Abraham Lincoln ? Un peu comme Henri IV, il a été "sanctifié" par son assassinat, qui a fait de lui un martyr.
C'était un homme de compromis, passant son temps à discuter, sans chercher à imposer sa volonté. Ce qui, dans le contexte d'une guerre civile nécessitant de prendre et d'imposer des décisions difficiles, lui colle une image d'indécis ou de faible... J'ai toujours du mal à comprendre qu'il n'ai pas "tapé du poing sur la table" contre un McClellan refusant d'utiliser l'armée qu'on lui avait confié, malgré sa puissance.
D'un autre côté, Lincoln gouvernait dans un système politique où il n'était pas censé avoir des pouvoirs illimités. Sans cette personnalité, sa recherche permanente du compromis, ça se serait peut-être très mal passé pour le Nord, avec un système politique qui aurait pu se gripper voire casser.
Quant à McClellan, il était adoré de la troupe car il veillait à son confort et évitait de les faire tuer pour rien (grande spécialité des chefs nordistes

)
Mais la question est : Peut-on être "gentil" quand on dirige ? Quand il faut faire des choix, donc des ingrats, des déçus, des ennemis ? Et quand on est en temps de guerre, avec tout ce que ça implique de massacres et autres joyeusetés ?
Ensuite : gentillesse comme être humain, ou comme dirigeant ? On peut être un type sympa en privé, et un tyran politique. Et l'inverse.
Sans oublier la
damnatio memoriae, parfois injuste. Les premiers Césars ont été "pourris" par les Suétone et autres Tacite, qui bossaient pour leurs successeurs. Napoléon III a subi les foudres du "plus grand poète français" et des Républicains l'ayant mis à bas de son trône. Et les exemples sont nombreux.