Nous sommes actuellement le 28 Mars 2024 19:05

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 40 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3
Auteur Message
Message Publié : 03 Août 2020 20:16 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 08 Mai 2020 12:38
Message(s) : 369
Localisation : En Mayenne
Barbetorte a écrit :
J'ai lu récemment qu'en Bretagne la femme mariée ne prenait pas comme nom d'usage celui de son mari mais continuait à user de son nom de naissance.

Oui et non. Tout dépend de ce qu'on entend pas nom d'usage.
Vis-à-vis de l'administration et des documents officiels, sauf exception toujours possible (j'en connais au mois une dans ma famille proche), une femme mariée adopte (ou du moins adoptait encore récemment) le nom de son mari.
Mais la même, dans la vie de tous les jours, continue d'être localement désignée par celles et ceux qui l'ont connue avant son mariage, exclusivement par son nom de jeune fille, jamais par celui de son mari ; à un point tel qu'il faut parfois faire effort de mémoire pour se rappeler son "nom de dame".
Les enfants, par contre, ne sont désignés que par le nom du père.
J'ai épousé une Bretonne ; dans son pays, c'est ainsi que cela se passe. Là-bas, elle est elle (la fille de son père), et moi je suis "le mari d'Unetelle".


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Août 2020 8:44 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 08 Mai 2020 12:38
Message(s) : 369
Localisation : En Mayenne
Je complète ma réponse par cette observation : en Bretagne, une femme mariée continue à être désignée par son nom de jeune fille dans le pays où elle était connue comme telle.

Ailleurs, c'est différent. Si le couple Françoise Lebreton x Jean Martin va vivre ailleurs en Bretagne, celle qu'on continue à appeler " Françoise Lebreton " dans son pays d'origine, devient une " Mme Martin ", comme tout un chacun.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Août 2020 20:07 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2232
b sonneck a écrit :
Je complète ma réponse par cette observation : en Bretagne, une femme mariée continue à être désignée par son nom de jeune fille dans le pays où elle était connue comme telle
Ce doit être la persistance de l’usage que je mentionnais. Je précise ma source : Histoire Populaire de la Bretagne, ouvrage collectif publié par les Presses Universitaires de Rennes en Septembre 2019.

Citer :
Le femme est ainsi juridiquement une mineure soumise à l’autorité de son mari ; en revanche, en Bretagne, elle conserve son nom de jeune fille et donc une personnalité propre.
Je n’en sais pas plus … et donc une personnalité propre, personnalité qu’elle aurait eu en Bretagne et qu’elle n’aurait pas eu ailleurs, cela mériterait d’être développé, ce que n’ont pas fait les auteurs de l’ouvrage.
La période historique considérée est la fin du septième siècle et le début du dix-huitième.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Août 2020 21:36 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 08 Mai 2020 12:38
Message(s) : 369
Localisation : En Mayenne
Il me semble avoir entendu parler d'une Coutume de Bretagne, instrument de droit coutumier qui devait avoir force de loi avant l'introduction de Code civil, ce qui correspondrait à l'époque qui vous intéresse. On en a parlé devant moi il y a quelques années : un de mes gendres a des ascendances partiellement bretonnantes et c'est son grand-père maternel (aujourd'hui décédé, je ne pourrais donc pas le lui demander), qui évoquait le sujet. Il mettait en avant, pour le souvenir que j'en ai, la connotation assez matriarcale de ce droit.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 11 Août 2020 13:45 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2232
Les coutumes bretonnes sous l’Ancien Régime laissaient donc plus d’autonomie aux femmes qu’ailleurs en France. C’est intéressant. Je vais tenter d’en apprendre plus.

On parle souvent du pouvoir absolu du roi de France. Il faut tout de même savoir qu’en matière de droit privé, ce qui n’était pas dicté par le droit canon était à peu de chose près entièrement contenu soit dans les règles coutumières soit dans le code de Justinien, le roi n’intervenant quasiment pas.

Par définition, une coutume ne se décide pas, elle se constate. Elle s’établit au fil du temps. C’est le résultat de l’histoire des mœurs d’une société. A partir d’une certaine époque, le besoin de références stables en matière de droit a incité des juristes à compiler, pays par pays, les coutumes qui y étaient suivies et leurs ouvrages servaient d’outils de travail aux professionnels du droits, juges, avocats, notaires comme aujourd'hui les recueils Dalloz. L’exemple le plus célèbre est probablement celui de Pothier avec sa compilation des coutumes du pays d’Orléans. Une recherche sur le site gallica permet de trouver assez facilement de tels recueils.
Dans les provinces du sud, plus profondément marquées par la civilisation romaine, les coutumes locales ont cédé la place au droit romain (le code de Justinien) sous l’influence des clercs à partir du treizième siècle : on parle alors de pays de droit écrit par opposition aux pays de droit coutumier.

Une petite recherche sur gallica m’a permit d’accéder à deux recueils
- Coûtumes générales du païs et duché de Bretagne, Rennes 1745,
- Coûtumes de Bretagne, Michel Sauvageau.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 24 Août 2020 8:51 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4404
Localisation : Versailles
J'ai trouvé une curiosité dans les mémoires de la chanoinesse de Franclieu.

Son oncle, Louis-Henri-Camille de Franclieu, avait épousé une demoiselle de Bréda et se faisait appeler "Chevalier de Bréda" !

Étonnant, n'est-ce pas ?

L'ouvrage ne donne aucune explication pour cela.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 24 Août 2020 11:53 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9041
Jerôme a écrit :
J'ai trouvé une curiosité dans les mémoires de la chanoinesse de Franclieu.

Son oncle, Louis-Henri-Camille de Franclieu, avait épousé une demoiselle de Bréda et se faisait appeler "Chevalier de Bréda" !

Étonnant, n'est-ce pas ?

L'ouvrage ne donne aucune explication pour cela.

A quelle date ? Parce qu'au XVIIIe il était devenu assez fréquent que quelqu'un usurpe un titre de noblesse.

Ou le simule, comme par exemple Dayrolles - évoqué dans l'affaire Beaumarchais - qui est donc Dayrolles à Marseille, et d'Ayrolles lorsqu'il monte à Paris.

L'usurpation était devenue si fréquente qu'il me semble qu'il y a eu une réaction "légale" pour vérifier la validité des titres de noblesse. (Peut-être menée par les parlements ? C'est en tous cas, on s'en doute, une initiative de la noblesse.)

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 24 Août 2020 22:58 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2232
Le pouvoir royal a réagi à maintes reprises contre les usurpations de la qualité de noble. Le motif était principalement fiscal. Secondairement il importait aussi de ne pas dévaloriser la qualité de noble : si n’importe qui peut s’auto-proclamer « personne de qualité », que devient cette qualité ? la rareté fait le prix. Ce fut une préoccupation de Louis XIV qui ordonna une vaste enquête par la Déclaration pour la recherche et la punition des usurpations des titres de noblesse du 8 février 1661.
Les motifs sont clairement exposés : Les usurpateurs de noblesse, qui n’étant point gentilshommes prennent néanmoins les qualités de chevalier et d’écuyer, portent armes timbrées et s’exemptent du payement des deniers de nos tailles, et des autres charges auxquelles les roturiers sont sujets, à notre grand préjudice, et des véritables gentilshommes d’anciennes et nobles maisons, et à l’oppression de nos sujets taillables qui sont surchargés de tailles à cause des indues exemptions dont jouissent lesdits usurpateurs, qui sont pour l’ordinaire les plus riches et les plus puissants des paroisses.

Il y avait donc urgence à ce que fussent imposés aux rôles des tailles des paroisses où ils sont demeurans, ceux qui avaient usurpé le titre de noblesse, ou exemption des tailles, soit de leur autorité, force ou violence, soit à la suite de sentences rendues par collusion et sous faux donné à entendre, nonobstant les dits jugement et sentences. La reprise en main commença dans le ressort de la cour des aides de Paris sous l’autorité du procureur-général. Jean de La Fontaine en fit les frais, condamné par défaut en 1662 pour avoir usurpé le titre d’écuyer. On ne s’en prit pas seulement aux usurpateurs mais aussi à tous ceux dont l’anoblissement n’était pas antérieur à 1606 : leur noblesse n’était confirmée qu'à la condition de payer une taxe de 1500 livres, ce qui était une somme considérable.

En ce qui concerne Louis-Henri-Camille de Franclieu qui se faisait appeler chevalier de Bréda, il ne s’agissait pas d’une usurpation mais plutôt d’un nom d’usage et d’un titre de courtoisie. Il était d’authentique noblesse tout comme la fameuse épistolière épouse du sieur de Sévigné qui n’avait jamais été marquis. Il était fréquent qu’un homme prît le nom de sa femme, ou un fils celui de sa mère, pour éviter l’extinction de ce nom et cela pouvait se faire tout à fait officiellement. C’est encore actuellement un motif de changement de nom considéré comme légitime. Mais le nom de Bréda n’avait alors pas besoin d’être relevé. Il a été porté jusqu’au vingtième siècle. Peut-être Louis-Henri de Franclieu qui épousa en 1785 Marie-Louise de Berg de Bréda voulut-il se distinguer en portant un nom prestigieux et, tant qu’à faire, y ajouter le titre de chevalier. Bréda était une baronnie de Hollande. Guillaume d’Orange notamment portait entre autres le titre de baron de Bréda. Marie-Louise de Bréda descendait d’un Ludolfe de Berg, sire de Hedel (1444-1499), dont les fils furent autorisés à prendre les noms et armes de la maison de Bréda dont Hans, ancêtre de Marie-Louise, qui s’établit en France, fut capitaine de lansquenets et accompagna François Ier au cours de la campagne d'Italie.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 25 Août 2020 18:56 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4404
Localisation : Versailles
Un grand merci à Barbetorte pour son explication !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 25 Août 2020 21:01 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9041
L'amusant de la chose, c'est que le roi se décide à faire le ménage... parce que ces "nobles" autoproclamés échappent à l'impôt ! :mrgreen:

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 40 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 7 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB