Jean-Marc Labat a écrit :
Le Maréchal autrichien Radetzky bat les Piémontais à Custozza en 1848 à l'âge de 82 ans. Johann Strauss père composa alors la célèbre marche de Radetzky qui est toujours jouée avec entrain lors du concert du premier janvier à Vienne, le seul morceau où les spectateurs battent la mesure.
Merci pour ces détails sur la
Marche de Radetzky!
Barbetorte a écrit :
Parmi les papes, il faut citer Jean XXII, élu, dit-on, en raison de sa décrépitude supposée mais qui exerça d’une main de fer son pontificat pendant dix-huit ans jusqu’à l’âge de quatre-vingts-dix ans. La lecture des pages que lui consacre Maurice Druon est un régal.
C'est dans le livre IV des Rois Maudits, La Loi des mâles:
“— Si j’étais à votre place, Monseigneur, je sais bien ce que je ferais. J’élirais Monseigneur Duèze. Ainsi vous pourriez sortir enfin de ce conclave, et en tenir un autre à votre guise tout aussitôt qu’il sera mort, ce qui, je vous le répète, ne saurait tarder. C’est une chance que dans une semaine vous aurez peut-être perdue.”
(...)
Le 29 juillet, le comte de Forez fit officiellement remettre au cardinal camerlingue une lettre du régent. Pour en entendre la lecture, Jacques Duèze consentit à quitter son grabat ; il se fit porter plutôt qu’il ne marcha jusqu’à l’assemblée.
La lettre du comte de Poitiers était sévère. Elle détaillait tous les manquements au règlement de Grégoire. Elle rappelait la promesse de démolir les toits de l’église. Elle faisait honte aux cardinaux de leurs discordes, et leur suggérait, s’ils ne pouvaient arriver à conclusion, de conférer la tiare au plus âgé d’entre eux. Or le plus âgé était Jacques Duèze.
Quand celui-ci entendit ces mots, il agita les mains d’un geste épuisé et murmura :
— Le plus digne, mes frères, le plus digne ! Qu’iriez-vous faire d’un pasteur qui n’a plus la force de se conduire lui-même, et dont la place est plutôt au Ciel, si le Seigneur veut bien l’y accueillir, qu’ici-bas ?
Il se fit ramener dans sa cellule, s’étendit sur sa couche, et se tourna vers le mur.
Le surlendemain, Duèze parut retrouver un peu de force ; un affaiblissement trop constant eût éveillé les soupçons. Mais, lorsque vint une recommandation du roi de Naples qui étayait celle du comte de Poitiers, le vieillard se mit à tousser de manière pitoyable ; il fallait qu’il fût bien mal en point pour avoir pris froid par une si forte chaleur.
Les marchandages continuaient ferme, car toutes les espérances n’étaient pas éteintes.
Mais le comte de Forez commençait à se montrer plus rude. Maintenant, il ordonnait de fouiller ostensiblement les vivres, qu’il avait d’ailleurs réduits à un service par jour, et il confisquait la correspondance ou la faisait rejeter à l’intérieur.
Le 5 août, Napoléon Orsini était parvenu à rallier à Duèze le terrible Caëtani lui-même, ainsi que quelques membres du parti gascon. Les Provençaux flairèrent le parfum de la victoire.
On s’aperçut, le 6 août, que Monseigneur Duèze pouvait compter sur dix-huit voix, c’est-à-dire deux voix de plus que cette fameuse majorité absolue qu’en deux ans et trois mois personne n’avait pu réunir. Les derniers adversaires, voyant alors que l’élection allait se faire malgré eux, et craignant qu’il ne leur soit tenu rigueur de leur obstination, se donnèrent les gants de reconnaître les hautes vertus chrétiennes du cardinal-évêque de Porto, et se déclarèrent prêts à lui accorder leurs suffrages.
Le lendemain, 7 août 1316, on décida de voter. Quatre scrutateurs furent désignés. Duèze apparut, porté par Guccio et son second damoiseau.
— Il ne pèse pas lourd, murmurait Guccio aux cardinaux qui le regardaient passer et qui s’écartaient avec une déférence où se marquait déjà leur choix.
Quelques minutes plus tard, Duèze était proclamé pape à l’unanimité, et ses vingt-trois collègues lui faisaient une ovation.
— Puisque vous le voulez, Seigneur, puisque vous le voulez… souffla Duèze.
— De quel nom fais-tu choix ? lui demanda-t-on.
— Jean… Je porterai le nom de Jean… Jean XXII.
Guccio s’avança pour aider à se lever le chétif vieillard devenu l’autorité suprême de l’univers.
— Non, mon fils, non, dit le nouveau pape. Je vais m’efforcer de marcher seul. Puisse Dieu soutenir mes pas.
Les imbéciles crurent alors voir s’opérer un miracle, tandis que les autres comprenaient qu’ils avaient été bernés. Ils pensaient avoir voté pour un cadavre ; et voilà que leur élu fort aisément circulait parmi eux, frétillant et frais comme une truite. Mais ils ne pouvaient encore imaginer combien il leur mènerait la vie dure, pendant dix-huit années !”
Le personnage a inspiré Grand Maester Pycelle dans
Game of Thrones , qui joue le respectable vieillard chenu, perclus et sénile le jour, pour tromper son monde et conserver sa place au Conseil, mais est frais comme un gardon et se tape des prostituées la nuit.