pouvoir par la force sur les individus .
Et ils ne pensent pas du tout qu'un dégraissage de l'Etat entraînerait l'anarchie....

Pyrrhos a écrit :
Ainsi, la pensée libérale offre une conception globale du monde, harmonieuse, profondément cohérente au travers de ses différents aspects (politique, économique, social), axée autour de l'idée de l'existence de lois naturelles. C'est bien une idéologie.


En quoi cela fait-il problème que ce soit une idéologie ( au sens du Larousse ) . Le socialisme en est bien une...

Citer :
Très intéressant, même si je suis tenté de mettre de nombreux bémols aux adjectifs harmonieux et cohérent, en tout cas à leur automatisme


Il faudra les préciser si vous voulez qu'on en discute .

Citer :
Je reste d'autre part modérément convaincu par l'unicité de cette idéologie et encore moins par ses principes.


Les partisans de la liberté ne sont pas des idéologues rigides , et le droit de tendance est très respecté . Rien d'équivalent au " centralisme démocratique " , par exemple . Il existe une série de courants , et même des déviations manifestes ...


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Message Publié : 06 Juin 2005 16:34 
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Goya a écrit :

Pyrrhos a écrit :
Ainsi, la pensée libérale offre une conception globale du monde, harmonieuse, profondément cohérente au travers de ses différents aspects (politique, économique, social), axée autour de l'idée de l'existence de lois naturelles. C'est bien une idéologie.


En quoi cela fait-il problème que ce soit une idéologie ( au sens du Larousse ) . Le socialisme en est bien une...


Où voyez-vous que je considère que cela pose un problème ? Bien au contraire ! Il est fondamental de bien percevoir la dimension idéologique du libéralisme. Comme vous le remarquez vous-même, le libéralisme n'est qu'une idéologie parmi d'autres, ayant la même prétention à pouvoir expliquer la totalité du vécu humain et à pouvoir déterminer tous les choix de l'avenir. Et comme toute idéologie, elle comporte sa dimension utopique et dogmatique qui se traduit en général par bien des souffrances pour les sociétés qui s'y laissent entraîner.
Le problème vient plutôt de ceux qui refusent d'appliquer ce qualificatif d'idéologie: c'est le meilleur moyen pour s'interdire toute analyse critique d'une pensée qui marque profondément nos sociétés depuis 200 ans.


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Message Publié : 06 Juin 2005 17:59 
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Goya a écrit :
Quel aspect est contradictoire , et avec quoi l'est-il ?


Le rejet du principe idéologique que l'on rencontre fréquemment chez des personnes se revendiquant du courant libéral est contradictoire avec le constat d'une véritable corpus idéologique complet (fut-il pluriel et décentralisé), aspect sur lequel nous paraissons tous d'accord jusque là.

Goya a écrit :
Le libéralisme n'admet le recours à la force que pour résister à l'oppression.
Il tolère les autres idéologies , puisqu'il est partisan de la liberté d'expression . Il s'accomode bien du christianisme , par exemple , de nombreux libéraux étant chrétiens.


Il s'agit d'un aspect a priori sain et séduisant mais qui demeure me semble t-il un peu théorique, ou vide de sens puisque le principe exclut de fait toute modification de l'ordre libéral. Ou alors le libéral peut accepter, même temporairement, d'en rabattre sur ses principes en fonction du choix démocratique ?

Goya a écrit :
Qu'appelez-vous des " conditions naturelles indiscutables " ? Car le libéralisme n'a jamais soutenu que l'état naturel de l'homme aux origines de son histoire fut un état idéal....


Soit. Je fais référence à la certitude que l'existence fut, est et restera une lutte, et surtout que chaque homme ne peut avoir la chance de s'épanouir individuellement qu'en participant à cette lutte, aussi policée soit elle. La traduction en terme de libéralisme économique étant "la loi du marché". La question est, cette loi du marché est-elle indépassable pour l'ensemble des théoriciens du libéralisme ou peut elle souffrir d'exceptions voire ouvrir à autre chose par la suite ?

Goya a écrit :
Si l'Etat fait autre chose que défendre les droits fondamentaux , il y a en effet problème . Beaucoup de libéraux acceptent une version minimaliste de l'Etat , qui assure cette défense par armée , police , justice . Pour les autres activités humaines , ils préfèrent qu'il s'abstienne , ou soit le moins pesant possible .


C'est cohérent, mais l'humain n'est pas fait que d'activité. Qui alors dans ce cadre peut agir de façon cohérente et ordonnée sur des problématiques vitales et non rentables telles que la gestion de l'environnement, la pauvreté, la santé... ?

Goya a écrit :
A partir du moment oú l'homme est maître de sa personne et de ses biens
il ne peut être soumis à une hiérarchie arbitraire , mais seulement à une hiérarchie qu'il accepte par contrat , parce qu' il y trouve son intérêt , par exemple dans le cadre de la division du travail ou pour viser à une efficience plus grande des activités .


Se pose malgré tout la question bien connue de l'équilibre des parties contractantes. Il me paraît bien évident qu'en dehors d'un de minimum de cadres prédéfini, l'un des contractants risque de ne pouvoir que subir. Or là encore le liberalisme dans son acception la plus intransigeante me semble en parfaite contradiction: Il reconnaît la nature humaine pour ce qu'elle est, avide avant toute chose de jouir pour elle - même, et prétend malgré tout à la validité complète du seul principe contractuel.

Goya a écrit :
Cela me rassure que malgré que vous les trouviez basés sur des présupposés philisophiques , vous ne les rejetez pas , et voudriez même les étendre


Pourquoi étiez vous inquiet ? Je me suis malgré tout mal exprimé. Je reconnais (à titre personnel bien entendu) plusieurs "vertus" à une part de libéralisme dans une société : en terme politique, la liberté d'expression, d'aller et venir, de s'associer, de posséder...etc... Je reconnais également un rôle moteur et d'émulation économique. En revanche, comme tout mode de fonctionnement, ce principe de liberté doit être très sévèrement encadré sous peine de détruire toute possible cohésion des sociétés en dégageant immédiatement des regroupements d'intérêts individuels sans qu'il n'y ait plus la moindre idée d'un intérêt général. L'ironie est que je fasse ce constat en partant des mêmes présupposés que les libéraux: la nature de l'être humain.

Goya a écrit :
Il faudra expliquer en quoi la liberté économique " aliène " ...si c'est un vrai régime de liberté , pour tous , sans privilèges d'aucune sorte . Par exemple sans collusion de l'état et d'intérêts particuliers .

La totale liberté économique peut facilement être un facteur d'aliénation, en placant une partie des individus dans la position d'accepter les conditions offertes quelles qu'elles soit ou à mourir de faim faute de tout autre garantie. J'évoque bien sûr le cas d'un système libéral achevé.

Goya a écrit :
Et qu'est-ce qui permet d'assimiler l'usage de la liberté économique avec
la dictature ?.


Deux choses.
1 Le fonctionnement interne d'une entreprise, qui ne peut, tout comme une armée, être que dictatorial, ou à tout le moins autoritaire. Ce n'est pas péjoratif mais c'est un fait. D'où des exigences potentiellement illimitées envers les subordonnés, particulièrement en période de croissance faible.
2 A une autre échelle, la capacité d'action d'un groupe multinational lui permettant le cas échéant de faire pression très facilement, de faire ou défaire les conditions économiques d'un espace donné, ou d'orienter les choix politiques en sa faveur.

Seuls des cadres extérieurs sont à même d'apporter des corrections à ces potentiels excès.

Goya a écrit :
Et aussi ce que vous entendez
par " corps social " qui me paraît un concept fort vague et général dans lequel on peut mettre tout ce qu'on veut .


J'entends naturellement par là l'ensemble des individus d'une société donnée. Or il existe des liens et des intérêts communs au sein de ce corps (politiques, culturels, de solidarité ...) . Il en existe également en deça (jusqu'à l'individu en passant par la cellule familiale ou affective), il en existe également au delà (la gestion des ressources mondiales étant un exemple, sauf à rester à l'état de sociétés parasites).

Goya a écrit :
L'état minimal des libéraux ne garantit aucun droit " collectif " puisque pour eux il n'y en a pas : seuls les individus sont sujets de droits . Dont celui d'employer la force pour résister à l'oppression .


C'est bien là la perception que j'en avais. D'où mon désaccord philosophique fondamental avec le liberalisme, non comme pratique raisonnée, mais comme idéologie.

Goya a écrit :
Plutôt que " naturelles " je dirais " fondamentales " .
D'autre part les libéraux n'interdisent nullement aux individus de s'associer , ils le conseillent même , et donc ne prônent pas la déconstruction de toute organisation , pour autant que celles-ci ne cherchent pas à imposer leur pouvoir par la force sur les individus .
Et ils ne pensent pas du tout qu'un dégraissage de l'Etat entraînerait l'anarchie....


Ce n'est pas ce que je voulais dire. J'entends par là que l'idéologie libérale se heurte comme toutes les autres à ses propres limites: elle n'admet la liberté totale qu'à un certain degré qu'elle définit et restreint elle-même en fonction de critères qu'elle voudrait objectifs et qui ne sont pour moi que des choix, ni plus ni moins arbitraires que ceux du socialisme ou du conservatisme "durs". La meilleure option doit bien plus vraisemblablement se trouver quelque part au milieu de tout cela, c'est en tout cas mon avis.

Citer :
Il faudra les préciser si vous voulez qu'on en discute


Un libéralisme idéologique total (qui n'existe à ma connaissance nulle part, attention je ne juge pas tel ou tel système existant mais ce qui me semble être le terme de la logique) me paraît être potentiellement le pire des vecteurs d'atomisation des sociétés humaines, tout comme d'autres le furent de l'uniformisation forcée.

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Message Publié : 06 Juin 2005 20:43 
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Citer :
MAIS ce libéralisme politique est inséparable de la formulation, à peu près au même moment, d'un libéralisme économique et social.

Formulation ne veut pas dire application... :wink:

Citer :
De plus, le libéralisme politique, renvoyant à la liberté individuelle au sein du corps social, est à ce niveau pour moi très différent du pur libéralisme économique, renvoyant à la liberté de l'individu en dehors du corps social.

Finalement vous apportez vous-même la réponse : il n'y a pas une idéologie libérale englobante.
Par ailleurs, la liberté de l'individu dans le libéralisme économique ne se fait pas "en dehors du corps social"! sinon où pourrait-il s'épanouir, avec qui pourrait-il entrer en compétition ? On est ici bien loin de : "l'intérêt général est la somme des intérêts individuels", si chère à Smith...

Citer :
constat d'une véritable corpus idéologique complet (fut-il pluriel et décentralisé), aspect sur lequel nous paraissons tous d'accord jusque là.

Pas exactement : entre les économistes classiques, les néo-classiques, ceux de l'école de la régulation, les keynésiens et les auteurs du libéralisme politique (je préfère Tocqueville aux autres...), il y a bien des différences et on ne peut affirmer si simplement qu'ils discutent de la même chose.
Il s'agit de vous et moi, nos contemporains, qui après avoir lu des essais et des thèses sur le libéralisme ont pu faire des rapprochements.
Mais, dans la plupart des cas ils s'opposent plus qu'ils ne s'accordent : les avantages comparatifs de Ricardo ne figurent nulle par chez Say, la théorie des débouchés de Smith n'est pas reprise totalement chez ses disciples - ou du moins imparfaitement -, l'école de la régulation tente d'accorder les néo-classiques (Hayek) et les keynésiens...
Bref, assez peu convainquant et ressemblant à une cacophonie répondant plus au pragmatisme qu'à l'idéologie pure et dure. Et c'est semble-t-il cela le plus important : le contexte économique et politique qui dicte à l'"idéologie" de s'adapter, de se modifier, voire d'être réinterprétée.
Au niveau politique c'est bien différent : chez Constant et chez Tocqueville, on retrouve des similitudes héritées de Locke. On peut ainsi parler d'une idéologie.

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 07 Juin 2005 7:13 
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Saxe a écrit :

Le rejet du principe idéologique que l'on rencontre fréquemment chez des personnes se revendiquant du courant libéral est contradictoire avec le constat d'une véritable corpus idéologique complet (fut-il pluriel et décentralisé), aspect sur lequel nous paraissons tous d'accord jusque là.


Dans quel traité se trouverait rassemblé un tel corpus ? D'ailleurs la pluralité et la décentalisation effectives montrent que cela n'a rien à voir avec une idéologie monolithique ...C'est une idéologie au sens rappelé par le dictionnaire , mais sans rigidité idéologique ....

Citer :
Il s'agit d'un aspect a priori sain et séduisant mais qui demeure me semble t-il un peu théorique, ou vide de sens puisque le principe exclut de fait toute modification de l'ordre libéral.


Il n'y a pas d ' " ordre libéral " comme il y eut un ordre sous le petit livre rouge de Mao ....Ce qui est théorique mais ravageur c'est d'imposer une
bible marxiste à une population qui n'a pas le choix de la refuser , par exemple , et qui s'est vu avec toutes les conséquences connues .

Citer :
Ou alors le libéral peut accepter, même temporairement, d'en rabattre sur ses principes en fonction du choix démocratique ?


Dans la pratique le libéralisme , qui est aussi un pragmatisme , s'est généralement associé au fonctionnement démocratique des sociétés occidentales .

Citer :
Je fais référence à la certitude que l'existence fut, est et restera une lutte, et surtout que chaque homme ne peut avoir la chance de s'épanouir individuellement qu'en participant à cette lutte, aussi policée soit elle. La traduction en terme de libéralisme économique étant "la loi du marché". La question est, cette loi du marché est-elle indépassable pour l'ensemble des théoriciens du libéralisme ou peut elle souffrir d'exceptions voire ouvrir à autre chose par la suite ?


A mon sens en bafouant la réalité du marché on s'écarte du libéralisme ,
d'autant que pour ce faire on recourt à la contrainte .

Goya a écrit :
Si l'Etat fait autre chose que défendre les droits fondamentaux , il y a en effet problème . Beaucoup de libéraux acceptent une version minimaliste de l'Etat , qui assure cette défense par armée , police , justice . Pour les autres activités humaines , ils préfèrent qu'il s'abstienne , ou soit le moins pesant possible .
Citer :

C'est cohérent, mais l'humain n'est pas fait que d'activité. Qui alors dans ce cadre peut agir de façon cohérente et ordonnée sur des problématiques vitales et non rentables telles que la gestion de l'environnement, la pauvreté, la santé... ?


Si l'on respecte le principe de propriété , chaque propriétaire est responsable de l'environnement chez lui , et des torts qu'il pourrait causer aux autres par son fait . Il y a donc obligation d'entretien , et de réparartion des dommages causés .
Classiquement la pauvreté est du ressort des organisations charitables par le biais de dons volontaires .
Chacun a intérêt prendre ses responsabilités en ce qui concerne sa santé , étant entendu que le faire postule de s'assurer , ce qui serait mieux fait par un système de libre choix entre asurances privées mises en compétition pour les rendre efficientes .

Citer :
Se pose malgré tout la question bien connue de l'équilibre des parties contractantes. Il me paraît bien évident qu'en dehors d'un de minimum de cadres prédéfini, l'un des contractants risque de ne pouvoir que subir.


A moins que d'être immobilisé par une contrainte physique ou handicapé moteur , on n'est jamais tenu de subir....

Citer :
Or là encore le liberalisme dans son acception la plus intransigeante me semble en parfaite contradiction: Il reconnaît la nature humaine pour ce qu'elle est, avide avant toute chose de jouir pour elle - même, et prétend malgré tout à la validité complète du seul principe contractuel.


Il perçoit tout autant le désir des hommes de pouvoir se réaliser comme ils l'entendent sans qu'autrui ne se substitue à eux pour définir ce qui est leur bien... Or ce que vous dites sous-entend que l'homme étant mauvais , il faut le restreindre dans sa liberté de passer contrat . Donc en somme lui imposer une obligation d'altruisme ....

Citer :
En revanche, comme tout mode de fonctionnement, ce principe de liberté doit être très sévèrement encadré sous peine de détruire toute possible cohésion des sociétés en dégageant immédiatement des regroupements d'intérêts individuels sans qu'il n'y ait plus la moindre idée d'un intérêt général.


Vous êtes donc partisan d'une direction autoritaire de l'activité humaine .
Au nom d'un intérêt général qui ne peut qu'être défini par des particuliers !
Actuellement , les systèmes étatistes accordent de nombreux privilèges à
des regroupements d'intérêts particuliers pourtant......

Citer :


La totale liberté économique peut facilement être un facteur d'aliénation, en placant une partie des individus dans la position d'accepter les conditions offertes quelles qu'elles soit ou à mourir de faim faute de tout autre garantie. J'évoque bien sûr le cas d'un système libéral achevé.


On en est évidemment très loin...Ce que vous ne comprenez pas , c'est que la liberté du marché va à l'encontre de telles situations . Des esclaves ne peuvent s'échapper . Des hommes libres peuvent rechercher
à passer des contrats moins défavorables pour eux , ailleurs si nécessaire .
Un employeur qui offrirait des salaires très inférieurs au marché tout simplement aurait de la peine à trouver de la main-d'oeuvre . la concurrence entre employeurs face à la main-d'oeuvre l'empêche d'êrtre déraisonnable , sauf à constituer un cartel ...

Goya a écrit :
Et aussi ce que vous entendez
par " corps social " qui me paraît un concept fort vague et général dans lequel on peut mettre tout ce qu'on veut .
Citer :


J'entends naturellement par là l'ensemble des individus d'une société donnée.


Et vous vous apprêtez à avancer des certitudes à propos d'une telle abstraction ?


Citer :
Or il existe des liens et des intérêts communs au sein de ce corps (politiques, culturels, de solidarité ...) .


L'observation de la réalité ( par exemple des attitudes des individus à l'occasion du référendum...) en font douter .



Citer :
Il en existe également en deça (jusqu'à l'individu en passant par la cellule familiale ou affective), il en existe également au delà (la gestion des ressources mondiales étant un exemple, sauf à rester à l'état de sociétés parasites).


Ce qui se passe dans les couples et les familles est de leur ressort . Il est particulièrement inquiétant que l'Etat s'en mèle ...
D'autre part en revenant avec les ressources mondiales , vous faites allusion à une propriété collective de celles-ci , qui est une fiction de l'esprit .....Il suffit de contraindre chaque propriétaire effectif d'une partie d'entre elles à ne pas léser ses voisins et à réparer s'il le fait .



Goya a écrit :
L'état minimal des libéraux ne garantit aucun droit " collectif " puisque pour eux il n'y en a pas : seuls les individus sont sujets de droits . Dont celui d'employer la force pour résister à l'oppression .


Citer :
C'est bien là la perception que j'en avais. D'où mon désaccord philosophique fondamental avec le liberalisme, non comme pratique raisonnée, mais comme idéologie.


Il serait intéressant que vous exposiez les fondements des " droits collectifs " au point de vue du droit .



Citer :
J'entends par là que l'idéologie libérale se heurte comme toutes les autres à ses propres limites: elle n'admet la liberté totale qu'à un certain degré qu'elle définit et restreint elle-même en fonction de critères qu'elle voudrait objectifs et qui ne sont pour moi que des choix, ni plus ni moins arbitraires que ceux du socialisme ou du conservatisme "durs".


En quoi restreint-elle la liberté ? Par quels critères ?
Et quel parallèle pouvez-vous tracer avec les systèmes autoritaires que vous évoquez ?


Citer :
Un libéralisme idéologique total (qui n'existe à ma connaissance nulle part, attention je ne juge pas tel ou tel système existant mais ce qui me semble être le terme de la logique) me paraît être potentiellement le pire des vecteurs d'atomisation des sociétés humaines, tout comme d'autres le furent de l'uniformisation forcée.



A moi il me semble de nature à libérer les humains de la " cohésion "
idéologique dans laquelle étatistes et collectivistes cherchent à les maintenir .


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Message Publié : 07 Juin 2005 7:39 
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Pyrrhos a écrit :
Comme vous le remarquez vous-même, le libéralisme n'est qu'une idéologie parmi d'autres, ayant la même prétention à pouvoir expliquer la totalité du vécu humain et à pouvoir déterminer tous les choix de l'avenir.


La totalité du vécu humain ? Comment pouvez-vous soutenir cela ?
D'autant qu'elle insiste sur le respect de la sphère privée qu'elle considère comme appartenant à chacun ? Et insiste sur la liberté de chacun
d'effectuer ses choix , la seule limite devant être les droits des autres?

Citer :
Et comme toute idéologie, elle comporte sa dimension utopique et dogmatique qui se traduit en général par bien des souffrances pour les sociétés qui s'y laissent entraîner.


Les sociétés qui s'y sont laisser entraîner ont plutôt connu un développement appréciable de leur économie et des libertés de leurs citoyens....Contrairement à celles qui ont été soumises à des idéologies rigides faisant fi de la réalité ....ou qui ne sont pas encore sorties des formes frustes de pratiques tribales ou l'individu ne compte pas .


Citer :
Le problème vient plutôt de ceux qui refusent d'appliquer ce qualificatif d'idéologie: c'est le meilleur moyen pour s'interdire toute analyse critique d'une pensée qui marque profondément nos sociétés depuis 200 ans.


En quoi votre liberté de critiquer est-elle étroitement dépendante du fait que ce soit une idéologie ou pas ? D'autant que même si c'en est une ,
on n'en est encore nulle part dans la définition de ce qu'elle est .
Vous avez dit qu'elle n'était pas la seule .
Donc ou bien elles sont toutes négatives par le fait qu'elles sont des idéologies ( dans le cas ou vous ne suportez pas les idéologies ) .
Ou bien aucune ne l'est par ce seul fait . Alors pourquoi insister là-dessus ?
Ou bien le libéralisme est criticable par ce fait , et les autres idéologies pas : cela mérite alors un développement qui explicite le pourquoi de l'infériorité du libéralisme .....


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Message Publié : 07 Juin 2005 9:49 
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Duc de Raguse a écrit :
Citer :
MAIS ce libéralisme politique est inséparable de la formulation, à peu près au même moment, d'un libéralisme économique et social.

Formulation ne veut pas dire application... :wink:



Erreur: nous nous plaçons sur le plan de l'idéologie en elle-même. Donc ce qui compte ici, c'est justement la formulation. Sur le plan théorique le libéralisme est profondément cohérent. Goya l'a très bien montré.
J'avais très bien perçu le problème: vous vous attachez aux politiques menées, pas aux projets idéologiques (c'est la même problème avec le sujet sur "le nazisme à gauche ?"). Par conséquent mes propos vous semblent erronés (ou devrais-je dire simpliste ? :wink: ). Alors qu'il s'agit d'un malentendu: nous ne parlons pas de la même chose.


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Message Publié : 07 Juin 2005 10:00 
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Citer :
Alors qu'il s'agit d'un malentendu: nous ne parlons pas de la même chose.

Oui et non cher Pyrrhos ! :wink:
Discuter et analyser une théorie ou un ensemble de travaux en formant une est une chose, observer l'application de celle-ci en est une autre.
Pourtant, certains se réclamant de cette idéologie commettent dans leur pratique politique beaucoup de "violations" à celle-ci du fait de contextes bien différents en fonction des pays, des régions, de la tradition, des hommes...
Je vous l'ai aussi dit dans l'autre sujet que tout ceci est très théorique et abstrait, donc très imparfait et tendant à des conclusions très relatives ; et à ce petit jeu là nous pouvons aussi déclarer que l'anarchisme découle du libéralisme. :wink:
Bien à vous,

duc de Raguse.

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Message Publié : 07 Juin 2005 10:18 
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Inscription : 18 Fév 2004 22:53
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Goya a écrit :
Pyrrhos a écrit :
Comme vous le remarquez vous-même, le libéralisme n'est qu'une idéologie parmi d'autres, ayant la même prétention à pouvoir expliquer la totalité du vécu humain et à pouvoir déterminer tous les choix de l'avenir.


La totalité du vécu humain ? Comment pouvez-vous soutenir cela ?
D'autant qu'elle insiste sur le respect de la sphère privée qu'elle considère comme appartenant à chacun ? Et insiste sur la liberté de chacun
d'effectuer ses choix , la seule limite devant être les droits des autres?



Ce que je voulais dire, c'est qu'il y a la prétention à détenir une vérité absolue. Les libéraux pensent détenir la clef de l'avenir des sociétés humaines. Comme tous les idéologues. Cette clef, c'est la confiance dans les lois naturelles qui sont les seules à pouvoir instaurer l'harmonie dans les rapports au sein des sociétés humaines. Il y a la fin de l'histoire selon l'Eglise, il y a celle selon les marxistes, il y a celle selon Hitler, il y a celle selon les libéraux.

Citer :

Citer :
Et comme toute idéologie, elle comporte sa dimension utopique et dogmatique qui se traduit en général par bien des souffrances pour les sociétés qui s'y laissent entraîner.


Les sociétés qui s'y sont laisser entraîner ont plutôt connu un développement appréciable de leur économie et des libertés de leurs citoyens....Contrairement à celles qui ont été soumises à des idéologies rigides faisant fi de la réalité ....ou qui ne sont pas encore sorties des formes frustes de pratiques tribales ou l'individu ne compte pas .


C'est fort cela ! Même les penseurs libéraux n'allaient pas jusque là, puisque certains reconnaissaient bien les souffrances engendrées par le libéralisme (vous savez, le petit paysan ou l'artisan qui refusent de disparaître au nom de la logique de l'histoire...), mais en les jugeant comme un mal nécessaire.
Que le bonheur de l'humanité soit l'objectif ultime du libéralisme, nous sommes d'accord là-dessus. Le communisme a le même d'ailleurs. Il reste que la mise en oeuvre de ces idéologies ont entraîné leur cortège de malheur. On fusille des bourgeois au nom de la lutte des classes, on fusille des ouvriers au nom de la liberté du travail. Vous me direz: l'intervention de l'armée contre des grévistes est contraire au libéralisme qui rejette l'intervention de l'Etat. Cela n'a pas gêné les libéraux tout comme le goulag n'a pas gêné les marxistes.

Citer :

En quoi votre liberté de critiquer est-elle étroitement dépendante du fait que ce soit une idéologie ou pas ? D'autant que même si c'en est une ,
on n'en est encore nulle part dans la définition de ce qu'elle est .
Vous avez dit qu'elle n'était pas la seule .
Donc ou bien elles sont toutes négatives par le fait qu'elles sont des idéologies ( dans le cas ou vous ne suportez pas les idéologies ) .
Ou bien aucune ne l'est par ce seul fait . Alors pourquoi insister là-dessus ?
Ou bien le libéralisme est criticable par ce fait , et les autres idéologies pas : cela mérite alors un développement qui explicite le pourquoi de l'infériorité du libéralisme ......


Prendre conscience que l'on est confronté à une idéologie, donc à une pensée ayant prétention à la vérité et proposant une vision et un projet pour le devenir des sociétés humaines, est quand même un atout essentiel pour mener une analyse critique de cette pensée. Car cela oblige à rechercher sa cohérence profonde et à dépasser le simple constat de ses différentes variantes (politique, économique, social...).
C'est en ce sens qu'il faut comprendre mon propos, et non comme une restriction à la liberté de critiquer: vous avez mal lu.

Par contre, je vous donne raison sur un point: je suis méfiant avec les idéologies. Par simple effet de ma formation historique. Difficile d'étudier l'histoire de ces deux derniers siècles et de continuer à s'enthousiasmer pour les projets des idéologues. Donc prudence, étude critique avant tout en ce qui me concerne.
Le libéralisme n'est pas "inférieur": où avez-vous lu cela ? Il ne mérite pas un plus mauvais traitement que les autres idéologies (on pourrait difficilement quand même...). Ni un meilleur.


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Message Publié : 07 Juin 2005 10:25 
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Inscription : 18 Fév 2004 22:53
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Localisation : Haut-Rhin, Alsace
Duc de Raguse a écrit :
Citer :
Alors qu'il s'agit d'un malentendu: nous ne parlons pas de la même chose.

Oui et non cher Pyrrhos ! :wink:
Discuter et analyser une théorie ou un ensemble de travaux en formant une est une chose, observer l'application de celle-ci en est une autre.
Pourtant, certains se réclamant de cette idéologie commettent dans leur pratique politique beaucoup de "violations" à celle-ci du fait de contextes bien différents en fonction des pays, des régions, de la tradition, des hommes...
Je vous l'ai aussi dit dans l'autre sujet que tout ceci est très théorique et abstrait, donc très imparfait et tendant à des conclusions très relatives ; et à ce petit jeu là nous pouvons aussi déclarer que l'anarchisme découle du libéralisme. :wink:
Bien à vous,

duc de Raguse.


Allusion à l'anarcho-capitalisme ? Il y a un article intéressant à ce sujet dans le Monde diplomatique du mois dernier... :wink:

Plus sérieusement: vous allez donner des arguments à ceux qui veulent sauver le communisme ! Les gouvernements s'étant reconnu de cette idéologie peuvent très bien passer pour l'avoir "trahi" dans leur pratique politique (vous connaissez le vieil argument...).
Et l'on tourne en rond. C'est ce que je voudrais éviter. Restons-en aux idéologues, qui sont d'ailleurs rarement en mesure d'appliquer leurs idées (Guizot est une exception): le politique est rarement un idéologue (de mon point de vue, c'est tant mieux).


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Message Publié : 07 Juin 2005 10:40 
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Localisation : Provinces illyriennes
Citer :
Plus sérieusement: vous allez donner des arguments à ceux qui veulent sauver le communisme !

Certainement pas ! :lol:

Citer :
Restons-en aux idéologues, qui sont d'ailleurs rarement en mesure d'appliquer leurs idées

Pris sous cet angle, alors d'accord, mais le risque est d'arriver à une conclusion de "querelles de chapelles" et à un certain relativisme, puisqu'on touche à l'essence de l'idée, à son intelligibilité et non à sa traduction sensible.

duc de Raguse.

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