Nous avons en commun d'avoir beaucoup fréquenté l'ASE
et d'être à peu près de la même génération (moi, 1954)
Aimer mal et châtier bien se situe ... en 1991.
Tous les gens qui travaillent en institutions et qui l'ont lu disent que ce n'est pas comme ça chez eux, dans un premier temps, puis ensuite, si on pousse la discussion, justifient ces méthodes, au minimum par "avec certains enfants, on ne sait pas quoi faire d'autre". (cherchez l'histoire du "chaudron percé")
Les traitements subis par les enfants, en particulier les autistes, n'était pas fait par hasard, mais tout à fait théorisées, c'est la théorie comportementaliste. J'ai fréquenté un de ces théoriciens (et une psychanalyste qui l'affrontait) dans une commission ("CDES") à laquelle je participais comme parent, et dont le but était surtout de trouver des places en établissement spécialisés pour des enfants handicapés, et théoriquement de contrôler ces établissements.
Théorie basée sur l’expérience de Skinner (années 1940-50)
Citer :
Renforcement positif :
Stimulus « Le rat est dans la cage »
Réponse (comportement) « Le rat appuie sur le levier »
Renforcement positif « Il obtient de la nourriture » (= ajout)
Augmentation de la probabilité d'apparition du comportement
Renforcement négatif :
Stimulus « Le rat est dans la cage, il reçoit des chocs électriques (plancher)
Réponse (comportement) « Le rat appuie sur le levier »
Renforcement négatif « Les chocs électriques s'arrêtent » (= retrait)
Augmentation de la probabilité d'apparition du comportement
Punition positive :
Stimulus « Le rat est dans la cage »
Réponse (comportement) « Le rat appuie sur le levier »
Punition positive « Il reçoit une décharge électrique » (= ajout)
Diminution de la probabilité d'apparition du comportement
Punition négative :
Stimulus « Le rat est dans la cage »
Réponse (comportement) « Le rat appuie sur le levier »
Punition négative « La nourriture disparait » (= retrait)
Diminution de la probabilité d'apparition du comportement
Si vous traduisez "le rat appuie sur le levier" par "l'autiste fait pipi au lit" pour "punition positive", comme certains le faisaient (le font ?) sans nuance, ça fait froid dans le dos ...
L'idée, contrairement à la tendance psychanalyste, et de traiter les symptômes, c'est à dire en matière psychologique les comportement. D'où privation de nourriture, chocs électriques, etc. D'où mon mot de "dressage".
On n'est pas au XIXe siècle, mais en plein XXe siècle, et basé sur des théories scientifiques.
Je connais
aujourd'hui des brillants éducateurs qui continuent avec ces théories, qui prétendent être empêchés de les appliquer par des règlements selon eux inadaptés.
Pour ce qui est de l'accueil familial, je connais très bien un exemple (le notre, années 1980-1990), et beaucoup d'autres de la même époque, et actuels. (Quand Stéphanie, entre autres, dit qu'elle était "heureuse", c'est chez nous, puisqu’elle n'a vécu son enfance que chez nous). Tous les cas ont un point commun : ils ne respectent pas les consignes de l'ASE, qui sont de ne pas s'attacher aux enfants accueillis. Il faudrait être un robot pour ne pas s'attacher à un enfant. Le meilleur signe, c'est que
tous reviennent nous voir ensuite, et nous sont aussi proches que nos propre enfants.
J'ai été interne, moi aussi, de 1969 à 1972. Lycée public, ancienne ENP dont on avait changé le nom mais pas les méthodes. (1968 n'était pas encore arrivé au fin fond de la Corrèze, le surveillant général avait 60 ans, c'était sans doute celui de la chanson de Michel Sardou).
Ce que
j'ai vécu (pas lu dans un roman) : le surgé prétendait nous "dresser" (c'était son mot). En rang par deux (16-17 ans !) pour le réfectoire, midi, soir. "Classe de 1ère A, garde à vous, repos, entrez, et en silence. Classe de 1ère B, garde à vous, Etc...". La nuit (le soir en tout cas, parce qu'après ...), contrôle qu'on n'avait pas les mains sous les couvertures avant extinction des feux. Le bizutage n'était pas un folklore de potaches, mais une institution gérée par lui. A savoir que la discipline des arrivants (classe de seconde) était assurée par les précédents (classe de 1ère), et que c'était officiel. Corvée de chiottes (ordonnées aux secondes par l'adulte) volontairement souillées par les premières et terminales (et l'adulte le savait).
Il se trouve que 1968 est arrivé là ... à le rentrée 1971, par la retraite de l'abruti, et l'arrivée d'un "conseillé principal d'éducation", en l’occurrence le changement de nom a changé aussi la chose. A la rentrée 1972, j'ai replongé dans la bêtise d'une autre institution qui venait de se durcir, Michel Debré étant ministre de la défense, il prétendait nous "dresser".
Citer :
Que nommez-vous institutions spécialisées ?
IME, IR (appellations d'il y a 10 ans, j'ignore si ce sont encore les mêmes)
J'édite pour préciser que tout ça a un coté éducatif non négligeable : apprendre à contourner les règles, à être des filous. Éducation réservée aux plus malins, car les pauvres bougres sont enfoncés.