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Prédispositions de certaines langues à la philosophie ?
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Auteur :  Nebuchadnezar [ 28 Sep 2007 0:02 ]
Sujet du message :  Prédispositions de certaines langues à la philosophie ?

J'ai souvent entendu dire que certaines langues sont plus adaptées que d'autres à la science et la philosophie.
Par exemple, dans le musée de l'Institut du Monde arabe, on attribue à cette langue une part dans l'essor scientifique du monde arabo-musulman, grâce à la capacité de l'arabe à faire dériver plusieurs mots d'une seule racine de trois lettres, par modification des voyelles, doublement des consonnes ou ajouts de préfixes.

J'ai aussi entendu dire cela à propos de l'allemand, pour sa capacité à créer des concepts nouveaux par contraction de mots.

Personnellement, je pense que si la langue donnait un avantage quelconque dans un domaine, elle saurait le conserver. Or, ce n'est pas le cas puisqu'on a trouvé des scientifiques et des philosophes parlant toutes les langues.

J'aimerais avoir votre avis là-dessus.

Auteur :  Sedullos [ 28 Sep 2007 0:38 ]
Sujet du message : 

Certaines langues sont peut-être plus aptes à vulgariser les sciences que d'autres mais l'essor de celles-ci vient plus souvent d'une volonté de transmettre le savoir.

Ensuite, une langue comprise du plus grand nombre aura bien sûr un impact plus important.

Auteur :  Deshays Yves-Marie [ 28 Sep 2007 15:09 ]
Sujet du message : 

La pensée et la langue grecques ne monopolisent pas l'aptitude à la spéculation philosophique... Le peu que je découvre de la pensée chinoise pour les besoins de la réélaboration de la thèse de doctorat d'un ami chinois m'amène à découvrir d'autres modes de pensée totalement étrangers aux catégories philosophiques issues du monde occidental... et, au demeurant, tout autant aptes à manier la "chose" philosophique!

Auteur :  Nebuchadnezar [ 10 Oct 2007 22:43 ]
Sujet du message : 

Pour le Chinois, cela ne m'étonne pas. L'écriture même est une accumulation de symboles (jusqu'à l'intérieur des idéogrammes). Pour les philosophes, cela doit permettre de relier facilement les concepts entre eux.

Mais a priori, je partage l'opinion de Sedullos, et je pense que la prédominance d'une langue vient de la volonté politique de la part des castes dirigeantes d'une société de l'employer et de l'imposer partout.

Dans le même ordre d'idée, on peut se demander si certaines langues sont ou non prédisposées à la poésie.

Auteur :  Deshays Yves-Marie [ 10 Oct 2007 22:53 ]
Sujet du message : 

Citer :
Dans le même ordre d'idée, on peut se demander si certaines langues sont ou non prédisposées à la poésie.

Pour ma part, j'aurais tendance à penser que toutes les langues sont aptes à servir de vecteur à la poésie, et ce, de manière parfois tellement spécifique qu'on a du mal à transposer la poésie d'une langue dans une autre langue (en fait, la meilleure traduction d'un poème A dans une langue A, c'est un autre poème A'dans une langue B).

Auteur :  Aspasie mineure [ 11 Oct 2007 14:35 ]
Sujet du message : 

En effet, plutôt que prétendre que certaines langues sont plus disposées que d'autres à la philosophie, je crois plus volontiers que la langue, dans sa structure et sa conception, peut être un vecteur plus aisé pour tel ou tel mode de pensée (dialectique, logique, analytique, etc...). Cependant, les contacts culturels favorisent de toute façon l'échange de pensées conceptuelles. En d'autres termes, une langue peut très bien s'approprier une philosophie qui ne lui correspondait pas a priori. C'est même une condition pour son enrichissement et son ouverture.

Auteur :  Cuauhtémoc [ 23 Déc 2007 11:10 ]
Sujet du message : 

Avant l'avènement de l'islam et de l'expansion arabe par la conquête de territoires, la langue arabe possédait peu de mots des domaines scientifiques, techniques et philosophiques. Les Arabes ont donc procédé aux néologismes, en se servant surtout du grec il me semble.
Il est vrai que, selon leurs histoires, certaines langues sont moins adaptées que d'autres à la philosophie mais il suffit de procéder aux néologismes pour évoluer, soit en empruntant à d'autres langues (comme le français récemment a repris des termes du sanskrit) soit en formant de nouveaux mots à partir d'autres de sa propre langue...

Auteur :  Deshays Yves-Marie [ 23 Déc 2007 12:46 ]
Sujet du message : 

Citer :
Il est vrai que, selon leurs histoires, certaines langues sont moins adaptées que d'autres à la philosophie

Si l'on entend par "philosophie", celle à laquelle nous a formés notre culture hellénico judéo chrétienne, d'accord. Mais dans l'absolu, il me semble que toute civilisation sécrète la langue dont elle a besoin pour vivre. Le problème survient lorsqu'il s'agit d'élargir les horizons en y incluant d'autres "logiciels".

Auteur :  Invité1859 [ 28 Mai 2019 13:37 ]
Sujet du message :  Re: Prédispositions de certaines langues à la philosophie ?

Anecdote: Aron disait avoir appris le grec et l'allemand car ce sont les "langues philosophiques" qui lui étaient nécessaires pour lire les auteurs les plus importants pour lui. Ce pragmatisme est une piste.

On ne peut qu'être d'accord avec Yves-Marie Deshays sur la capacité de diverses langues à "manier la chose philosophique". Mais je partage le propos d'"Aspasie mineure" sur les vecteurs plus aisés. De même qu'en informatique, il existe beaucoup de langages de programmation, tel langage sera préféré à tel autre pour telle tâche précise.

On ne peut séparer l'étude le la philosophie et l'étude des auteurs qui ont écrit la grande majorité des livres de philosophie. Si on définit "la philosophie" comme un exercice de questionnement sur des concepts abstraits, une recherche de réponses dans une pensée logique incluant une présentation du cheminement de la pensée pour arriver à des réponses ou à de nouvelles questions, cela n'inclut pas les écrivains moralistes qui se contentent de donner leurs aphorismes, leurs réponses et maximes, ni les fondateurs de religions. Or, le confucianisme et le taoïsme de Lao-Tseu semblent davantage s'apparenter à cela.

On ne peut pas dire que l'étude de la philosophie se soit fermée au monde, en général, puisque c'est un exercice de questionnement et d'ouverture. Nombre de classiques pointent vers cinq langues: le grec, le latin, le français, l'anglais et l'allemand (Platon, Aristote, Descartes, Pascal, Kant, Hume, Locke, Bentham, Hobbes, Schopenhauer, Leibniz, Marx, Hegel, Nietzsche, etc)...

Il y a des philosophes qui ont fait école en d'autres langues, mais comparativement beaucoup moins. La philosophie telle qu'elle est enseignée de nos jours a également intégré quelques auteurs de langues non européennes: Maïmonide (Andalou juif de langue arabe), Averroès (Andalou musulman de langue arabe), ou Avicenne (persan).

On peut constater l'importance de ces 5 langues, et se demander si les autres langues, qu'elles soient européennes ou non, ont engendré la même profusion. Y a-t-il autant d'ouvrages influents en langue espagnole, italienne, russe ou chinoise, et précisément quels sont-ils?

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